Passer au contenu

Comment les réseaux sociaux ont changé nos interactions sociales

Militantisme, algorithme et construction sociale… Les réseaux sociaux nous accompagnent dans notre vie quotidienne depuis près de 20 ans. L’occasion de tenter de comprendre comment ces derniers ont transformé nos manières de communiquer grâce à l’éclairage d’une sociologue spécialisée dans les usages numériques.

Crédits : TikTok

Cette semaine, le réseau social TikTok avait convié la presse à une table ronde autour du rôle des plateformes numériques dans les relations sociales de leurs utilisateurs. L’occasion pour l’entreprise chinoise de rappeler ses excellents chiffres de l’année, mais aussi d’explorer plusieurs pistes de réflexion avec Laurence Allard, sociologue des usages numériques, maître de conférences, chercheuse à l’IRCAV-Paris 3 et enseignante à l’Université Lille 3.

Réseaux sociaux et militantisme : le smartphone comme arme

Avec l’avènement du numérique et des réseaux sociaux, c’est une toute nouvelle manière de s’exprimer qui s’offre désormais aux utilisateurs, sans distinction de genre, de couleur ou de culture, explique Laurence Allard : “Le smartphone n’est pas seulement un écran, c’est aussi un stylo, une caméra. La révolution numérique permet une révolution de l’écriture au même titre que l’imprimerie au XVe siècle”.

Grâce à nos téléphones et à la possibilité de partager instantanément du contenu, nous ne sommes plus simplement spectateurs de l’actualité, mais bien acteurs de cette dernière. C’est d’ailleurs autour de cette situation inédite que se cristallise la très controversée loi sécurité globale, et plus particulièrement son article 24, qui vise (entre-autre) à pénaliser la captation et la diffusion d’images des forces de l’ordre.

En donnant à voir des catégories socioculturelles et des situations habituellement peu représentées dans les médias, les réseaux sociaux ont participé à l’émergence de mouvements militants inédits, à l’image de #BlackLivesMatter, #FreeUyghurs et à de nombreuses autres revendications, qu’elles soient sociétales, politiques ou plus légères. Pendant le confinement, de nombreux soignants se sont ainsi mobilisés sur les réseaux sociaux, et notamment sur TikTok, que ce soit pour protester contre leurs conditions de travail en pleine pandémie, ou pour créer du contenu viral et humoristique.

Réseaux sociaux et construction sociale : un lieu d’expression universel ?

Les réseaux sociaux impactent également notre construction sociale individuelle, rappelle Laurence Allard : “Ils aident à mieux nous connaître, mais aussi à être reconnus, et c’est quelque chose d’inédit dans l’histoire de l’humanité. Je pense que l’être soi-même passe énormément par la confiance en soi. Sur TikTok, tous les corps sont permis et bougent ensemble, ça aide à générer de la confiance en soi. Cela crée un sentiment de solidarité commune”.

Comme beaucoup de réseaux sociaux avant lui, TikTok reste pourtant très paradoxal concernant l’image du corps qu’il renvoie, notamment chez les plus jeunes. Certes, la plateforme permet de briser certains stéréotypes, en donnant la parole à des profils en dehors d’une norme blanche, cisgenre, hétérosexuelle, valide et mince. Mais il suffit de passer du temps sur Tiktok pour constater que comme sur Snapchat et Instagram, les injonctions esthétiques pèsent toujours sur les utilisateurs et, certainement plus encore, sur les utilisatrices

TikTok et son algorithme : Un safe space pour tous ?

Comme sur beaucoup de réseaux sociaux, l’algorithme de TikTok va servir à déterminer les centres d’intérêt d’un utilisateur en fonction de ses abonnements ou de son comportement sur la plateforme, afin d’identifier de nouveaux contenus susceptibles de lui plaire. Pourtant, en favorisant uniquement les publications en accord avec nos valeurs et nos convictions, le réseau social chinois ne risque-t-il pas de tomber dans les mêmes travers que YouTube ou Facebook avant lui ? Pour Laurence Allard, si l’existence d’un safe-space peut évidemment être critiquée, ce dernier permet pourtant de permettre à de nombreux utilisateurs de s’exprimer dans un climat de confiance : “C’est une bulle fermée, mais cela crée aussi un safe-space intéressant, et apprécié par certains utilisateurs”, rappelle la sociologue. Une “bulle” confortable et propice à la libre expression entre les utilisateurs, qu’il conviendra cependant d’éclater de temps à autre afin de garder en tête que d’autres opinions que les nôtres peuvent cohabiter sur les réseaux sociaux.

🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *