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[Critique] Aladdin : nos souhaits exaucés ?

Avouons-le, dans la longue file des adaptations live des classiques Disney par Disney, peu de films d’animation nous paraissaient dignes d’être transformés en prise de vues réelles… sauf deux, Aladdin et Mulan. Il faut dire que, concernant le premier, certaines scènes du dessin animé, à l’image de l’évasion de la grotte, possédaient tous les ingrédients nécessaires au grand spectacle. Comme toujours, le résultat fait la différence entre fantasme et réalité.

Malgré dernièrement un Roi Arthur plus que discutable, on aime Guy Ritchie. Joie et allégresse donc de le voir à la tête d’un projet comme Aladdin, le bonhomme ayant matière à revisiter une histoire bien connue (celle de Disney, pas le conte originel) en y intégrant son propre style. Au bout, l’espoir de ne pas se taper une énième adaptation joliment aseptisée, que le studio aime bien nous offrir alors qu’on n’a rien demandé. Puis les premières bandes-annonces nous ont vite calmés : on va se manger du Rêve bleu, du génie de la même couleur et tout ce qu’on a déjà vu dans le dessin animé, à un ou deux rajouts près. Original ? Non. Bien foutu ? On espère encore.

Mis devant le fait accompli, le résultat est sans appel : pour ce qui est de la petite touche Guy Ritchie, on se contentera d’une ouverture bien sympathique en plan séquence. Ensuite, la personnalité du réalisateur rentre dans le moule et respect à celui ou celle qui se souviendra qui a signé les différentes adaptations d’ici une dizaine d’années. Comment ne pas se sentir frustrés lorsque le cinéaste se refuse même à glisser sa fameuse séquence racontée alors que certaines scènes se prêtent idéalement à l’exercice ?

Ce manque d’initiative (volontaire ou non, suivez notre regard) nuit-il pour autant à l’oeuvre ? On a envie de l’affirmer face à une carence en surprises, visuelles ou narratives, mais il y a une opposition de taille : le dessin animé Aladdin. Que ce soit le rythme, les personnages, les moments d’anthologie ou les chansons, le film de 1994 dévoilait peu de failles. Alors quand on nous ressert la même soupe, on a beau y perdre en fraîcheur, on apprécie toujours ce qu’on mange. Oui, le divertissement fonctionne. Oui, on se laisse emporter par les nuits d’Arabie. Aladdin reste Aladdin, à genoux, prosternez-vous, soyez ravis !

Une idée de Génie

Surtout que le long-métrage écarte rapidement notre principal doute : la capacité de Will Smith à enfiler le bleu de travail de feu Robin Williams. Incarner un Génie en live est une tâche difficile, remplacer celui qui aura donné ses lettres de noblesse au personnage encore plus.

Sauf que Will Smith n’est pas Robin Williams et ni la star, ni le scénario ne cherchent à faire illusion. Le rôle est écrit pour correspondre à la personnalité de l’acteur de sorte qu’on adhère immédiatement à ce Génie de Bel-Air, à son humour, à ses mimiques, à son charisme. De sa relation avec Aladdin jusqu’aux chansons – merci au grand compositeur oscarisé Alan Menken – en passant par son propre arc narratif, le performer montre une vraie implication, une vraie réinterprétation et une vraie générosité. Bref, le meilleur ami du film.

Une lampe pas assez frottée

Will Smith a beau être un Génie génial, il y a trois souhaits que même lui n’a pu réaliser.

Premièrement : un casting à sa hauteur. Si on apprécie que Disney n’ait pas commis l’erreur du whitewashing et ait pris le risque de sortir de sa lampe des acteurs peu connus, on ne peut pas dire que les choix furent judicieux, surtout concernant son principal trio. En redescendant la chaîne alimentaire, on peut dire que Naomi Scott s’en sort honorablement en Jasmine. Malgré des écarts, elle sait se rattraper lors des moments-clés, notamment lors de SA chanson (inédite) où elle se transcende.

