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Le changement d’heure ne sert plus à rien (et c’est de notre faute)

Le changement d’heure, c’est ce week-end. Mais la pratique est loin de faire l’unanimité.

Ce dimanche 26 mars, plusieurs pays du monde vont passer à l’heure d’été. Concrètement, cela aura pour conséquence de nous faire perdre une heure de sommeil dans la nuit du samedi au dimanche. Une habitude désormais bien ancrée dans l’esprit des Français, mais qui peine à justifier son intérêt depuis quelques années.

Le changement d’heure, ça sert à quoi ?

En 1973, le premier important choc pétrolier de l’histoire et l’abandon des accords de Bretton Woods précipitent le monde entier dans une crise économique sans précédent. Trois ans plus tard, la décision est prise de changer d’heure deux fois par an. Historiquement, le passage à l’heure d’été (ou d’hiver) avait ainsi pour objectif de caler notre rythme de vie — et donc notre consommation d’énergie — sur celui du Soleil. En synchronisant l’ensoleillement naturel avec nos activités humaines, le changement d’heure permettait notamment de limiter l’utilisation de l’éclairage artificiel.

Rapidement, le passage à l’heure d’été connaît une harmonisation européenne. Pour le vieux continent, c’est l’une des premières mesures communes adoptées par les États membres en faveur de la protection de l’environnement. L’initiative est inédite, mais pas nouvelle : en 1784, Benjamin Franklin évoquait déjà dans les colonnes du quotidien français Le Journal de Paris, la possibilité de décaler régulièrement nos horaires pour économiser de l’énergie. Reste qu’à cette époque, l’idée est rapidement abandonnée. L’électricité n’est pas d’actualité, et les Français vivent encore en phase avec la lumière du jour, dans une société majoritairement agricole.

En 1891, l’heure de Paris devient l’heure officielle en France. Alors que près de 50 minutes d’ensoleillement séparent l’Est de l’Ouest du pays, ce processus d’harmonisation opéré dans plusieurs pays permet d’accorder les heures européennes sur les fuseaux horaires, en se basant sur la différence de longitude entre les méridiens de chaque pays. Tout est désormais réuni pour appliquer le changement d’heure. L’Allemagne est le premier pays à sauter le cap en 1916. La France suit l’année suivante, mais connaît plusieurs bouleversements liés à la Seconde Guerre mondiale et à l’Occupation. Il faudra attendre 1976 pour que le pays introduise le changement moderne que l’on connaît. Le processus est finalement harmonisé à l’échelle européenne en 1998.

Beaucoup d’inconvénients pour peu d’avantages

À l’époque, le changement d’heure offrait des avantages énergétiques indéniables. Aujourd’hui, force est d’admettre que ce n’est plus vraiment le cas. Au point que depuis déjà quelques années, la question se pose de savoir s’il est encore pertinent d’entretenir cette politique.

Il faut dire que les innovations en matière d’énergie verte sont nombreuses, et que si nous traversons une crise énergétique sans précédent, le changement d’heure n’y est pas pour grand-chose. Selon les chiffres de l’ADEME, d’EDF et du ministère de l’Industrie, le changement d’heure produisait une économie de 10% de la consommation électrique française en 1976. En 2022, ce gain n’était plus que de 1%, soit l’équivalent de 70 000 foyers.

A contrario, le maintien du changement d’heure soulève de plus en plus d’interrogations sur les effets négatifs de l’initiative sur le sommeil et la santé du grand public. En 2019, le Parlement européen avait validé la suppression du changement d’heure, laissant à ses États membres le pouvoir de supprimer le changement d’heure. L’arrivée de la pandémie a interrompu les discussions, et pour le moment, la France maintient son habitude historique.

Il semble donc nécessaire de statuer rapidement sur le sort du changement d’heure, tout en interrogeant de nouvelles mannes pérennes en matière d’économie d’énergie. À l’heure où les prix du gaz et de l’électricité explosent, la France ne peut plus se contenter de remettre les pendules à l’heure deux fois par an.

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