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Qu’est-ce-que la lumière bleue, quels sont les dangers ?

Une enquête auprès de 9000 Européens a été menée afin de mieux comprendre l’usage de l’écran d’un smartphone. Cette étude montre l’utilisation accrue du smartphone, notamment en fin de journée, à scroller sur les réseaux sociaux. A travers ces résultats, l’étude souhaite sensibiliser le public à l’usage d’un smartphone et notamment, aux effets de la lumière bleue. Est-ce que la lumière bleue est toxique ? Est-elle responsable de cette sensation de fatigue visuelle ?

L’addiction aux réseaux sociaux

Les utilisateurs passent majoritairement leur temps d’écran sur les réseaux sociaux tels que Facebook, Instagram et Pinterest. Étonnement, les chiffres révèlent que les français utilisent moins Instagram (20,10%) que les autres européens (26,57%) mais davantage YouTube avec 33% des français, comparé à une moyenne européenne de 26%.

Faire deux choses à la fois, le smartphone à la main

Selon l’étude, l’action de scroller à travers des applications est généralement réalisée :

  • devant la télévision (47,50%) : ce qui signifie donc deux sources de lumière bleue (télé + smartphone)
  • au lit : ce qui empêche la sensation de fatigue et retarde le sommeil
  • à l’école/au travail : ce qui entraîne la multiplication des écrans et une diminution de pauses entre les écrans

Il en ressort tout de même que les Européens scrollent 180 mètres par jour !

Fatigue visuelle

Plus de 30% des français sondés ressentent une fatigue visuelle lorsqu’ils scrollent sur les écrans de mobiles. 86% des 18-34 ans disent avoir du mal à dormir à cause de leur smartphone. 34% d’entre eux déclarent utiliser leur smartphone entre 19h et 3h du matin !

Lumière bleue : à la fois amie et ennemie

Depuis quelques années, on parle beaucoup des dangers de la lumière bleue, les points de vue et les croyances se confrontent sans pour autant amener une vérité.

Est-ce que la lumière bleue est toxique ? Est-elle responsable de cette sensation de fatigue visuelle ? Nicolas Bessot*, chronobiologiste à l’université de Caen,  fait le point avec nous sur les connaissances relatives à la lumière bleue.

Qu’est-ce-que la lumière bleue ?

La lumière est une onde électromagnétique. Pour vous la représenter, imaginez des vagues sur la surface de l’eau. Il y a plusieurs gammes d’ondes qui se définissent selon la longueur de l’onde (de la vague). Les ondes courtes dangereuses (à haute énergie) dans l’ordre les rayons gamma, les rayon X, les ultraviolets. Vient ensuite la lumière visible avec le violet, le bleu le vert, le jaune puis le rouge. Il y a ensuite pour les rayonnements d’ondes encore plus longues les infrarouges, les ondes radio, etc…

La lumière bleue, qui a une longueur plus courte que le rouge par exemple, est un rayonnement plus énergétique et donc potentiellement légèrement plus dangereux. La lumière blanche des ampoules qui nous éclairent est composée d’un mélange de lumière de différentes couleurs. Il en est de même pour la lumière du soleil qui contient aussi des ultraviolets et infrarouges.

Le lien entre la lumière et le sommeil

L’homme est un animal qui est actif le jour et qui dort la nuit. La lumière est pour lui un signal qui stimule sa vigilance. Il est ainsi plus difficile de s’endormir en pleine lumière que dans l’obscurité.

La mélatonine qui est l’hormone qui accompagne le sommeil est sécrétée en début de nuit à condition que la pièce soit peu lumineuse. En effet nous avons sur notre rétine des capteurs qui bloquent la sécrétion de la mélatonine lorsque qu’ils sont excités par la lumière. Ces capteurs sont plus sensibles à la lumière bleue (460-480 nm), il faut donc moins de puissance lumineuse dans le bleu pour obtenir le blocage de la mélatonine. Parce que nous sommes adaptés à la lumière du soleil qui varie en fonction de l’heure de la journée (la position du soleil dans le ciel). L’atmosphère va filtrer plus spécifiquement les ondes courtes et nous protéger donc des ondes dangereuses (ultraviolet notamment). L’atmosphère filtre aussi davantage le bleu que le rouge, c’est pour cela qu’au soleil couchant la lumière du soleil devient jaune orangée, car l’épaisseur d’atmosphère traversée par la lumière du soleil est plus importante lorsque le soleil est à l’horizon.

