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Alan Turing sera le nouveau visage des billets de 50 £

Le pionnier de l’informatique Alan Turing a été choisi pour figurer sur les billets anglais de 50 livres, selon la BBC. Il remplacera donc dès 2021 James Watt et Matthew Boulton, figures du billet de 50 livres depuis 2011.

© Bank of England

Ce billet est le dernier de la collection anglaise à passer du papier au polymère, “plus résistant, sécurisé et difficile à contrefaire” d’après la Banque d’Angleterre. Il sera le dernier billet du catalogue à passer à ce matériau plus moderne, après celui de 20 livres en 2020.
Il devrait entrer en circulation fin 2021. À l’heure actuelle, il en resterait 344 millions en circulation, pour une valeur de plus de 17 milliards de livres. Une quantité qui interroge, alors que la proportion des paiements en espèce continue de chuter au profit des paiements par carte : ils sont passés de plus de 20% début 2010 à moins de 10% cette année, et devraient plonger sous les 5% à l’horizon 2025 d’après les projections de UK Finance.

Turing, un génie conceptuel

Turing restera dans les annales pour plusieurs raisons, et sa présence sur un billet est probablement la dernière dont l’Histoire se souviendra. Avant tout, il est connu pour avoir formalisé les grands principes de l’informatique et de l’algorithmique avec sa machine de Turing. Il a ainsi ouvert la voie à toute l’informatique moderne et à l’intelligence artificielle.

Mais Turing n’était pas qu’un précurseur visionnaire : il a également mis ses compétences à profit, apportant notamment des avancées révolutionnaires en cryptographie et en logique. Il a ainsi joué un rôle clé dans la Seconde Guerre Mondiale, en permettant l’interception et le décryptage de nombreux messages codés. Certains d’entre eux se sont révélés absolument cruciaux d’un point de vue stratégique. Il est difficile d’avancer des chiffres précis et définitifs, mais d’après l’enquête réalisée par le professeur Jack Copeland pour la BBC, son travail aurait permis de réduire la durée de la guerre d’environ deux ans et de sauver des millions de vies.

On lui attribue également souvent le mérite d’avoir craqué le célèbre dispositif de cryptage Enigma, employée à tous les étages de l’administration nazie. Cet honneur revient en fait au Biuro Szyfrów, une institution polonaise responsable de la cryptographie et du chiffrement, avec leur machine baptisée “bomba”. Mais Turing a participé à améliorer ce système, ainsi que de nombreux autres procédés permettant de percer les secrets des messages codés nazis.

Mais Turing ne s’est pas arrêté d’être innovant à la fin de la guerre. Il a notamment participé à l’élaboration des Manchester Computers. Ce programme fondateur de l’informatique a accouché d’une série d’ordinateurs aux avancées révolutionnaires, qui tiennent aujourd’hui une place de choix dans l’histoire de cette discipline. Il s’agit des premiers ordinateurs basés sur l’architecture dite “Von Neumann” : ce sont donc les premiers appareils avec un processeur, une unité de contrôle dédiée comprenant un registre d’instructions, de la mémoire, du stockage externe et des mécanismes d’entrée et de sortie. On peut assimiler ces Manchester Computers à une version très primitive de ce que sont nos ordinateurs modernes.

La persécution avant la consécration

Mais aussi brillant soit-il, Turing n’obtiendra jamais une reconnaissance à la hauteur de ses contributions scientifiques historiques. La faute à son homosexualité, passible de prison à cette époque en vertu d’un amendement daté de… 1885. Il est donc condamné à la castration chimique pour “indécence dégoûtante”, une sanction qu’il accepte en échange de son maintien en liberté. Il meurt deux ans plus tard d’un empoisonnement au cyanure. La cause du décès officiellement retenue est le suicide, même si celle-ci est largement remise en question.

En 2009, suite à une pétition sur Internet,  le premier ministre britannique Gordon Brown a exprimé les excuses officielles du gouvernement britannique pour le traitement subi par Turing. Un mouvement suivi par la reine Elizabeth II elle-même, qui lui accorde un pardon posthume en 2013. En 2017, son nom a même été donné de manière informelle à une loi qui permet d’octroyer de façon rétroactive le pardon à des gens condamnés sur la base d’anciennes lois discriminant les homosexuels.

Comme l’a précisé Gordon Brown dans ses excuses, aucun pardon posthume ne pourra faire oublier la chasse aux sorcières que Turing a subie. Mais à défaut, ce nouvel hommage lui permet de rentrer une nouvelle fois dans l’Histoire, cette fois en tant que premier représentant de la communauté LGBT à figurer sur un billet de banque.

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5 commentaires
  1. C’est chiant ces remplacement de billets… Après les pieces de £1, les billets de £5 et £10 par des billets de monopoly en plastique, ils vont nous refaire ca tous les ans…

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