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L’Équateur et le Royaume-Uni œuvrent-ils à saborder une sortie de crise pour Julian Assange ?

Les révélations des dernières semaines incitent à se poser la question. Dans une série d’emails, il apparaît que l’Équateur de son côté, et le Royaume-Uni de…

Les révélations des dernières semaines incitent à se poser la question. Dans une série d’emails, il apparaît que l’Équateur de son côté, et le Royaume-Uni de l’autre, ont tenté de bloquer la venue des autorités judiciaires suédoises au sein de l’ambassade d’Équateur à Londres afin d’y interroger Julian Assange.

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Pour rappel, depuis juin 2012, Julian Assange est réfugié au sein de l’ambassade d’Équateur à Londres : sous le coup d’un mandat d’arrêt européen délivré par la Suède, l’Équateur lui a accordé l’asile politique.

Les premières prescriptions concernant une affaire d’agression sexuelle et de harcèlement sont tombées cet été mais Assange reste toujours poursuivi dans une affaire de viol dont la prescription, plus longue (10 ans), ne tombe pas avant 2020.

Il lui est reproché d’avoir refusé de porter un préservatif lors d’un rapport sexuel consenti avec une Suédoise, tout en ayant conscience des risques encourus. Cette dernière a décidé de porter plainte après qu’une autre liaison féminine d’Assange lui a assuré qu’il avait volontairement percé le préservatif qu’il portait au moment de l’acte.

Pour Julian Assange, toute cette affaire n’est qu’un prétexte pour le faire venir en Suède, première étape à une demande d’extradition des États-Unis qui souhaitent le juger pour la publication des War Logs d’Irak et d’Afghanistan ainsi que la publication de 250.000 câbles diplomatiques US.

Julian Assange refuse donc de répondre favorablement à l’invitation de la justice suédoise, mais se dit prêt à être interrogé au sein de l’ambassade d’Équateur.

Si la Suède s’était jusqu’alors refusée à tout compromis, les premières prescriptions l’ont peut-être incité à plus de souplesse puisqu’en mars dernier elle se disait prête à accéder à sa requête.

Oui, mais. Des révélations quasi simultanées viennent jeter le trouble sur le rôle de l’Équateur et du Royaume-Uni dans l’avancée d’un dénouement souhaité par Assange et la Suède.

Le président équatorien a Assange dans le viseur…

Julian Assange et le ministre des Affaires étrangères équatorien Ricardo Patino – crédits Andes
Julian Assange et le ministre des Affaires étrangères équatorien Ricardo Patino – crédits Andes

Que le Royaume-Uni, allié des États-Unis, membre du Five Eyes (alliance des agences de renseignement des États-Unis, de la Nouvelle-Zélande, du Canada, de l’Australie et du Royaume-Uni) veuille mettre des bâtons dans les roues du fondateur de Wikileaks n’aurait rien d’étonnant, mais de la part du pays qui lui a accordé l’asile, cela a de quoi intriguer.

Julian Assange ayant trouvé refuge au sein de son ambassade, c’est à l’Équateur qu’il revient de traiter et d’accéder ou non à la requête des autorités suédoises.

Néanmoins, des emails consultés par Buzzfeed révèlent que l’Équateur s’est montré plutôt tatillon : selon les termes de l’accord trouvé entre Assange et la Suède, les enquêteurs pouvaient venir interroger le fondateur de Wikileaks, qui avait également consenti à un prélèvement ADN. Mais la diplomatie équatorienne conditionnait son accord au fait d’être présente lors des interrogatoires menés par les enquêteurs suédois.

Refus de la justice suédoise puisqu’il n’est aucunement question de l’Équateur dans le dossier qui les occupe. Après moult négociations, l’accord a capoté, en grande partie du fait de la mauvaise volonté de l’Équateur, selon Buzzfeed.

Le site révèle également les relations extrêmement tendues entre Assange et le personnel de l’ambassade, ce qui a donné lieu à la rédaction de plusieurs rapports.

Les faits et gestes d’Assange, nommé « Guest », sont également consignés minute par minute, ce qui a le don de le rendre extrêmement irritable, faisant craindre pour son état mental que l’isolement et la surveillance policière permanente n’arrangeaient en rien. Surveillance policière levée depuis

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Tensions également exacerbée selon Buzzfeed par les révélations de la presse sur les présumées relations entre l’Équateur et l’entreprise de sécurité privée Hacking team, touchée par un piratage massif cet été et dont certaines données confidentielles ont fuité sur Wikileaks. Les documents dévoilaient notamment des contacts entre la firme spécialisée dans la surveillance électronique et des pays non démocratiques.

Pour le président équatorien Raphael Correa, il ne faisait aucun doute que ces fuites avaient été orchestrées par son hôte depuis l’ambassade. Un mail consulté par le site américain et rédigé par Alexis Mera, conseiller juridique du président, est on ne peut plus clair :

« Je veux être très clair à propos d’Assange. Il ne fait pas partie de ce gouvernement pas plus qu’il n’est avec nous. Pour l’instant, il n’a pas d’autre choix que de faire attention à ce que nous faisons. Mais s’il cherche à nous combattre, nous l’expédierons dans une prison en Suède ».

Ambiance.

…quand le Royaume-Uni incite gentiment la Suède à ne pas interroger Assange à Londres

Si l’Équateur, supposément son allié, ne lui a pas été d’une très grande aide dans la résolution du conflit qui l’oppose à la Suède, le Royaume-Uni ne compte pas se montrer plus conciliant. Les autorités britanniques viennent déjà de lui refuser un sauf-conduit médical afin d’effectuer une IRM pour une lésion à l’épaule.

Des courriers électroniques obtenus par le magazine italien L’Espresso, en vertu de Freedom of Information Act, tendent à montrer que le Crown Prosecution Service (CPS, soit le service des poursuites judiciaires de la couronne britannique) a, dès 2011, tenté de bloquer toutes avancées judiciaires avec la Suède, estimant qu’il n’était « pas prudent » pour les autorités de l’interroger au sein de l’ambassade.

« Toute tentative de l’interroger en vertu de la stricte loi suédoise se heurterait invariablement à des problèmes » est-il écrit dans un courrier en date du 25 janvier 2011. Un autre email daté du 13 janvier 2011 est plus direct : « ne pensez pas que l’affaire est traitée comme une simple nouvelle demande d’extradition ».

Assange s’est dit « choqué » par ces révélations : « C’est ahurissant. J’étais au téléphone avec mes avocats toute la matinée et ils sont aussi choqués que je le suis ».

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