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[Critique] Dans la brume : Pas qu’un simple écran de fumée

Le film fantastique français (ou francophone) est si rare que chaque nouvelle proposition a de quoi intriguer. Malgré un ton parfois hésitant, Dans la brume arrive à tirer son épingle du jeu.

L’année 2018 permet de constater la bonne santé du cinéma de genre hexagonal, comme en témoigne les bons retours critique et public de Revenge et Ghostland lors du dernier festival de Gerardmer. Bien que le film du québécois Daniel Roby n’y ait pas été présenté, il avait néanmoins sa place dans la sélection. Si son affiche digne d’un blockbuster ne lui rend pas forcément hommage, elle a le mérite d’interpeller. Tout comme son synopsis, volontairement évasif.

Mathieu (Romain Duris) et Anna (Olga Kurylenko) sont séparés mais se voient souvent pour s’occuper de leur fille, Sarah (Fantine Harduin), qui vit dans une bulle en verre aménagée à cause d’une maladie l’empêchant de sortir à l’air libre. Après un léger tremblement de terre, une brume mortelle envahit Paris. Retranché dans les hauteurs de leur appartement haussmannien, le couple va devoir quitter la jeune fille. Mais la batterie de secours de son habitat ne tiendra pas longtemps.

Conscient des moyens dont il dispose, Daniel Roby n’insiste pas plus que cela sur la mise en image de la catastrophe qui sert d’élément perturbateur à son récit. Il nous gratifie malgré tout d’une scène plutôt réussie, dans les rues d’une capitale en proie à la panique. Mais c’est bien dans l’immeuble haussmannien (reconstitué pour l’occasion) que se déroulera en partie les faits.

Le québécois se sert de différents éléments dystopiques pour poser les balises narratives de son scénario. Hormis quelques équipements informatiques futuristes, seul l’énorme habitacle de la jeune Sarah dénote vraiment à l’écran, et tente de brouiller les pistes quand à l’époque filmée.

Alors que la fumée monte dans les étages, c’est aussi ce dernier qui induit la séparation des parents et de l’enfant. Le liseré qui sépare les moments de tension et d’apaisement est donc souvent trop visible. Ainsi, on peut s’étonner que cette étrange fumée s’arrête avant le dernier étage de l’immeuble, ouvrant le récit sur les toits de Paris.

Malgré cette segmentation scénaristique très prononcée, Roby fait confiance à ses acteurs pour insuffler de la gravité au propos. Le couple est d’ailleurs bien soutenu par la présence de Michel Robin et Anna Gaylor, convaincants en retraités bienveillants. Duris livre une prestation athlétique qui a même tendance à éclipser celle de sa partenaire. Les deux acteurs arrivent ainsi à maintenir le sentiment d’urgence inhérent à ce genre de productions.

La seconde partie du film lorgne gentiment sur les atmosphères post-apo dont on a été abreuvé ces dernières années, mais reste agréable. On évite pas quelques incohérences, à l’image d’un simple chien errant qui semble représenter le summum du danger au milieu du chaos, mais l’ensemble ne tombe jamais dans le grand-guignol pour justifier un quelconque effet spécial.

Cette relative modestie se retrouve dans les dialogues qui ont le bon goût de ne pas sombrer dans le pathos malgré une situation tragique. Les choix sont effectués en dépit d’un happy end classique, ce qui a pour effet de conserver l’aspect plus rationnel et européen du film.

Le traitement volontairement mystérieux qui entoure la brume peut diviser. Des éléments lacunaires dispersés ça et là semblent vouloir nous mettre sur la voie sans toutefois trouver d’explication par la suite. L’évident rapprochement avec The Mist n’a d’ailleurs pas lieu d’être, l’oeuvre ne tendant jamais vers le mysticisme.

Sans trop en dévoiler, le final de Roby dispose d’un potentiel réflexif (voire poétique) intéressant, mais survient d’une façon trop abrupte. On retiendra la fraîcheur et l’ambition générale de sa démarche plutôt que sa substantifique moelle.

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Notre avis

Bien qu’il soit assez balisé en termes de scénario, Dans la brume arrive à insuffler un peu de fraîcheur à un genre assez stéréotypé. Porté par un casting plutôt inspiré, le long-métrage de Daniel Roby propose une alternative agréable aux films catastrophe outre-Atlantique, tout en conservant un cachet hexagonal. On peut certes déplorer quelques incohérences un peu trop réfléchies pour servir le scénario, ou un final rapidement expédié, mais l'expérience est assez novatrice pour se laisser séduire.

L'avis du Journal du Geek :

Note : 6 / 10
1 commentaire
  1. Ça me fait penser à l’histoire de la BD de Jacques Martin – avec le journaliste Lefranc – dans les Alpes… Les portes de l’enfer… ou un nuage toxique recouvre toutes les vallées dans les Alpes…

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