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Ello.co, “l’anti-Facebook”, lève 5,5 millions de dollars et après ?

Le 24 septembre, Ello.co faisant son apparition sur la toile avec un objectif simple, se démarquer de ses concurrents, notamment en montrant du doigt Facebook, ses…

Le 24 septembre, Ello.co faisant son apparition sur la toile avec un objectif simple, se démarquer de ses concurrents, notamment en montrant du doigt Facebook, ses publicités et sa gestion de données. Qu’en est-il un mois après ?

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Face à la tyrannie des réseaux sociaux mais surtout face aux mastodontes qui les gerent, et nos données avec, la résistance s’organise via d’autres réseaux sociaux alternatifs dont Diaspora lancé en 2010, Unthink ou App.net (disparus aujourd’hui).
Ainsi, il y a un mois, le lancement de Ello.co, le réseau social qui se veut l’« anti-Facebook », agitait la toile. Enfin pour ceux n’étant pas passé à côté.

Le discours de son fondateurs au moment des premiers pas de son bébé était sans équivoque à l’encontre de son principal concurrent Facebook et de ses acolytes, qui « achètent vos données personnelles pour vous montrer toujours plus de publicités. Vous êtes le produit que l’on achète et que l’on revend ensuite ».
Car pour Paul Budnitz, le principe de Ello.co est simple : pas de publicité, pas d’analyse comportementale de ses utilisateurs dans le but de leur proposer des publicités ciblées, pas de vente d’informations personnelles aux annonceurs. Un anti-Facebook auto-proclamé dans son « Manifesto » :

« Les annonceurs ont le contrôle de votre réseau social. Tous les messages que vous partagez, chaque ami que vous vous y faites, et tous les liens sur lesquels vous cliquez sont surveillés, enregistrés, et convertis en données. Les publicitaires achètent vos données pour qu’ils puissent vous montrer davantage de publicités. Vous êtes un produit qui est acheté et vendu.
Nous pensons qu’il existe une meilleure voie. Nous croyons en l’audace. Nous croyons en la beauté, la simplicité et la transparence. Nous croyons que les gens qui font les choses et les gens qui les utilisent doivent être partenaires.
Nous croyons qu’un réseau social peut être un outil de responsabilisation. Pas un outil pour tromper, forcer et manipuler – mais un lieu pour connecter, créer et célébrer la vie. Vous n’êtes pas un produit. »

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capture d’écran

Alors forcément, au moment venu de choisir entre « I agree » ou « I disagree », la réponse semble aller de soi… D’autant qu’Ello autorise également les pseudos. Lors de son lancement, Ello avait ainsi bénéficié de l’afflux massif de la communauté LGBT refroidie par la politique anti-pseudo de Facebook… qui s’est ravisé depuis le 1er octobre. De plus, la plateforme a une politique plus souple en ce qui concerne les photos suggestives, mais n’approuve pas pour autant la zoophilie, la violence ou la pédopornographie.

Le site n’en oublie pas non plus de se financer. Le principe est d’offrir la possibilité aux membres de choisir à la carte les options qu’ils souhaitent ajouter à leur profil. Ils pourront ainsi choisir ce qui leur convient et régler via des micropaiement, comme l’entrepreneur l’expliquait à Business Insider. Un modèle économique risqué, là où d’autres réseaux sociaux proposent ce genre de fonctionnalités gratuitement.

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capture d’écran

Par ailleurs, si le site vante sa non-marchandisation des données, semblant protéger et garantir la vie privée de ses membres, celui-ci la monnaie : une option payante propose de bénéficier d’un compte privé, comme l’a souligné le sociologue Antonio Casilli dans une interview pour Télérama.

Un mois après son lancement, ces arguments ont-ils parus suffisant pour attirer les déçus des réseaux sociaux actuels mais surtout les fidéliser au-delà de l’effet de curiosité suscité, là où d’autres se sont cassés les dents avant eux ?
Le mois d’après voit arriver un changement de statut pour Ello. Officialisé par un mail envoyé (disponible en .pdf) à l’ensemble des membres et signés par tous les co-fondateurs, Ello.co devient une Public Benefit Corporation (PBC, société d’utilité publique) du Delaware (connu pour être un paradis fiscal) et répond ainsi aux craintes exprimées en amont concernant une future marchandisation de la vie privée des utilisateurs.