À quoi sert la lumière bleue ?

La lumière bleue est très présente dans la lumière du soleil lorsqu’il est haut dans le ciel, c’est donc la lumière qui caractérise la période active de l’homme. La lumière bleue est donc une lumière qui va stimuler la vigilance, les capacités cognitives et influencer l’humeur. Elle a notamment montré son efficacité dans le cadre de la conduite automobile de nuit pour maintenir la vigilance du conducteur. Mais aussi sur le bien être des personnes en centres de soin.

Quels sont les impacts sur l’humain ?

Positifs :

  • Permet de rester éveillé et va stimuler la vigilance, les capacités cognitives et améliorer l’humeur.
  • Permet de réguler l’horloge biologique. L’humain conçoit ainsi le jour et la nuit.

Négatifs :

  • La toxicité sur la rétine. La lumière bleue considérée comme toxique est le bleu violet (415-455 nm). On la retrouve dans la lumière du soleil, dans les écrans LED et surtout OLED (smartphones et tablettes). Il faut cependant la mettre en relation avec l’intensité lumineuse de la source :
    • le ciel avec 5000 candela/m² (candela unité d’intensité lumineuse)
    • un ordinateur avec 250 candela/m²
    • certaines Led max avec 30.000.000 candela/m² (150 fois moins que le soleil)
    • le Soleil avec 1500 000 000 candela/m²

La lumière bleue des écrans est donc très peu intense, d’ailleurs, beaucoup de personnes s’endorment devant leur télévision car l’écran est plus loin qu’un smartphone et le cerveau est peu en activité. Le risque d’atteinte de la rétine par la lumière des écrans n’est pas démontré et il est probablement très faible.

  • Diminue le temps de sommeil : la lumière bleue bloque la sécrétion de la mélatonine (hormone du sommeil), si une personne passe trop de temps devant un écran qui projette de la lumière bleue, elle ne va pas ressentir la sensation de sommeil ce qui va repousser l’endormissement. La personne étant du reste active devant un smartphone (lecture, jeu etc), cela a tendance à la garder encore plus éveillée.

En 25 ans, le temps de sommeil a diminué de 50 min chez les adolescents (source INSEE). Le manque de sommeil peut entraîner de la déconcentration, des difficultés dans l’apprentissage, la prise de poids, des pathologies tel que le diabète et le cancer.

Quelles sont les initiatives des constructeurs ?

La recommandation la plus simple est d’éviter de lire ou d’être actifs devant un écran de smartphone à l’heure du coucher. On peut aussi conseiller l’utilisation du fameux mode nuit, une option de plus en plus présente dans nos smartphones, qui permet d’envoyer des couleurs plus chaudes et diminue la lumière bleue. Un mode “lecture” existe également sur de nombreux smartphones et permet d’atténuer la luminosité et les couleurs de votre écran.

Google propose depuis Android 9 une application native nommée “Bien-être numérique”, celle-ci vous permet d’avoir un aperçu quotidien de vos habitudes sur votre smartphone. On y trouve notamment la fréquence d’utilisation de différentes applications, le nombre de notifications reçues ou encore la fréquence à laquelle vous consultez votre téléphone ou déverrouillez votre appareil.

* Nicolas Bessot est membre de l’unité de recherche COMETE INSERM au pôle de formation et de recherche en santé à l’université de Caen, il fait partie des chercheurs référents travaillant sur la chronobiologie (étude des rythmes biologiques dont le sommeil). Il est aussi maitre de conférences à l’université de Caen.

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