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[Critique] Premier Contact

Nous évoquions récemment avec vous les meilleurs films traitant de la rencontre extra-terrestre. Cela tombe bien, le dernier long-métrage de Denis Villeneuve aurait largement pu y figurer.

ARRIVAL

Cela va faire six ans que Denis Villeneuve interpelle. Depuis 2010, et le succès critique d’Incendies, le québécois n’a eu de cesse de monter en puissance en séduisant un public exigeant, mais varié. Comme d’autres réalisateurs confirmés avant lui, il s’attaque à tous les genres cinématographiques et prend un malin plaisir à déjouer les codes attachés à ces derniers.

Reconnaissance ultime, c’est à lui qu’incombe la lourde tâche de réaliser la suite de Blade Runner, monument du cinéma américain. Mais avant ce grand test, le Canadien a tout de même pu s’essayer à la science-fiction. Sorti ce mercredi, Premier Contact (Arrival en VO) n’a donc jamais aussi bien porté son nom.

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Alors que douze vaisseaux atterrissent aux quatre coins du globe, la linguiste Louise Banks (Amy Adams) et onze de ses alter ego sont sélectionnés pour tenter de communiquer avec cette nouvelle race. Très vite, Villeneuve s’écarte des sentiers battus en proposant une vision extra-terrestre dénuée de tout anthropomorphisme. Ici, c’est le rapport persistant à la forme qui interpelle. Sans bruit ni fureur, un étrange ovoïde noir anime désormais la plupart des plans et suscite l’inquiétude des populations, avides de réponses. Invitée à l’intérieur d’un des engins spatiaux, Banks va comprendre que les êtres qui l’animent se servent de signes visuels très complexes pour s’exprimer. La réponse à chercher ne sera donc pas sonore, malgré l’excellente bande-son de Johan Johansson. Tant mieux pour le cinéma.

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Premier Contact est un film d’esthète, qui privilégie la lumière et les surfaces planes. À mille lieues des travaux d’un Hans Rudi Giger, créateur de l’univers d’Alien, le futur de Villeneuve est gigantesque et calme. Sans cacher ses inspirations (on pense à Kubrick pour les formes, à The Mist pour les extra-terrestres, etc.) le réalisateur redéfinit en profondeur le langage visuel de l’envahisseur au cinéma. Cette neutralité des tons laisse pourtant le public dans le désarroi puisqu’il n’arrive jamais à estimer la dangerosité de ces nouveaux arrivants.

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C’est justement ce que l’héroïne tente de faire, poussée par une hiérarchie encline à l’action. Au fur et à mesure qu’elle décrypte les schémas, le spectateur comprend que la menace la plus sérieuse pourrait provenir de notre propre réaction face à l’inconnu. Amy Adams livre une prestation subtile et nuancée devant ce qu’on imagine être un immense fond vert. C’est hélas moins le cas de Jeremy Renner et Forrest Whitaker, trop en retrait.

Si Villeneuve se laisse parfois aller à une brusque accélération du récit, ou à des choix scénaristiques discutables, la seconde partie du film donne encore plus de hauteur à l’ensemble. Le destin de nations bellicistes devient alors intimement lié à celui de Louise Banks, qui se découvre peu à peu un incroyable don. Dans un habile jeu de flashback et de sauts en avant, le Canadien dévoile ses cartes tout en laissant beaucoup de questions en suspens. Dans sa marche lente mais assurée, le film fascine et convainc.

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Avec Premier Contact, Denis Villeneuve réussit son entrée dans la science-fiction intelligente. Fidèle à son style, il reprend certains codes du genre pour mieux les transcender, délaissant la violence inutile pour se tourner vers la contemplation. En focalisant son œuvre sur la tentative d’établissement d’un dialogue, il soulève des questions fondamentales sur notre rapport agressif à l’inconnu, sans pour autant être moralisateur. Une œuvre visuellement étonnante, qui animera les débats d’amateurs de SF et de cinéma. On peut (presque) attendre Blade Runner tranquille.

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26 commentaires
  1. Je vous l’avais dit: Il est génial ce film … tout autant que le réalisateur..Il a du génie dans les tripes…et ça se voit 🙂

        1. Personnellement , j’ai jamais trouvé rencontre du 3eme type mou , bien au contraire . En fait rencontre du 3eme type et premier contact , ce sont des films qui prennent leur temps pour installer le récit et je trouve que ça fait du bien de voir des films comme ceux la . Des films avec un vrai scénar sans explosion tous les 5 mins . Franchement au niveau du cinéma hollywoodien , vu les daubes qu’ont se coltinent depuis des années (suicide squad et civil war en tête) , des films aussi sérieux que Premier contact font du bien .

  2. Vous devez faire une critique sur la version longue de suicide squad.
    Tout façon,le film est pourri pour moi et celui-là j’ai hâte de le voir

    1. Il y a des pubs pour le bluray, ça va être risqué de faire une critique dessus sachant qu’à peu près partout ailleurs on s’accorde à dire que la version longue ne corrige pas grand chose au film

      1. si tu vas par la il a aussi utilisé le mot “envahisseur” alors qu’officiellement on ne connais pas leurs intentions

    1. Quand j’ai lu l’article, je me suis dis : tiens un potentiel spoil, mais le doute reste permis
      Maintenant “grâce” à vous, je sais que c’est le cas…
      C’est quand même fort de faire un spoil en voulant en dénoncer un

    1. rien à voir avec une morale pro-vie , pro vie c’est avorter là elle avait pas à choisir d’avorter , elle pouvait le faire avant ou après son enfant

  3. j ai trouver le film trés moyen, le film pène et se perd de temps à autre et les flashbacks c est du déja vu
    on reste sur sa faim à la fin du film meme si l’ idée semblait bonne on est très loin d’ un interstellar, ce film restera pas dans les mémoires, quand à faire mieux que le premier blade runner j y crois pas trop

  4. Moi y a marqué Denis Villeneuve j’y vais les yeux fermés, j’ai pas vu les bandes annonces rien à battre, l’un de mes films préférés de l’année avec entre autres Captain Fantastic (fallait que je le place…).

  5. Ennuyé, j’ai failli m’endormir à un moment, je n’ai pas du tout accroché et en plus les “vaisseaux” sont laids! Grosse déception.

  6. WORST DAUBE EVER SEEN !!! o_O
    Et pourtant, j’en ai vu des daubes mais là, on a du très lourd, LE champion toutes catégories parmi les pires daubes du 7ème art.

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