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Pornographie et adolescents : de l’interdiction d’accès au contrôle parental par défaut ?

Alors qu’une enquête commandée par l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique (OPEN) alerte sur une recrudescence de la consommation de pornographie chez les adolescents et sa conséquence sur leur imaginaire, la ministre de la Famille, Laurence Rossignol poursuit son combat : une réunion de travail est organisée au ministère de la Famille avec les FAI pour trouver des solutions techniques à ce nouveau phénomène de société.

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American Pie

Ce sont des chiffres alarmants. Si le sujet peut prêter à sourire, il n’en est pas moins un important sujet de société : le porno et les adolescents. Surtout à un âge où ces futurs adultes se construisent et tentent de définir leur identité et leur sexualité.

D’après la dernière étude* IFOP commandée par l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique (OPEN) publiée ce 20 mars, sur 1 005 personnes âgées de 15 à 17 ans, un adolescent sur deux (51 %) a déjà visionné une vidéo pornographique. Une hausse de 14 points en quatre ans. Les garçons restent les premiers consommateurs devant les filles : 63 % d’entre eux sont allés sur un site X pour regarder un film porno, du streaming gratuit pour l’essentiel, quand elles ne sont que 37 % à l’avoir déjà fait.

Une consommation en augmentation

Bouleversement des usages oblige, le smartphone est le support privilégié pour regarder ce type de contenu. Un élément qui pourrait expliquer l’augmentation de la consultation de sites pornographiques depuis 2013, de 37 % à 51 % chez les adolescents interrogés. Un défi pour n’importe quel parent qui se satisferait du contrôle parental installé sur l’ordinateur de son ado.

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American Pie

Des chiffres en augmentation par rapport à 2013 qui s’expliquent aisément pour François Kraus, directeur du pôle Actualité de l’IFOP : « On l’explique par l’évolution des supports d’accès à Internet. Il y a une dématérialisation de plus en plus forte de l’accès au porn. Une désaffection de la télévision au profit des sites Internet », explique-t-il à 20 Minutes.

Des conséquences sur l’imaginaire et la sexualité

« La proportion d’ados ayant surfé sur des sites web via un smartphone (33 %), un ordinateur portable (28 %) ou une tablette (12 %) est donc largement supérieure au nombre d’ados s’étant risqués à en voir sur des supports à usage plus collectif comme les DVD (10 %), les chaînes de télévision (8 %) ou les services de VOD (2 %) »

L’âge moyen de visionnage de la première vidéo est même descendu à 14 ans et 5 mois, trois mois plus tôt qu’auparavant. 1 adolescent sur 2 et 6 adolescentes sur 10 estiment qu’ils étaient « trop jeunes » lors du visionnage de leur premier film porno.

Un phénomène qui inquiète alors que ces images peuvent avoir un impact sur leur imaginaire et l’idée qu’il se font de la sexualité. 48 % des garçons et 37 % des filles considèrent que la pornographie a participé à l’apprentissage de leur sexualité et 44 % des ados ayant déjà fait l’amour avouent avoir tenté de reproduire des scènes ou pratiques visionnées dans ces films.

Les FAI mis à contribution

Cette enquête intervient la veille d’une réunion de travail organisée au ministère de la Famille avec les FAI et des juristes. L’objectif est d’« imaginer de nouveaux outils techniques et juridiques pour bloquer l’accès à ces sites aux mineurs ».

Parmi eux, Laurence Rossignol privilégie désormais l’activation du contrôle parental par défaut sur les ordinateurs et smartphones. Une idée à rebours de ses précédentes déclarations, notamment en février dernier où elle pointait les limites du contrôle parental, « parce que maintenant les gamins ont des smartphones ».

La ministre de la Famille s’émouvait de la facilité avec laquelle les enfants avaient accès à des films pornographiques. Elle dénonçait le fait « qu’un enfant jeune, 11 ans, 12 ans, ait accès à des images pornographiques violentes qui vont lui donner une idée des rapports hommes/femmes et de la sexualité, qui n’a rien à voir avec ce que l’on souhaite pour lui pour être un adulte heureux ».

Elle envisageait alors de « fermer l’accès des sites internet » pornographiques aux mineurs, tout en reconnaissant sa difficile mise en pratique. Des difficultés techniques de contraindre des sites hébergés à l’étranger et non soumis au droit français, à la difficulté de « fermer l’accès à ces sites pour les enfants, tout en laissant l’accès pour des adultes ». YouTube est actuellement confronté à la limite de son nouveau mode de modération des contenus, notamment pornographiques : certains contenus, publics mais traitant de la communauté LGBT ont été censurés.

La réunion de demain est donc la bienvenue.


* Enquête réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 1 005 adolescents âgés de 15 à 17 ans entre les 21 et 27 février 2017.

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9 commentaires
  1. “qui n’a rien à voir avec ce que l’on souhaite pour lui pour être un adulte heureux”
    Tout est dit je croit…
    Le jour ou des personnes compétentes traiteront ce type de dossier, il y aura peu être des améliorations.

  2. Le pron m’a permis d’apprendre pas mal de chose et d’êtres plus… Efficace. Après le mieux reste encore d’en discuter avec son/sa partenaire. Les parents actuels qui ont la trentaine savent parfaitement comment tout ça fonctionne et c’est à eux de faire leurs taf de parents.ça commence un peu à me saouler de voir que l’éducation d’un gosse est sous-traité à l’état.

