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Venom, du comics à l’écran : retour sur un personnage culte de Marvel

Enfin disponible depuis mercredi dans les salles françaises, le premier film entièrement consacré à l’ennemi juré de Spiderman se retrouve aujourd’hui tiraillé entre un large succès public (plus de 80 millions de dollars amassés lors de son premier weekend US) et une critique assassine. Pour l’occasion, le Journal du Geek vous propose aujourd’hui de revenir sur le parcours tortueux de ce protagoniste emblématique de Marvel, de sa création papier jusqu’à ses premiers pas sur le grand écran.

Les fans le savent. Bien avant de faire sa première apparition en temps que personnage à part entière, Venom est d’abord apparu sous la forme du costume noir de Spiderman. Celui -ci se dévoile pour la première fois en 1984 dans un arc narratif intitulé Secret Wars. Dans cette histoire de guerre se déroulant dans une lointaine galaxie, plusieurs super héros dont les Vengeurs et Spidey partent régénérer leurs costumes détruits à l’intérieur d’une machine. Malheureusement pour le tisseur, celui-ci se retrouve, sans le savoir, avec un nouvel habit qui s’avère être un symbiote alien.

Dans le numéro 252 de The Amazing Spiderman, commence alors véritablement la première partie de l’histoire consacrée au symbiote. Revenu sur terre, Peter Parker/Spiderman continue ses activités de justicier à l’aide de son nouveau costume qui lui procure une force et une agilité décuplées. Une aide salvatrice pour le héros, qui se retrouve cependant vite affaibli physiquement au bout de quelques temps. À l’aide de Red Richards, le leader des 4 fantastiques, l’homme araignée décide alors de se débarrasser de son costume lorsqu’il réalise que ce dernier n’est autre qu’un organisme extraterrestre vivant responsable de son épuisement.

Désormais enfermé dans la tour des 4 fantastiques, le symbiote réussit à s’échapper de sa prison et retourne chez Peter Parker pour prendre le contrôle du jeune homme. Un retournement de situation emblématique, qui engendrera une conclusion tout aussi culte au cours de laquelle Spiderman parviendra à se débarrasser de son adversaire grâce à l’intolérance de ce dernier aux ultras-sons, véritable talon d’Achille de l’alien. Ainsi, en se plaçant en haut d’une église d’où émane le son strident d’une cloche, le tisseur vient (provisoirement) à bout de son redoutable ennemi et regagne par conséquent sa liberté.

Il faut alors attendre plusieurs longs mois pour enfin voir, pour la première fois, le personnage de Venom sous sa forme la plus connue. Lors du numéro 298 d’Amazing Spiderman, paru en 1998, le lecteur découvre le nouvel hôte du symbiote : un certain Eddie Brock. Journaliste fraîchement licencié du Daily Bugle, l’homme incarne un loser enragé dont la vie paraît dénué de sens. On apprendra plus tard que le protagoniste se trouvait dans la même église que Spiderman le soir où le héros réussit à se défaire du monstre noir.

Désormais à même de prendre leur revanche, Brock et son nouvel allié extraterrestre décident d’un commun accord de tout mettre en œuvre pour détruire le tisseur new-yorkais. Durant plusieurs numéros, Venom va alors se confronter à l’homme araignée, avant de gagner en profondeur et en ambiguïté. Après avoir juré à Spiderman de ne plus jamais s’attaquer à Tante May, l’ancien journaliste atterrit en prison et rencontre le psychopathe Claytus Cassidy. Un dangereux criminel qui, au contact d’une partie du symbiote de Venom, se transforme en Carnage. Une version rouge du costume noire de l’alien couplé à la personnalité de maniaque de Cassidy.

Face à la menace que représente Carnage, Eddie Brock se range du côté de Spiderman dans le but d’arrêter le fou furieux. Et change de statut en passant d’un méchant redoutable à un anti-héros capable de jugement moral. L’occasion de voir arriver dès 1993 Maximum Carnage. Un crossover d’anthologie où le criminel au symbiote rouge s’associe à divers supers méchants que l’homme araignée tente de stopper à l’aide d’une bande de super héros composée, entre autres, de Captain America, Iron Fist et… Venom. Un arc narratif au scénario épique et aux illustrations aussi flamboyantes que luxuriantes qui reste encore à ce jour l’une des références du genre.

Par la suite, les années 90 offriront à la créature quelques affrontements mémorables, en l’opposant notamment à Iron Man puis Hulk. Deux confrontations de taille bien que peu marquantes d’un point de vue narratif.

Les années 2000 marquent un renouveau pour le personnage. Plusieurs mini-séries se mettent à exploiter le monstre sous un angle différent. En 2003, l’une d’entre elles, composée de 18 épisodes, fait de Venom une bête sanguinaire tuant ses victimes les unes après les autres dans une base en Alaska. Une direction très proche d’un récit horrifique, qui s’éloigne radicalement de la tonalité plus fantaisiste des numéros d’Amazing Spiderman.

La naissance du Scorpion

En 2005, Marvel décide d’effectuer un tournant dans la mythologie de son méchant. Dans le numéro 5 de Marvel Knights Spiderman, Eddie Brock meurt d’un cancer, et le symbiote se retrouve acheté aux enchères par Don Fortunato, le chef de la Maggia (une organisation criminelle fictive), pour le donner à son fils Angelo. Mais le symbiote ne tarde pas à se débarrasser de son nouvel hôte pour en trouver un autre en la personne de Mac Gargan alias le Scorpion, un célèbre super vilain de l’univers Spiderman. Le protagoniste devient alors officiellement la troisième version de Venom.

