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Des cartes postales pour sécuriser l’achat d’annonces électorales sur Facebook

Le réseau social a annoncé qu’il enverra des cartes postales aux acheteurs de publicités électorales pour s’assurer de leur identité et ainsi contrer toute tentative d’ingérence étrangère.

Plus d’un an après l’élection de Donald Trump et à quelques mois des élections de mi-mandat, Facebook tente de sécuriser sa plateforme publicitaire pour éviter une nouvelle polémique.

Cela passe par l’identification des annonceurs. Comment s’assurer qu’il ne s’agit pas d’un agent étranger ? En lui faisant parvenir une carte postale, tout simplement.

La carte postale contiendra un code spécifique, et ce processus inclura toutes les publicités mentionnant un candidat, mais pas celles évoquant certains enjeux politiques sensibles propres aux États-Unis (port d’armes, avortement, LGBT, etc.), explique Katie Harbath, directrice des programmes politiques de Facebook, dont Reuters rapporte les propos.

Greetings from Facebook 

« Si vous publiez une annonce mentionnant un candidat, nous vous enverrons une carte postale et vous devrez utiliser le code [sur Internet] pour prouver que vous êtes aux États-Unis », a -t-elle annoncé lors de la conférence de l’Association nationale des secrétaires d’État.

En effet, si n’importe qui peut faire de la publicité pour un candidat ou financer sa campagne (fédérale, étatique ou locale), la loi américaine interdit que ces annonces soient financées par un ressortissant étranger. Cette initiative, aussi louable soit-elle, réduit le spectre de surveillance puisque les annonces visées ne représentent pas l’ensemble des contenus financés par la Russie lors des dernières élections américaines.

L’enquête du procureur spécial Robert Mueller, chargé de faire la lumière sur l’ingérence de la Russie, se poursuit : 13 Russes et trois compagnies russes ont été inculpés le 16 février dernier et sont accusés de complot en vue de tromper les États-Unis (pour avoir tenté de favoriser la candidature de Donald Trump et Bernie Sanders).

L’affaire russe

« Cela ne résoudra pas tout », a concédé Harbath dans une interview à Reuters. Mais c’est un premier pas, aussi démodé soit-il, pour empêcher des acteurs mal intentionnés d’acheter des publicités en période électorale en se faisant passer pour un résident américain. Ce système devrait être utilisé avant les élections de mi-mandat en novembre prochain visant à renouveler la composition du Congrès (Chambre des Représentants et Sénat), aujourd’hui à majorité républicaine. Élection à haut risque puisque sans majorité, le président américain n’a pas les coudées franches pour appliquer sa politique.

En septembre dernier, après avoir longtemps nié tout rôle décisif dans les élections, Facebook reconnaissait avoir été détourné par une ferme à troll russe, l’Internet Research Agency. Celle-ci a acheté pour plus de 100 000 dollars d’annonces électorales à caractère controversés.

Des millions d’Américains exposés

Mis sous pression, Facebook a assuré le Congrès de sa pleine coopération, suivie par Twitter et Google, également critiqués pour leur laxisme face à la propagation de fake news et autres contenus susceptibles d’influencer l’opinion américaine à travers de faux comptes.

Depuis, plusieurs mesures ont été prises, notamment pour lutter contre les fake news. En effet, les 100 000 dollars de publicités électorales ne sont qu’un grain de sable face aux nombreux contenus non sponsorisés diffusés sur la plateforme et qui ont atteint 126 millions d’Américains sur Facebook, et 20 millions sur sa filiale Instagram. Sur Twitter, c’est 1,4 million de tweets qui ont été envoyés par des comptes russes dans les deux mois précédant l’élection.

« Une part infime des 33 millions de publications visionnées par les Américains sur leur fil d’actualité entre 2015 et 2017 », souligne le Washington Post : les contenus financés par la Russie n’ont finalement atteint « que » 10 millions d’Américains grâce à une campagne acharnée, avec 80 000 posts Facebook au total. Et encore, un quart de ces annonces n’a jamais été vue par personne précise la plateforme.

Minimiser le rôle de Facebook…

Certains y ont vu l’occasion de minimiser le rôle de Facebook dans cette affaire. Comme Rob Goldman, VP en charge de la publicité pour le réseau social. Au lendemain de l’inculpation du procureur Muller, celui-ci a publié une série de tweets contestés expliquant que l’intention de la Russie n’était pas tant de placer Trump dans le bureau ovale que de semer le chaos aux États-Unis.

« Il reste des informations-clés sur les agissements russes qui n’ont toujours pas été bien comprises. »Poursuivant, « J’ai vu toutes les publicités russes et je peux dire avec certitude qu’influencer l’élection n’était *PAS* le principal objectif », assure-t-il.

La majorité des dépenses publicitaires ont été faites APRÈS l’élection. Nous avons partagé cette information, mais peu de médias l’ont couverte parce qu’elle ne colle pas avec le discours dominant sur Trump et l’élection.

Et ce qui devait arriver arriva. Donald Trump s’est vautré sur l’occasion pour prouver sa non-implication dans l’affaire russe, alors que le procureur enquête toujours sur les liens de son administration avec le gouvernement russe.

… et conforter Donald Trump

« Les médias qui propagent de fausses informations ne nous déçoivent jamais. Difficile d’ignorer cette information de la part du responsable des publicités chez Facebook », a-t-il écrit en citant l’un des tweets de Goldman. Le président omet toutefois de préciser que Goldman ne faisait référence qu’aux publicités russes et non aux publications normales (fake news notamment) propagées sur la plateforme et vues 150 millions de fois.

Rob Goldman s’est depuis « excus[é] d’avoir tweeté [sa] propre opinion sur l’ingérence russe sans l’avoir fait valider en interne ». Une véritable sortie de route tant la culture du secret est respectée sein de Menlo Park. Le responsable des politiques publiques de Facebook aux États-Unis a tenu à confirmer au New York Times la validité des informations contenues dans le rapport du procureur Muller

De son côté, Wired a pu mettre la main sur un message de Goldman diffusé en interne où il revient sur ses propos : « Ces tweets reflètent mon opinion personnelle et pas celle de Facebook. J’ai mal exprimé mes pensées. Le bureau du procureur spécial a bien plus d’informations sur ce qui s’est passé que moi – donc donner l’impression de contredire ses déclarations était une sérieuse erreur de ma part ».

Gageons que le feuilleton est loin d’être terminé.

 

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