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[Critique] Verónica

C’est en 2007 qu’est né le projet Véronica. Inspiré d’une mystérieuse histoire vraie, l’affaire Vallecas qui a secoué l’Espagne en 1990, le film a attendu plus de dix ans avant de finalement sortir dans les salles obscures. Il faut dire que le long-métrage a de quoi intriguer : il se base sur des événements tragiques, les seuls à ce jour reconnus par les forces de l’ordre espagnoles comme « paranormales ». En confiant les rênes à Paco Plaza, réalisateur reconnu depuis [REC], long-métrage hissé au rang de « film d’horreur culte » dès sa sortie, le studio voulait donc faire de Véronica un projet à la portée internationale. Mais est-ce réussi ?

Histoire terriblement vraie

Véronica est une jeune adolescente de 15 ans, qui doit s’occuper seule de ses deux sœurs et de son petit frère. Son père est décédé il y a de cela quelques années et sa mère travaille toute la journée dans un bar. Un jour, alors qu’une éclipse solaire a lieu, elle décide, accompagnée de deux amies, de s’essayer au Ouija. Malheureusement, la séance tourne mal et les trois camarades assistent à un phénomène étrange. Par la suite, Véronica est victime de visions et assiste à des évènements paranormaux. Au fil des heures et des nuits, elle commence tout doucement à sombrer dans la folie et à mettre sa propre famille en danger.

La réalisation de Paco Plaza dispose d’un atout non négligeable : elle s’inspire d’une histoire vraie mais surtout d’un fait divers marquant dont on parle toujours en Espagne. Et ce qui saute rapidement aux yeux, c’est que le film s’imprègne d’une ambiance particulière, à la limite du drame familial pour nous dépeindre son propos. À l’inverse des longs-métrages stéréotypés qui se construisent toujours de la même manière, surprenant de moins en moins les spectateurs, Véronica tente une autre approche. Les personnages qui sont introduits bénéficient tous d’un soin particulier et on comprend rapidement qu’il n’est pas question de jouer sur une certaine facilité induite par le milieu de l’horreur ces dernières années. Malheureusement, tout ne marche pas comme prévu.

Le Ouija a une importance singulière dans le film

Le gros problème du film, c’est son manque de rythme. Si débuter sur une note légère et présenter Madrid sous un jour différent se veut convaincant, on aurait préféré, surtout pour ce type de réalisation, que les événements paranormaux bénéficient d’un traitement plus intelligent. Ainsi, sur les 1h45 de projection, on retrouve une mise en scène assez symptomatique de l’horreur des années 2010. Entre deux scènes angoissantes, le récit suit son cours et nous amène inévitablement là où on l’attendait sans jamais véritablement nous surprendre. C’est dommage car on sentait qu’il y avait derrière ce projet quelque chose de très intéressant à présenter au-delà même de l’histoire lugubre qu’est celle de cette adolescente. Face à la perte d’un être cher, elle se sent perdue, désemparée dans une société qui semble ne pas évoluer au même rythme qu’elle. Finalement, c’est vers le spirituel et l’occulte que Véronica se tourne et elle y rencontre ce qui ressemble bien à un cauchemar.

Un manque criant

Ce qu’on aurait souhaité avec cette réalisation, c’est qu’elle nous emmène vers une expérience à la Projet Blair Witch. Un film où tout est induit sans jamais être montré ou très peu, jouant énormément sur la réaction de ses personnages et des situations angoissantes, mettant le spectateur mal à l’aise, à la limite même du dégoût. Avec Veronica, on ressent comme une impression de déjà-vu avec des séquences intéressantes, mais trop classiques où les jump scares s’enchaînent les uns aux autres pour tenter de faire monter l’adrénaline. Véronica présente bien quelques scènes marquantes, qui devraient plaire aux puristes, mais n’a rien du choc annoncé et espéré.

Heureusement, le film est en partie sauvé par la mise en scène de Paco Plaza qui alterne des plans-séquences qui captivent l’audimat. En se focalisant sur les émotions de ses personnages et sur les environnements dans lesquels ils évoluent, le réalisateur espagnol canalise l’attention et révèle une facette pertinente du cinéma d’horreur qui mériterait d’être plus présente aujourd’hui.

De la première à la dernière minute, on ressent cette volonté d’apporter une touche de modernité dans sa façon de revisiter une histoire dont on connait forcément déjà l’épilogue. La photographie du film, dirigée par Pablo Rosso (qui a déjà officié sur la saga [REC]) est également de qualité et permet de dégager une atmosphère oppressante bienvenue.

Quant au casting, on soulignera surtout la performance de Sandra Escacena, la protagoniste du long-métrage, qui interprète avec brio le personnage de Véronica. Elle y apporte une certaine innocence et une pudeur qui confère à son rôle toute la justesse nécessaire. À l’inverse des productions hollywoodiennes qui ont tendance à s’écarter un peu trop de leur public, l’héroïne du long-métrage parait beaucoup plus humaine et proche, notamment au niveau de ses sentiments, du spectateur. Pour une première dans cet exercice, la jeune femme s’en sort admirablement bien.

Conclusion

Véronica aurait pu être un excellent film d’horreur mais il donne l’impression de s’être mis des bâtons dans les roues. Son rythme, trop faible, et sa mise en scène assez classique ne réussissent pas à convaincre pleinement. Dommage car il y avait là de quoi intriguer, notamment avec un scénario intelligent et un peu plus recherché que nombre des productions actuelles. On retiendra quelques passages marquants et surtout une direction artistique au-dessus du lot.

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5 commentaires
  1. “C’est en 2007 qu’est né le projet Véronica. Inspiré d’une mystérieuse histoire vraie, l’affaire t qui a secoué l’Espagne en 1990”

    Vous ne relisez pas vos articles en fait … on tape un truc vite fait et on publie … sérieux quoi …

    1. Bonjour Bulot.

      Il doit y avoir un problème avec ton navigateur car il est bien écrit “Inspiré d’une mystérieuse histoire vraie, l’affaire Vallecas qui a secoué l’Espagne en 1990, le film a attendu plus de dix ans avant de finalement sortir dans les salles obscures.”

      Merci en tout cas de ta sollicitude et bonne journée.

    2. L’affaire a eu lieu en 90.
      C’est en 2007 que le projet de film a débuté.
      C’est n’est que maintenant, en 2018, plus de 10 ans plus tard, que le film sort.

      Du coup, c’est quoi le problème ? Parce que c’est exactement ce qui est écrit en fait …

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