@Superdeux
@Superdeux

En prenant le statut d’une Public Benefit Corporation, Ello est désormais légalement tenu de prendre ses décisions en fonction de leurs impacts sur la société. Ainsi, la société ne vendra pas les données personnelles utilisateur à une entreprise tierce, elle ne saurait être obligée d’afficher des publicités d’investisseurs et en cas de vente de tout ou partie des actifs d’Ello.co, les acquéreurs devront se plier aux conditions exigées.

Ello.co a d’ailleurs procédé à une nouvelle levée de fond de 5,5 millions de dollars parallèlement à ce changement de statut afin de se donner les moyens de ses ambitions. Ce qui comprend le renforcement de ses infrastructures afin de supporter le poids de la croissance du site. Comme le souligne ZDnet rapportant les propos de son fondateur, Ello.co serait passé d’une centaine d’utilisateurs en août à plus d’un millions de membres aujourd’hui. La liste d’attente serait d’ailleurs interminable. Une liste à laquelle viendrait s’ajouter 40 à 50 000 demandes d’invitations par heure…

De son côté, Konbini est allée à la rencontre des utilisateurs du réseau qui restent partagés sur leur opinion. Si le site épuré et sans like les ravis, ils n’en restent pas moins perplexes quant à son côté peu intuitif, son modèle économique et son postulat pro vie-privée.

Le nouveau réseau social semble avoir réussi le pari de son lancement, reste à savoir s’il pourra pérenniser cet engouement et surtout renforcer ses infrastructures à temps, tout en développement son produit. Les prochains mois et la fin de la version bêta nous le dirons.

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6 commentaires
  1. C’est étonnant mais chaque fois que je lis un article écrit par Elodie, je me demande qui a écrit cet article et c’est Elodie.
    Je suis toujours ravi de al qualité, le style et la richesse de sa plume.
    Très bonne recrue.
    Quelques images parlante sur l’interface du réseau social aurait été un plus.

  2. Je reste mitigé, le modèle économique de cette plateforme n’est pas très clair.
    De plus elle n’introduit pas de nouvelles fonctionnalité vis-à-vis des autres plateformes tel que Movim, Diaspora ou SeenThis.
    Est-ce que des questions de marchandisation des données suffisent à produire un anti-facebook?

  3. @Orfeo34: je pense que la principale différence par rapport à Diaspora est leur agilité en marketing. Parce que sinon, que ce soit au sinon technique ou éthique, Diaspora tient facilement la comparaison.

  4. La phrase en début d’article peut être mal comprise : Diaspora est toujours actif, il n’a pas disparu.
    “la résistance s’organise via d’autres réseaux sociaux alternatifs dont Diaspora lancé en 2010, Unthink ou App.net (disparus aujourd’hui).”
    Il faudrait préciser que seuls Unthink et App.net ont disparu.

  5. C’est bien écrit et complet mais en fait on apprend rien. Enfin, je veux dire si on est un Geek, on est à l’affut de ce type d’info et donc il n’y a rien de nouveau dans ce papier qui par ailleurs pourrait très bien être publié dans Le Monde (ce qui n’est pas rien 🙂 ). Des infos en voici : Personne ne connaît le nombre exact de membres de Ello. On ne peut que suivre les followers des principaux fondateurs pour avoir une idée (mon estimation est de 100.000 ce n’est qu’une estimation, non contredite par CircleCount). Cependant, après quelques jours d’attente, on constate que le nombre de nouveaux inscrits est en forte augmentation (voir aussi Alexa.com) avec une moyenne d’âge qui baisse (grosso modo il y a davantage d’ados). Peu de français parmi les nouveaux inscrits. Les pseudointellectuels parisiens venus pour se faire leur propre pub (et qui n’ont rien compris à Ello) ont vite déchanté. Ello n’est pas Twitter, y envoyer les horaires de son émission de radio n’y aura aucun impact, pas plus que d’informer sur un produit commercial. Ello est plus subtil et demande un petit investissement de soi. Durera-durera-pas ? On n’en sait rien. En tout état de cause il ne s’agit pas d’un “anti-Facebook” il s’agit d’autre chose. A bientôt !

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