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L’apparition du coronavirus en Chine pourrait dater de l’été 2019

D’après une étude américaine pas encore parue, le Covid-19 pourrait être apparu en Chine dès l’été 2019, soit plusieurs mois avant l’alerte de décembre. Toutefois, la méthodologie de l’étude interroge.

© Free-Photos – Pixabay

D’après une étude préliminaire américaine relayée notamment par le Figaro, les prémices de l’épidémie de Coronavirus en Chine pourraient être antérieurs au mois de décembre 2019. C’est en tout cas ce que laisseraient penser les recherches Internet et l’affluence dans les hôpitaux à cette période. Longtemps, la plupart des informations disponibles semblaient en effet indiquer que l’épidémie avait démarré en décembre. Un article du South China Morning Post avait cependant rapporté, sur la base de données gouvernementales, qu’un “patient zéro” avait déjà été identifié le 17 novembre.

Mais cette nouvelle étude semble repousser l’origine de la pandémie encore plus loin. Une équipe de l’université de Boston a analysé des images satellites de Wuhan, l’épicentre de la pandémie, sur une période allant de janvier 2018 à avril 2020. Quelle ne fut pas leur surprise en constatant “une forte augmentation de l’affluence dès août 2019″, soit plusieurs mois avant le “pic culminant de décembre 2019“.

La BBC s’est procurée certains des documents de l’étude.© Harvard University

L’autre fait troublant pointé du doigt par l’étude est à chercher sur Baidu, l’équivalent chinois de Google. En analysant le trafic et les recherches des internautes, l’équipe américaine s’est rendue compte que les recherches comportant les mots “toux” et “diarrhée” étaient en forte hausse dès août 2019. Si la toux pourrait être liée à la grippe saisonnière, ce n’est pas le cas de la diarrhée qui ne fait en général pas partie des symptômes. En revanche, c’est bel et bien un des symptômes du Covid-19, et les chercheurs n’ont pas trouvé de trace d’un tel pic les années précédentes. Les auteurs précisent même que la diarrhée pourrait être un facteur de transmission important au sein des communautés. En définitive, les auteurs précisent que ces observations ne sont pas suffisantes pour conclure de manière définitive que tous ces phénomènes étaient bien liés au Covid-19. En revanche, ils indiquent que leurs résultats corroborent ceux d’autres études qui suggèrent toutes que le virus aurait déjà été en circulation au moment où le monde a appris l’existence du cluster de Wuhan.

Une information à prendre avec des pincettes

Cette information est toutefois à prendre avec des pincettes, et ce pour plusieurs raisons. La première est qu’il s’agit d’une étude américaine, dont les rapports avec la Chine n’ont jamais été au beau fixe et continuent de se détériorer depuis le début de la pandémie. Et dans la mesure où l’étude n’est toujours pas parue dans un journal à révision par les pairs, il est impossible de vérifier la solidité du protocole expérimental mis en place. Cela ne signifie pas que l’étude ne vaut rien, mais si les résultats vont effectivement dans le sens de certaines autres études, il demeure que plusieurs point du protocole posent question.

Cette étude a été menée sous l’égide de l’“épidémiologie digitale“, une approche récente basée sur l’utilisation de données informatiques, et les données d’origine conditionneront largement la qualité des résultats. Or , l’équipe s’est basée sur des données telles que le nombre de voitures sur le parking de l’hôpital de Wuhan pour en déterminer sa fréquentation. Un indicateur qui a du sens, certes, mais d’une précision toute relative. De la même façon, il faut préciser que leurs données comportent des trous à causes de la couverture nuageuse, qui a parfois empêché d’analyser les photos satellites sur plusieurs jours consécutifs. Autant de faits que n’a pas manqué de relever Hua Chunying, porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères en conférence de presse mardi. Elle juge “incroyablement ridicule“, le fait de “tirer des conclusions d’observations aussi superficielles que le volume de trafic“.

Il sera en tout cas difficile de démêler le vrai du faux sans avoir accès au texte du papier de recherche, si celui-ci finit par être publié un jour. Et même dans ce cas, d’autres études solides seraient nécessaires pour prouver définitivement que l’apparition du virus est bien antérieure à décembre. Quoi qu’il en soit, cet épisode ne sera certainement pas de nature à calmer les critiques envers la Chine, régulièrement tancée pour son opacité depuis le début de la pandémie : encore faut-il s’assurer que ces critiques soient justifiées et appuyées par des preuves indiscutables. La suite au prochain épisode.

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Source : Figaro

4 commentaires
  1. l’“épidémiologie digitale“, il faut arrêter avec le terme digital en français puisqu’il signifie lié au doigt. Il faut utiliser le terme numérique. L’erreur est en ancrée à cause de l’anglais “digital” qui veut effectivement dire numérique. En Anglais, “chiffre” se traduit par “digit” (tiré du latin “doigt” parce qu’on peut compter jusque 10 avec les doigts). Utiliser le terme “digital” reviendrait au même que dire, comme certains articles qu’on a vu tourner récemment que Jeff Bezos sera trillionnaire bientôt alors qu’il ne sera “que” billionaire puisqu’on fait million, milliard, billion, billiard alors qu’en anglais on fait million, billion, trillion.

  2. Ah, les fameuses images satellitaires américaines, n’auraient-elles pas retrouvées également sur ce parking d’hôpital les armes de destruction massive disparues de Sadam ?

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