Un ancien ranger enfile le costume noir

Il faut attendre 2011 et le numéro 654 d’Amazing Spiderman pour découvrir le quatrième Venom. Désormais appelé Agent Venom, le symbiote prend ici possession du corps de Flash Thompson, l’ancien rival de Peter Parker au lycée. Le jeune homme devient ainsi un agent spécial qui combat le crime et rejoint, des années plus tard, la troupe des Gardiens de la Galaxie. En 2016, un nouveau changement s’opère et c’est Lee Price, un ancien ranger devenu mercenaire, qui s’accapare des pouvoirs du costume noir. Un temps seulement, car Marvel ne tarde finalement pas à faire revenir Eddie Brock dans la peau de la créature.

Durant les années suivantes et jusqu’à aujourd’hui, Venom se retrouvera ensuite attaché à Deadpool puis reviendra se mêler à un combat épique entre Spiderman, Flash Thompson (devenu entre temps Anti-Venom) et Lee Price/Maniac. Une mythologie dense, parfois complexe, pour une carrière d’anti-héros constituée de rebondissements et de nouveaux départs. Et dont la popularité ne se limite aujourd’hui plus seulement au petit monde du comic-book.

[nextpage title=”L’appel du cinéma”]

Après avoir mis en scène le Bouffon Vert et le Dr Octopus dans les deux premiers opus de ses Spiderman sortis respectivement en 2002 et 2004, Sam Raimi décide de donner vie à l’Homme Sable dans l’inévitable et très attendu troisième épisode. Mais l’envie des fans d’enfin voir Venom sur grand écran est si grande que le réalisateur d’Evil Dead cède sous la pression de sa production et inclus finalement dans le scénario le fameux protagoniste. Un choix fait à contre-cœur que Raimi avouera publiquement regretter des années plus tard. « J’ai foiré ce troisième Spider-Man » avait-t-il en effet déclaré lors du podcast de Nerdist en 2015. « Des gens m’ont haï pendant des années. Et ils me haïssent toujours pour ça ». Des propos qui font, en grande partie, références au traitement réservé à Venom au sein du long métrage.

https://youtu.be/EOBsObAhJ6M

Le combat final entre Spiderman et Venom dans le mal-aimé Spiderman 3

Celui-ci apparaît ainsi sous les traits de Topher Grace. Un acteur peu charismatique à l’apparence très éloignée de celle imaginée dans la bande dessinée. Un choix de casting étrange, qui trouve néanmoins une explication : celle de vouloir faire d’Eddie Brock le double de Peter Parker/Tobey Maguire. Spiderman et son interprète ressemblant à un jeune éphèbe, il n’est par conséquent pas si curieux que ça de voir son adversaire emprunter les mêmes caractéristiques physiques. Malgré cela, un problème majeur subsiste. Celui de l’importance accordée à Venom à l’intérieur du scénario. Trop court en dépit de ses 2h20 de projection, Spiderman 3 ne matérialise le monstre qu’à la fin de son troisième acte. Venant se greffer un peu artificiellement à la bataille finale opposant l’homme araignée à Harry Obscorn et L’Homme Sable, le méchant peine à révéler son plein potentiel. Un défaut d’écriture rageant, auquel vient s’ajouter une direction artistique discutable. Le costume de Venom, en reprenant celui de Spiderman avec les mêmes motifs de toiles d’araignées étalées sur tous le corps, s’éloigne de la masse noire et effrayante du comics, et tend à faire de la créature un simple double maléfique de Spiderman. Décevant.

11 ans après Spiderman 3, c’est au tour de Venom, film entièrement centré sur le personnage d’Eddie Brock et de son alter ego alien de voir le jour. Exit Topher Grace, c’est Tom Hardy qui se glisse cette fois dans la peau de l’anti-héros. Un choix de casting nettement plus cohérent que chez Sam Raimi, qui permet au personnage de se rapprocher, d’un point de vue purement visuel, de sa version comics d’origine. Toutefois, si le physique masculin d’Eddy Brock et le design cauchemardesque du monstre ainsi que sa mise en image numérique se font plus convaincants que par le passé, l’écriture, elle, semble tiraillée entre plusieurs inspirations. Au film d’horreur classé R-Rated que beaucoup attendaient, il faut dès lors se contenter d’un blockbuster tous publics à l’humour gênant qui manque cruellement d’envergure.

Un double constat hautement décevant en ce qui concerne Spiderman 3 et Venom, qui confirme qu’il ne suffit pas toujours de posséder un excellent méchant sur le papier pour réussir à le rendre aussi fascinant lors de sa transposition au cinéma.

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2 commentaires
  1. Il est évident que Sony voulait exploité le Venom des années millieu 90 et surtout 2000. Une période sombre pour le personnage et l’industrie du comics Marvel aussi malheureusement. Ce ne fût pas le meilleur de Marvel, cette période. L’âge d’or d’argent et de bronze est derrière eux. Donc se focaliser sur ce personnage d’Eddie ne peut rien faire de bon, sans le background avec la naissance du personnage symbiothe lié à Peter qui est emblématique. Sony s’adresse qu’a la génération z avec ce héros ou la plus jeune génération Y. Un publique limité en nombre et qui n’a connu que la médiocrité des comics Marvel de cette époque. (Hors X-Men qui sortent leur épingle du jeu avec des arc scénaristique culte).

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