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Quels sont les enjeux de la fusion des messageries Facebook, WhatsApp et Instagram ?

Cela fait un moment que Mark Zuckerberg, PDG de Facebook, évoque sa volonté de fusionner les messageries de ses trois entreprises. Une unification gigantesque, qui concerne des milliards d’utilisateurs.

Facebook Messenger, WhatsApp, Instagram. À elles trois, ces applications de messagerie totalisent 2,6 milliards d’utilisateurs sur la planète. Un nombre qui donne le tournis, d’autant plus que ces entreprises appartiennent toutes à Facebook. Grâce à sa fortune colossale, le réseau social qui vient de fêter ses quinze ans d’existence a méticuleusement racheté ses concurrents au cours de son développement.

Des acquisitions qui le placent aujourd’hui au centre d’un réseau de messagerie instantanée tentaculaire. Les trois applications se sont d’ailleurs souvent emprunté diverses fonctionnalités, brouillant parfois les différences censées les séparer les unes des autres.  À leur tête se trouve Mark Zuckerberg. Le chef d’entreprise de 34 ans exprimait le souhait d’unifier les trois messageries depuis un moment, mais il vient de confirmer cette envie lors de la dernière présentation des résultats financiers du groupe. Un projet qui pourrait se concrétiser dans les environs de l’année 2020. Et qui renforcerait l’hégémonie de Facebook de plusieurs façons.

Zuckerberg, qui avait promis que chaque application resterait autonome lors de leur rachat, n’a pas l’intention de les fusionner en une seule. Comme l’explique le New York Times, il désire unifier les infrastructures afin que chaque utilisateur puisse rentrer en contact avec n’importe quel usager du gigantesque réseau Facebook.

« Nous réfléchissons à des moyens pour rendre plus facile la communication avec familles et amis via tous les réseaux. »

Il n’y aurait donc pas besoin de télécharger Instagram pour pouvoir joindre un des membres présents sur ce réseau. Vue sous cet angle, l’idée peut effectivement séduire. Mais elle implique un immense chantier technique.

Ces trois messageries fonctionnent certes de façon similaire, mais les technologies de cryptage de chacune d’entre elles diffèrent. WhatsApp utilise un chiffrement de bout en bout, qui assure que seul le destinataire d’un message peut le décrypter et le lire.

Facebook Messenger propose également cette option, mais il faut la paramétrer afin de choisir les discussions à crypter, tandis qu’Instagram s’en passe tout simplement. Une unification demanderait qu’un protocole unique soit choisi pour les trois applications, ce qui permettrait de démocratiser le chiffrement utilisé sur WhatsApp.

Un défi de taille, qui demandera probablement des fonds importants. Mais le jeu en vaut la chandelle. Une fois achevée, cette infrastructure permettrait à Facebook de disposer d’une seule et même base de données d’utilisateurs.

Une aubaine qui permettrait de partager les informations récoltées sur chacun des réseaux : un nom et une adresse sur Messenger, un numéro de téléphone sur WhatsApp, une location sur Instagram. Un amoncellement d’informations absolument crucial pour la mise en place de publicité ciblée.

C’est d’autant plus important que WhatsApp et Instagram sont encore à la traîne sur ce segment, malgré leur immense communauté. Cette nouvelle étape permettrait de fluidifier le processus d’intégration de la publicité, quasi inexistante sur WhatsApp.

Si aucune stratégie commerciale claire n’a fuité, il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’une des étapes importantes du développement du groupe. Devenu récemment multimilliardaire, Brian Acton, le cofondateur de WhatsApp exprimait récemment des regrets sur la future gestion de son groupe par Facebook.

« J’ai vendu la vie privée de mes utilisateurs pour un large bénéfice. J’ai fait un choix et un compromis. Et je dois vivre avec ça chaque jour. […] Facebook n’est pas le méchant.[…] Ce sont des businessmen, ce sont de très bons businessmen. Ils représentent juste un ensemble de pratiques, de principes, d’éthiques et de politiques avec lesquelles je ne suis pas nécessairement d’accord. »

Enfin, cette fusion va permettre de renforcer un peu plus l’emprise de Facebook sur le marché, en poussant naturellement les utilisateurs d’une plateforme sur les deux autres. Cet écosystème faussement ouvert ne laissera aucune chance à la concurrence, du moins en Europe et aux États-Unis. L’interconnexion de tous nos services devrait largement réduire les velléités d’aller voir ailleurs.

Un monopole inquiétant qui montre que les précédentes acquisitions de la firme n’ont pas été assez débattues. Reste à savoir si les autorités de régulation des deux côtés de l’Atlantique auront cette fois-ci quelque chose à y redire.

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