Passer au contenu

Critique : Arès

La science-fiction dans le cinéma français, c’est une histoire compliquée. Notre cinéma national étant ce qu’il est, il est impossible de concurrencer les blockbusters américains du…

La science-fiction dans le cinéma français, c’est une histoire compliquée. Notre cinéma national étant ce qu’il est, il est impossible de concurrencer les blockbusters américains du genre, il faut donc miser sur l’originalité ou sur l’ambiance. Jean-Patrick Benes (Vilaine, Les Dents de la Nuit) tente tout de même le coup avec Arès . Un film solide qui se verrait bien comme le Blade Runner français, mais qui ne s’éloigne jamais des ténors du genre auxquels il rend constamment hommage, au point d’en oublier de construire sa propre identité.

1

Paris, dans pas si longtemps

Nous sommes à Paris en 2035. L’Etat n’est plus qu’une coquille vide et le pays compte 15 millions de chômeurs. Les sociétés privées ont pris le contrôle de la nation et les firmes pharmaceutiques sont plus puissantes que jamais, ce grâce aux produits dopants et autres drogues qui peuvent maintenant être pris en toute légalité. C’est dans ce contexte que nous suivons Arès, vieille gloire de l’Arena (une sorte de MMA puissance mille), sport le plus populaire du moment. Et Arès doit faire face à un choix lorsqu’on lui propose de tester une nouvelle drogue révolutionnaire.

Un film qui mise sur son ambiance, pas son scénario

Dans le futur, le dopage est légal
Dans le futur, le dopage est légal

Arès ne mise pas vraiment sur son intrigue, assez classique, mais sur son ambiance poisseuse. Pendant une heure vingt (oui, c’est court), Arès tente de devenir le Blade Runner français, exposant son ambiance désespérée et son univers qui perd totalement la boule.

Une ambiance qui fonctionne. Benes arrive à parfaitement donner de la cohésion à son univers malgré un budget ridicule comparé aux films de SF américains. Le réalisateur nous livre, intentionnellement ou non, une vision très 80-90’s de la SF en faisant écho, entre autres, à Running Man, New York 1997, Total Recall… avec, par exemple, des moments où Benes prend le temps de nous montrer la misère du futur, avec des clochards réunis autour d’un feu miteux dans des rues crasses ou des personnages résignés ayant perdu foi dans le monde dans lequel ils vivent.

Nous pouvons cependant regretter une prise de risque minimale, le film n’apportant rien de nouveau, de frais, en ne faisant que ressasser des poncifs déjà vus mille fois outre-Atlantique.

Le tout est retranscrit à l’écran par des décors toujours bien pensés, bourrés de détails qui renforcent cet aspect d’un monde à l’agonie. Même les plans aériens de Paris, modifiés avec des effets spéciaux corrects mais loin d’être extraordinaires, renforcent cette ambiance.

L'ambiance de Paris est réussie
L’ambiance de Paris est réussie

Un film intéressant, mais pas inoubliable

Pour le reste, Arès reste dans les clous, sans vraiment étonner par son histoire ou même par les propos qu’il tente de faire passer. Une simple histoire d’anti-héros qui va peu à peu prendre conscience qu’il peut changer les choses.

Si l’histoire se laisse suivre grâce à un rythme maîtrisé et des rebondissements qui ne laissent pas le temps à l’ennui, le scénario peine pourtant à installer ses personnages. Les premières minutes se déroulent dans un flou narratif assez pénible où on a du mal à réellement savoir qui est qui, ce que font les personnages et quelles sont leurs relations. On regrette également certains acteurs qui ne sont pas vraiment à l’aise dans leurs rôles, comme Hélène Fillières, qui joue une flic cliché semblant tout droit sortie d’un film américain peu inspiré. Pour sa défense, le scénario ne lui fait pas vraiment honneur, lui donnant par exemple un twist bien étrange et des répliques qui sonnent faux.

Fillières n'est pas servie par le scénario
Fillières n’est pas servie par le scénario

Mais Arès prouve tout de même qu’en France, le cinéma de SF peut toujours se montrer solide, intéressant et parfois intelligent. Il ne lui manque plus que l’étincelle.

Verdict

Arès est solide, mais ne brille pas. Arès est intelligent, mais ne surprend pas. Arès propose un univers intéressant, mais n’est pas original. Benes n’est malheureusement pas allé au bout de son sujet et propose une oeuvre au goût d’inachevé. Une oeuvre qui aurait mérité peut-être plus de temps pour se développer, ou un peu plus de soin dans son scénario afin d’exprimer son propos.

Même si Arès n’est pas LE grand-film de SF français qu’on attend plus, il permettra tout de même aux adeptes d’y trouver leur compte et fait du bien dans un paysage national dominé par les comédies.

🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.

4 commentaires
  1. J’ai vu la première BA et je me suis dit exactement la même chose.

    Du 1er degrés alors que le sujet vu mille fois, des acteurs impossible de rentrer dans le rôle, forcement ils sont écrit non pas pour les acteurs mais par le producteurs ou les scénaristes.
    De plus pas d’acteur connu, parce que comme l’avait dit un producteur, ils ont une image et la SF c’est du pop corn pour les enfants.
    Réalisation lourde et sans prétention.

    Décidément la France à un sacré problème avec la SF au ciné.

    J’hésite aussi entre la BA qui t’annonce tout le film et le cheveux rose de la fille qui fait cliché totale.

    A part le 5 ème Element et éventuellement Immortel, dur dur.

    Quand tu vois qu’en Espagne avec moins de moyens y’a largement plus tel que Autómata

    1. Tu disait vrais, j’ai regardé automata apres avoir lu ton post. je suis tres mauvais public et pourtant je dois reconnaitre que je n’ai pas vu un aussi bon film de sf depuis de nombreuses années (films americains compris). Franchement: bravo a eux, et merci a toi.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *