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Quand le réchauffement climatique métamorphose les animaux

En plus de toutes les conséquences habituelles, il semblerait que le changement climatique soit en train de transformer une partie du règne animal.

Aujourd’hui, personne ou presque n’ignore l’étendue des dégâts liés au changement climatique sur notre environnement. Le réchauffement d’origine anthropique que l’on constate depuis maintenant des années s’accompagne de tout un faisceau de conséquences variées et visibles. Il est par exemple de notoriété publique que les masses de glace des hautes latitudes fondent à une vitesse inquiétante.

Mais il y en a cependant de nombreuses autres, moins évidentes, qui pourraient facilement passer à la trappe. C’est l’un de ces effets méconnus du réchauffement climatique que viennent de mettre en évidence des chercheurs australiens; leurs travaux montrent que le dérèglement climatique pousse certains animaux à changer de forme petit à petit ! En effet, ils ont constaté que partout sur la planète, les appendices des animaux avaient tendance à devenir de plus en plus grands au fur et à mesure des générations.

Grandir pour rester au frais

L’explication de ce phénomène curieux est à chercher du côté de la règle d’Allen. Cette règle empirique, basée sur la sélection naturelle, stipule que les animaux homéothermes (à température interne constante, comme les humains) développent des appendices plus longs dans des climats chauds. Ce constat vient tout simplement du fait qu’en plus de leur fonction de base, les appendices en question jouent un rôle de radiateur. C’est grâce à eux que la majorité du surplus de chaleur est évacuée ; plus ils sont grands, plus la surface en contact avec l’air est importante, et plus ils sont efficaces pour garder une température interne constante.

Une thermographie de deux autruches. On distingue clairement le phénomène de thermorégulation au niveau des pattes et du cou. © Wiki Commons

Le souci, c’est que plus il y a de chaleur à évacuer, plus il faut de surface pour le faire ! Le réchauffement climatique a donc créé une nouvelle pression de sélection. Il semblerait que la sélection naturelle commence à favoriser les individus qui disposent de plus grands appendices, et qui sont donc plus aptes à faire face aux températures élevées.

“Aucune idée des conséquences écologiques”

Et cette tendance progresserait à une vitesse alarmante. Le bec de nombreuses espèces de perroquets aurait ainsi grandi de 4 à 10% depuis 1871. Même constat chez les mammifères : dans le cas des musaraignes et des souris des bois, on constate une augmentation comparable de la longueur de la queue et de l’épaisseur des pattes. Ces variations restent assez faibles dans l’absolu ; il ne faut donc pas s’attendre à voir pulluler des souris aux airs de Diddle ou des éléphants aux oreilles à la Dumbo dans les prochaines années. Mais d’après les chercheurs, toutes ces observations sont tout de même statistiquement corrélées au réchauffement climatique d’origine anthropique, de façon indiscutable.

D’instinct, on pourrait s’imaginer qu’il s’agit d’une bonne nouvelle, d’un signe que ces animaux sont de mieux en mieux armés pour survivre à ces conditions, mais il n’en est rien. Selon Sara Ryding, auteure de l’étude interviewée par Interesting Engineering, les changements de forme “ne signifient pas que les animaux font face au changement climatique et que tout va bien”, au contraire.

Les animaux évoluent afin de survivre au changement climatique, mais nous n’avons aucune idée des autres conséquences écologiques de ces changements.
-Sara Ryding

Il est aussi intéressant de noter que les Européens sont en moyenne 11 centimètres plus grands qu’il y a un siècle, ce qui signifie certainement que nos appendices se sont également allongés… faut-il y voir une coïncidence ? Malheureusement, l’étude des chercheurs australiens ne permet pas de répondre à cette question. Mais quoi qu’il en soit, il s’agit d’une raison de plus de multiplier les efforts pour endiguer cette crise protéiforme.

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