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[Critique] Okja

Porté par une polémique qui a animé le Festival de Cannes, Okja se présente comme la première grande œuvre cinématographique produite par Netflix. Un bon départ…

Porté par une polémique qui a animé le Festival de Cannes, Okja se présente comme la première grande œuvre cinématographique produite par Netflix. Un bon départ ?

Après Snowpiercer, Okja constitue le second point d’ancrage de Bong Joon-Ho dans le cinéma populaire. Une appellation qui pourrait laisser croire que le style du sud coréen s’est adapté à un public différent, et aurait ainsi perdu de sa spécificité. Le script d’Okja sonne en effet comme un défi, que seul Netflix a voulu relever. Si le tapage autour de la question de sa production a finalement aidé à sa reconnaissance, le réalisateur signe ici un film de qualité, qui s’insère sans forcer dans une filmographie déjà réjouissante.

Depuis la disparition de ses parents, Mija vit dans les montagnes avec son grand-père et Okja, une sorte de cochon gigantesque qui veille sur elle autant qu’elle veille sur lui. Mais la bête, fait partie d’un programme d’élevage initié par Mirando, un géant de l’alimentaire qui voit dans cette dernière un moyen de produire de la viande à bas coût. Impuissante, Mija assiste à son enlèvement, mais ne se résigne pas. Assistée de défenseurs de la cause animale, elle va tout faire pour sauver son amie.

Une fois n’est pas coutume, Bong Joon-Ho se sert d’une part d’imaginaire pour imprimer un sous-texte plus profond à son film. Métaphore de la lutte des classes pour le Transperceneige, critique de l’influence américaine dans The Host, le coréen mélange les genres pour mieux les transcender. Okja ne déroge pas à la règle et forme une fable visuellement prenante, que ne renierait pas Terry Giliam ou Wes Anderson.

Le travail d’animation est excellent et insuffle à cette créature pataude une candeur communicatrice. C’est d’autant plus remarquable lors de certaines scènes, à l’image de ce kidnapping digne d’un film d’action, qui fait regretter de ne pas être en salle. Il faut également souligner le travail des acteurs, et plus particulièrement de la jeune Seo-Hyun Ahn, qui porte le film de bout en bout.

On s’étonne à partager son inquiétude et ses joies sans jamais se poser la question de la véracité de l’animal. Elle est bien épaulée par une Tilda Swinton convaincante en magnat des OGM, un Jake Gyllenhaal presque inquiétant en présentateur raté et une amusante bande de terroristes écologistes.

Ces personnages caricaturaux, presque cartoonesques permettent d’élargir le panel de spectateur, en particulier les enfants, sans trahir la portée métaphorique profonde d’un réalisateur qui ne nous avait pas habitués à la douceur. Ce changement de cap dans une filmographie marquée par la souffrance (Sea Fog), et souvent agrémentée d’un humour cathartique (Memories of Murder) pourrait justement désarçonner les fans de la première heure. Mais Okja ne leur est pas premièrement destiné.

Car les adultes y verront aussi une féroce allégorie de notre mode de consommation, toujours plus polluant et destructeur. Celui d’un monde où les géants de la production, sous prétexte de vouloir nourrir la planète, finisse par l’épuiser. Un système intensif qui ne peut aller de pair avec le bien-être des animaux, ou même l’allègement des souffrances lors de leur mise à mort.

Bong Joon-Ho se sert d’ailleurs de son épilogue comme d’un habile rappel de la question, sans tomber dans un manichéisme absolu. Il n’hésite d’ailleurs pas à se moquer gentiment d’une certaine forme d’écologistes vegan, qui ne veut plus rien manger, en soulignant malgré tout l’ardeur de leur combat. Ces vingt dernières minutes, qui redonnent du rythme à un film qui semblait s’assagir, livrent une vision limpide du fonctionnement d’un abattoir. Non sans cynisme, elles nous rappellent que l’industrie ne fonctionne que si elle est rentable.

Okja permettra probablement à Bong Joon-Ho d’élargir son public, qui découvrira le travail d’un réalisateur vraiment à part. Fable écologiste teintée de poésie, l’œuvre fait preuve d’une mise en scène parfois grandiose, qui aurait mérité le dispositif d’une véritable salle de cinéma. Plus accessible que ses précédents films, l’œuvre s’affranchit parfois (trop?) de ses tics purement coréens pour gagner en universalité. Il en résulte alors un grand film familial, qui se paye le luxe d’avoir une conscience. Ça faisait un moment.

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9 commentaires
  1. Alors deha cest horrible se film celui quia creer ce film est un sycopathe
    Il vont prendre les parents vint crever et toit les autres cochons son mort dsl poir les fote d’orthographe

    1. Ah mais non, déjà on dit pas “désolé pour les fautes d’orthographe”. Si tu le sais, tu te relis et t’en corriges un maximum. Et puis à ce niveau c’est même plus des fautes d’orthographe, c’est un problème d’élocution. Ta 2e phrase est proprement imbitable !…
      Euh, attendez tous, on arrête tout !!
      C’est un troll en fait, faut plus lui répondre !

  2. On est 3 à l’avoir vu hier et on s’est régalés. Histoire géniale, vision de l’industrie animale poussée à l’extrême. Acteurs fabuleux, images superbe, bon rythme, bons effets spéciaux, scènes d’actions au top. J’y ai vu par moment l’influence de Totoro de Miyazaki; à d’autres celles d’Emir Kusturica avec des scènes déjantées et musicales endiablées. A voir, comme les autres films de ce réalisateur.

    1. je suis plus que d’accord, j’ai immédiatement pensé à un mélange entre un style de Kusturica et Paul Thomas Anderson, film incroyable, aussi drôle joyeux et atypique que morbide et triste, je ne me remets pas de la scène des abattoirs, ça fait vraiment penser à Auschwitz, et ces animaux, fatalistes, bien plus humains que sont certains humains amplifient cette impression de tristesse. il y a certains films dont on ressort different, celui-ci en fait partie.

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