Ensuite on a le jeune Mena Massoud qui a la lourde tâche d’incarner le rôle star. Tâche manifestement trop lourde, l’acteur n’ayant, la moitié du temps, jamais la justesse appropriée, se contentant bêtement de montrer toutes ses dents. Enfin, on se crispera à chaque intervention de Marwan Kenzari, Jafar constamment en surjeu, loin de son modèle bien plus machiavélique. Exagération volontaire ? Peut-être. Gênante ? Assurément. Dommage pour un personnage dont l’écriture avait l’intelligence d’en faire un miroir obscur d’Aladdin, créant ainsi notre intérêt pour un potentiel préquel dédié (mais avec une autre tête d’affiche si possible).

Deuxièmement : une vraie compréhension culturelle. Pour qu’on soit clairs, l’histoire d’Aladdin se déroule en Perse et Disney en avait déjà fait un mélange d’influences arabes et indiennes en 1994. Sauf que le long-métrage pousse ce mélange un peu trop loin en tombant parfois complètement dans le Bollywood et en oubliant les racines arabes. Pour sa défense, on dira que cette erreur fait partie intégrante de l’Histoire des États-Unis ; l’Amérique ayant été découverte par un type qui cherchait l’Inde, tomber sur l’Inde alors qu’on cherche le Moyen-Orient, c’est presque un juste retour des choses.

Troisièmement : des effets-spéciaux qui décollent la rétine. Entendons-nous, Aladdin n’est pas visuellement horrible malgré quelques séquences mal incrustées – le passage du Rêve bleu notamment -. Sauf qu’on parle d’une production d’un studio qui pesait 7,3 milliards au box-office en 2018 et qui va encore battre des records cette année. Un studio qui possède ILM, l’une des meilleures entreprises en matière d’effets-spéciaux.

Tout ça pour dire que Disney a les moyens matériels et financiers pour nous foutre des claques visuelles sur chacun de ses films pour peu qu’on laisse à la post-production la liberté et le temps de peaufiner le bébé. La quantité c’est bien, la qualité c’est mieux et si la première a été nécessaire pour s’asseoir au sommet de la colline d’Hollywood, la seconde sera nécessaire pour s’y maintenir. En attendant, on se satisfera de cet Aladdin d’apéro, amuse-bouche distrayant avant le plat principal : Le Roi Lion.

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Notre avis

Peu original, peu incarné derrière et devant la caméra, Aladdin est sauvé par une histoire qui a fait ses preuves, par un Génie d'exception et par une certaine gourmandise visuelle. Ainsi, failles et grosses ficelles n'arrivent pas à entacher véritablement le plaisir pris devant un divertissement qui ne brille pas, mais qui étincelle quand même. Sans doute la magie des nuits d'Orient.

L'avis du Journal du Geek :

Note : 6 / 10
13 commentaires
  1. Pas de white washing mais un black washing (black dyeing?) évident pour le génie. Ils auraient au moins pu prendre un acteur dont la couleur de peau est bleue.

    Aussi ils auraient pu respecter la barbiche culte de Jafar.

  2. “Malgré dernièrement un Roi Arthur plus que discutable”déjà je ne suis absolument pas d’accord, ça commence bien !

  3. Ah encore une critique bas niveau. “se taper”, “on va se manger”… le publique n’est pas composé uniquement de tes amis proches, merci de parler correctement.

    Encore un “critique” de comptoir qui prend les films et réalisateurs de haut, les jugeant en pointant du doigt.
    Du coup j’irai surement acheter le Roi Arthur ^^

  4. “le performer montre une vraie implication” Un mot a visiblement échappé à Google translate.
    Pour future références, performer se traduit par acteur/chanteur ou interprète.

  5. Il me semble pour avoir lu les mille et une nuits plusieurs fois que Alladin se passe en Inde donc lui reprocher son manque d’Arabité est un peu à côté de la plaque à mon avis.

  6. Hahaha Aladdin est sorti en 1993 en France et en 1992 aux US, déjà juste avec ça vous m’avez perdu 😂

  7. Pourquoi nous faire la comparaison avec la prestation de Robin Williams alors qu’aucun de nous ne l’a vu en VO à sa sortie en 1993 ?

  8. Il est plus aisé de comprendre la référence du morceau en VO : “Arabian Nights”. En effet, les mille et une nuits sont connus en anglais sous deux titres : “One thousand and one nights” ou “Arabian Nights”

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