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[Interview] Six question à Myriam Catrin, une star française des effets spéciaux

Myriam Catrin était l’une des invitées de marque de la Paris Comics Expo. Star dans le monde des effets spéciaux des blockbusters, elle a notamment travaillé…

Myriam Catrin était l’une des invitées de marque de la Paris Comics Expo. Star dans le monde des effets spéciaux des blockbusters, elle a notamment travaillé sur des films comme Avengers 2, Man of Steel et Prometheus. Mais son chef d’oeuvre, ce sont les textures du dragon Smaug, qui lui a valu le surnom de Lady Dragon dans l’univers du cinéma.

Lady Dragon

A l’occasion du salon parisien, nous avons pu la rencontrer et lui poser quelques questions :

Journal du Geek : Comment en êtes-vous arrivée à travailler sur des blockbusters comme The Hobbit ou Avengers ?

Myriam Catrin : On commence en France, dans des productions plus modestes. Cela fait plus de 20 ans que je suis dans le métier mais j’ai vraiment décollé avec le film Immortel d’Enki Bilal. Mon travail a été remarqué puis j’ai été embauché pour travailler sur le film Sweeney Todd de Tim Burton.

Là, j’ai un peu été jeté dans la mare aux crocodiles. On m’a donné la gestion d’une équipe de quinze personnes et quand je suis arrivée, on avait déjà un mois de retard. Mais à force de travail nous avons terminé à temps et cela m’a mené à d’autres projets.

Des projets comme The Hobbit, qui vous a valu le surnom de Lady Dragon ?

L’un de mes plus grands défis. Deux ans de travail à plus de 70 heures par semaine au sein de Weta. A l’époque, je mangeais Smaug, je dormais Smaug, je vivais Smaug.

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Quelle est la méthode pour donner vie à un dragon aussi impressionnant à l’écran ?

Je n’ai pas créé le dragon en lui même, mais j’ai réalisé les textures en compagnie de John Howe, qui était au design. Notre but était de concilier la version de Tolkien, décrite dans les livres, avec un aspect qui passe bien à l’écran, tout en y apportant sa patte. Il fallait ensuite présenter les concepts à Peter Jackson, qui a toujours le dernier mot. Il faut préciser que moi, je ne l’ai jamais rencontré, tout ça passe par des intermédiaires. Mais nous connaissions sa tendance à changer son montage en cours de film. Il fallait donc texturer Smaug à 100%, sous tous les angles, afin de lui permettre de faire ce qu’il voulait avec la caméra.

Nous avions déjà réalisé un modèle préliminaire pour le premier film, vu que nous voyons un peu le personnage. Ensuite, nous avons travaillé pour lui donner entièrement vie. Personnellement, je l’aurais aimé plus rouge. A l’écran, Peter Jackson l’a rendu plus sombre. Au début, quand je voyais le film, je repérais tous les petits défauts, mais plus le temps passe, plus j’arrive à l’apprécier.

Smaug a été l’un de votre plus grand défi, mais pas le plus grand ?

Non. Mon plus grand défi, ça a été le trilobite, la pieuvre à la fin de Prometheus. Ce n’a pas été mon travail le plus long, mais l’un des plus compliqués. Si Smaug disposait d’écailles, le trilobite était une créature organique, très difficile à rendre au niveau des textures. Oui, c’était mon plus grand défi.

MyriamCatrinTextureReel from Myriam Catrin on Vimeo.

Vous avez également travaillé sur Avengers, qu’avez-vous fait exactement ?

Je me suis occupé des textures du Hulkbuster. Mon travail a été de détériorer l’armure d’Iron Man au fil du combat contre Hulk. A l’aide des shots, nous avons pu élaborer pour intégrer les différentes textures étape par étape. Au total, nous avons créé 18 modèles de Hulkbuster, du modèle propre au modèle détérioré par des chocs et la poussière du combat.

Et quelles sont les principales différences de travail entre le cinéma anglo-saxon et le cinéma français ?

En France, les films ont moins de moyens, forcément, et on embauche moins de monde. C’est plus généraliste et les tâches sont plus diversifiées. Dans les blockbusters anglo-saxons, cela ressemble plus à un travail à la chaîne. Nous sommes cantonnés à une tâche précise le temps de la production. J’aimerais d’ailleurs revenir à un système plus français, où la création est plus libre et pourquoi pas bosser sur de plus petits projets, comme des films d’animations.

Arttitude 3 de Frédéric Claquin regroupe quelques créations de Myriam Catrin

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