    Pour l’histoire de YT c’est même pire que ça, des vidéos ne présentant aucuns sujets liés de prés ou
    de loin aux LGBT sont censuré parce que le/la vidéaste est ouvertement homo. C’est honteux.

    1. hahaha !!! regarder du porno pour mieux baiser, c’est comme jouer à Need For speed pour mieux conduire..!
      de plus, ceci n’engage que toi..! est ce que ta ou tes partenaires sexuelles partagent le même avis ?
      merci, tu m’as fait ma journée..! 😀

      1. Alors
        oui effectivement mais ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit, je n’ai pas
        recopié les pratiques du porno, mais ça m’a aider à mieux connaitrais les zones
        érogènes de mes partenaires. Après si tu avais lu un peu plus loin que mon avis
        sur le porn, je parle aussi de discuter et échanger a propos de tout ça ce qui
        est pour moi le plus important. Mais tant mieux si j’ai pue te faire rire.

      2. je ne vois pas ce qu’il y a de risible dans son com…
        “regarder du porno pour mieux baiser” cela ne me semble pas incompatible; t’aurais dit “regarder du porno pour mieux faire l’amour” à la rigueur j’aurais compris ton point de vue mais là…

        ps: ton exemple est un peu foireux soit dit en passant; il y a beaucoup de pilotes qui s’entrainent sur jeux vidéos pour s’améliorer… certes ce n’est pas sur un NFS mais le principe reste le même.

  3. Différents points sur l’article :
    – Tiens? Bizarrement j’aurais dit que plus de gamins/gamines avaient déjà regardé du porno à l’âges indiqué. Bon au moins y a toujours plus de mecs qui assument que de filles.
    Pourquoi les garçons assument plus que les femmes? Allaient savoir ( et perso, je m’en fiche, ça ne fera rien changer de savoir le pourquoi 😀 ).

    – “ce que l’on souhaite pour lui pour être un adulte heureux” <=== Comme pour @Florent, donc maintenant des inconnus savent mieux que vous ce qui est bon pour vous. On-t-il demandé l'avis des gamins si, malgré qu'ils se disent pour certains trop jeunes, ils regrettaient? Je pense que même pas 25% regrette d'avoir vu une vidéo porno. Après, si les parents ne sont pas capable d'expliquer aux gamins que des vidéos comme 2 girls 1 Cup n'est strictement pas une référence sur comment se passe les relations entre 2 personnes consentantes, c'est leur problème j'aurais tendance à dire… Pas celui de l'état….

    – bloquer l'accès aux sites pornos que pour les gamins…. Mais même si cette loi était mise en place, ils pensent vraiment que ça arrêterait les jeunes générations? Google leur expliquerait comment contourner ce blocage ou au pire du pire, ils achèteraient des DVD pornos en magasin ou sur internet… Donc bon…

    1. C’est interdit de vendre de l’alcool aux mineurs et des cigarettes aussi.
      Il est bien évident que les mômes peuvent encore allègrement se choper un cancer à 15 ans où se prendre un poteau en arrosant généreusement leur permis.

      Le but c’est surtout que les adultes disent clairement ce qui est bien de ce qui est mal.
      Si c’est interdit il y a une chance qu’ils se sentent plus ou moins responsable en bravant l’interdit et qu’ils se positionnent personnellement sur la question à partir d’une certaine maturité. A un moment ils deviennent adultes.
      Mais pas tous, bien sûr…

  4. En une phrase elle résume tout :”qui n’a rien à voir avec ce que l’on souhaite pour lui pour être un adulte heureux”

    il y avais autrefois une personne qui interdisais a d’autre certain quartier voir de vivre en société car c’était sa vision et son souhait d’adulte heureux pour la société.

    il y avais un pays qui interdisait à des personnes d’une certaine couleur de monter devant dans le bus et d’autre droit car les autre adultes heureux ne le souhaitez pas une autre vision de la société .

    tout a commence avec le contrôle de l’autre et on connais la fin.
    seulement qui partage sa vision ? et pourquoi l’imposer a tous sans exceptions? au lieux de laisser les personnes libre d’installer ou non des contrôles parentale ou d’aborder le sujet avec ses enfant et ou ados .
    Ha! c’est vrais c’est pas facile de parler de sexe avec ses enfant c’est sur que leur raconter que :
    “papa et maman il s’aime fort et puis après papa il met la graine dans le ventre de maman et un enfant nè” ou toutes les autre connerie du genre c’est plus poétique.

    Pourtant ce n’est pas plus poétique que certain filmes porno en réalité.

  5. J’ai commencé à 13 ou 14 ans, ça n’a pas fait de moi un détraqué. Évidemment le porno n’a rien à voir avec la réalité et mais c’est en créant ce tabou interdit aux mineurs que ça va créer des problèmes.
    Il faut SURTOUT que l’industrie pornographique limitent les fantasmes puérils. Beaucoup de “thèmes” sont en deçà de l’acceptable.
    A côté de ça, si à 15 ou 16 ans ils ont envie de s’envoyer en l’air qu’ils le fassent. Le plus tôt ça arrivera, le plus tôt ils feront la différence avec la fiction.

    Le combat à mener est aussi l’acharnement collectif et le mal de certains comportement sur les réseaux sociaux, pas seulement la pornographie.

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