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John B. Goodenough, inventeur de la batterie Li-ion, est décédé

Un des grands esprits qui ont laissé une marque indélébile dans le paysage technologique d’aujourd’hui nous a quitté.

Si la civilisation existe aujourd’hui tel qu’on la connaît, c’est en partie grâce aux contributions d’un petit nombre de visionnaires de grand talent — et l’un d’entre eux vient de nous quitter. John B. Goodenough, l’inventeur de l’incontournable batterie lithium-ion, s’est éteint à l’âge de 100 ans.

Au début de son illustre carrière, Goodenough ne s’intéressait pourtant pas du tout aux batteries. Après avoir fait ses armes à l’Université de Chicago, Goodenough a fait partie des élèves d’un autre titan de la science moderne, le physicien Enrico Fermi. Cette collaboration lui a ouvert les portes du célèbre MIT, où il a réalisé ses premiers travaux importants ; il a contribué à poser les bases du développement de la mémoire vive (RAM) qui est aujourd’hui indispensable à des millions d’appareils.

Par la suite, il s’est aussi imposé comme un pionnier de la théorie moderne du magnétisme. Ces recherches ont permis d’établir les Règles de Goodenough-Kanamori. Elles ont grandement fait avancer la science des matériaux et ouvert la voie à de nombreux systèmes de communication modernes.

Un des pères de la batterie Li-ion moderne

Un CV déjà bien garni — mais Goodenough ne comptait pas s’arrêter là. Après son passage au MIT, il rejoint les rangs de la prestigieuse Université d’Oxford — et le reste appartient à l’histoire. C’est là qu’en 1979, il a identifié et développé les matériaux sur lesquels repose une grande partie du stockage d’énergie à l’échelle mondiale. Avec son équipe, il a découvert qu’il était possible d’augmenter énormément la densité énergétique d’une batterie grâce à une anode en dioxyde de cobalt et de lithium.

Cette découverte a directement conduit au développement d’une nouvelle famille de matériaux à base de carbone qui ont ouvert la voie aux batteries Li-ion grand public. En d’autres termes, c’est grâce à lui que nous disposons aujourd’hui de batteries suffisamment petites et performantes pour alimenter tout un tas d’objets, comme le smartphone sur lequel vous lisez peut-être ce texte.

Des appareils électroniques
© Christopher Gower – Unsplash

Sa découverte a directement conduit à une véritable révolution de l’électronique qui a transformé le visage de l’humanité elle-même. Des smartphones aux ordinateurs portables en passant par les voitures électriques, on peut citer des dizaines d’avancées technologiques majeures qui ont bouleversé la trajectoire de la civilisation, et qui n’auraient tout simplement pas pu exister sans ces travaux.

Cette contribution a été récompensée par la plus haute distinction académique de sa discipline. En 2019, il a reçu le Prix Nobel de Chimie en compagnie de Stanley Whittingham et d’Akira Yoshino, qui ont également joué un rôle majeur dans le développement de ces batteries rechargeables. Une consécration qui, selon de nombreux observateurs, n’était qu’une question de temps, connaissant l’impact immense de ses travaux. Pour l’anecdote, à 97 ans, il est aussi devenu la personne la plus âgée à recevoir un Nobel de son vivant.

Un chercheur de génie et un mentor adoré

Dans une belle nécrologie parue sur le site de l’Université du Texas (UT), l’institution a tenu à rendre hommage à cette carrière absolument colossale. « L’héritage de John en tant que scientifique est incommensurable — ses découvertes ont amélioré la vie de milliards de personnes aux quatre coins de la planète », a déclaré Jay Hartzell, Président de l’Université du Texas à Austin.

« Il a été un meneur à la pointe de la recherche scientifique pendant plusieurs décennies, et n’a jamais cessé de chercher de nouvelles manières innovantes de stocker de l’énergie. Son travail, son investissement dans notre mission sont le reflet ultime de nos aspirations, et il manquera énormément à la communauté de l’université », ajoute-t-il.

John B. Goodenough, l'un des pères de la batterie Li-ion, avec ses étudiants
© University of Texas at Austin

Mais l’intéressé n’était pas seulement connu pour ses faits d’armes académiques. C’était aussi un mentor très apprécié et respecté pour ses qualités humaines. Ses anciens collègues citent notamment son rire communicatif, son humilité, ses qualités de pédagogue, et son investissement total dans les projets qu’il soutenait.

Par exemple, la nécrologie de l’UT explique qu’il a souvent donné l’intégralité des récompenses monétaires qui accompagnaient ses nombreux prix à l’université afin de soutenir financièrement ses étudiants et ses collègues comme Sharon L. Wood, une autre responsable de l’université.

« Ce n’était pas seulement un chercheur formidable, c’était aussi un enseignant très estimé. Il était très fier de son rôle de mentor, et de nombreux membres éminents de l’université ont bénéficié de sa sagesse et de ses encouragements. Le monde a perdu un esprit incroyable et une âme très généreuse ».

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