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[Chronique] Pourquoi Flappy Bird n’a pas plagié Kek et pourquoi ce dernier devrait arrêter de se plaindre

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Si le jugement a finalement donné raison à The Tetris Company, c’est parce que le jeu était vraiment une copie conforme du jeu. Il utilisait les…

Si le jugement a finalement donné raison à The Tetris Company, c’est parce que le jeu était vraiment une copie conforme du jeu. Il utilisait les mêmes paramètres de gameplay (forme des tetriminos, largeur et hauteur de l’écran de jeu, etc.) ainsi que les mêmes « graphismes » (même si cette notion est extrêmement particulière dans Tetris tant le graphisme est intimement lié au game design). Quoi qu’il en soit, il faut que le game design soit rigoureusement identique pour que la justice américaine finisse par déclarer une violation de propriété intellectuelle.

Pour le moment, le game design n’est pas protégé aussi bien que la musique ou les graphismes. Et c’est une bonne chose. Imaginez : que se passerait-il si une société bien intentionnée, au hasard EA ou Activision, décidait de poser des droits sur le scrolling horizontal ? Ça poserait évidemment quelques problèmes à la création de nouveaux jeux. Il est donc primordial que les concepts élémentaires de game design restent de l’ordre de l’idée élémentaire, qui n’appartient donc à personne.

Ainsi, le simple fait d’avoir un oiseau jaune qui doit éviter des obstacles avec un scrolling horizontal ne peut et ne devrait pas, faire l’objet d’une protection du droit d’auteur. En France, une simple idée, aussi brillante soit-elle, ne bénéficie pas du droit d’auteur. Seule sa concrétisation l’est. Concernant Piou Piou, l’éventuel critère couvert que pourrait revendiquer Kek serait celui des « des écrans et des modalités d’interactivité s’ils sont originaux ». Sauf que voilà, ces fameuses modalités d’interactivité pour Flappy Bird sont bel et bien originales par rapport à Piou Piou. Par les différences de jouabilité évidente du jeu et par les variations constatées des règles que j’ai citées plus haut.

Évidemment, cette notion d’originalité est subjective, mais une jurisprudence datant de 2008 (dite jurisprudence Pachot) donne une interprétation de cette notion ambiguë, y compris sur la question des logiciels. L’apport intellectuel de la personne doit être perceptible pour que « l’originalité en découle ». Difficile de ne pas voir l’apport de Dong Nguyen sur Flappy Bird, même s’il s’est éventuellement inspiré de Piou Piou.

Le droit, dans son flou, n’est donc pas en faveur de Kek. De plus, même si une législation plus précise sur la question du droit d’auteur venait à être mise en place, elle servirait surtout à intégrer le terme de « jeu vidéo » dans le code de la propriété intellectuel, et ce sans l’exclure du régime spécifique des logiciels. Cela aura surtout pour effet de faire prendre conscience aux développeurs qu’ils possèdent bien des droits d’auteur sur leurs créations.

S’il y a eu violation de propriété intellectuelle, c’est bien chez Nintendo

comparatif tuyau logo

Dans le cas d’un jeu vidéo, de multiples couches de droit s’appliquent automatiquement à une œuvre vidéoludique. Le code tombe dans la législation réservée aux logiciels. Les graphismes peuvent tout à fait être considérés comme une œuvre graphique telle que décrite dans le code de la propriété intellectuelle. Il en est de même pour les musiques ou le scénario dans sa forme spécifiquement émise.

C’est également le cas aux États-Unis où il y a tout de même une protection plus forte pour tous les aspects de forme (graphismes, musiques, etc.). En effet, le copyright s’appliquera automatiquement pour ces caractéristiques, alors que pour le game design et les mécaniques de jeu, il faudra les déposer. Cela n’est pas très courant, même si on a pu voir de grands éditeurs le faire par le passé. Par exemple, Sega détient un brevet pour la grosse flèche qui flotte et qui vous indique votre objectif dans Crazy Taxi. C’est débile, mais c’est comme ça.

Une fois que l’on sait cela, on voit très bien qui serait vraiment en droit pour aller chercher des noises à Dong Nguyen. Spoilers : ce n’est toujours pas Kek.

C’est bien évidemment Nintendo qui peut revendiquer des droits sur les sprites utilisés dans Flappy Bird, car en tant qu’éléments graphiques, ils sont protégés par le copyright. Les tuyaux ressemblent vraiment à ceux que l’on peut trouver dans le remake Super NES de Super Mario Bros. 3 dans la compilation Super Mario All-Stars. Nguyen a même ouvertement reconnu s’être inspiré de Nintendo pour la création des obstacles de son jeu. Cependant, l’application a été retirée par son créateur avant que Nintendo ne décide d’engager une procédure. La firme de Kyoto dément être à l’origine du retrait de ce week-end.

Alors plutôt que de pleurer sur les « millions » qu’il n’a jamais failli gagner, Kek devrait plutôt se lancer sérieusement dans la mise en avant de ses jeux sur les plateformes mobiles. Je suis sûr qu’avec un peu de chance, il rencontrerait un franc succès tant certains de ses “Jeux Chiants” sont réussis.

Allez, je vous laisse, je vais essayer de battre ce foutu quizz du professeur Kawashikek. Cette fois-ci je suis sûr que je vais y arriver.

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