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Jeux vidéo et jeux de plateau : je t’aime, moi non plus ?

À la faveur de sa PDXCon, l’éditeur de jeux vidéo Paradox Interactive a annoncé l’adaptation de ses plus fameuses licences en jeux de plateau. Une décision réfléchie qui montre la proximité de plus en plus évidente entre les deux univers.

Historiquement, le jeu de plateau a précédé le jeu vidéo. Les premiers jeux de société sont apparus dès l’entame du XXe siècle alors qui a fallu attendre, au mieux, les années 50 pour voir émerger le jeu vidéo. Depuis, ce dernier s’est toutefois nettement rattrapé avec un chiffre d’affaire de plus de 100 milliards de dollars pour 2017 quand le marché du jeu de plateau représente à peine 5% de ce chiffre.

Opposition de chiffres, mais opposition de style également. Alors que le jeu vidéo a toujours gardé un côté un peu « ermite » ou « asocial » malgré l’explosion du jeu en ligne, le jeu de plateau – ou de société donc – se joue lui… en société. Pour autant, cette opposition de façade cache des tendances que l’on peut rapprocher. Il existe d’ailleurs de très nombreuses passerelles entre ces deux mondes, et ce, depuis plus de 30 ans maintenant.

Pac-Man

Pac-Man, Zaxxon ou Tetris, les précurseurs

Cette proximité entre les deux univers du jeu vidéo et du jeu de plateau ne date pas d’hier et dès la sortie de l’immense Pac-Man en 1979, des petits malins se disent qu’il y a quelque chose à faire du côté du jeu de plateau. C’est la société Milton Bradley – MB – qui se charge des principales adaptations et pour elle, il s’agit surtout d’exploiter l’immense popularité de certaines icônes des salles d’arcade pour en faire des jeux de plateau à succès.

Ainsi, la version jeu de plateau du Pac-Man – sortie en 1982 – reprend les principaux mécanismes du jeu vidéo de Toru Iwatani : pac-gommes à avaler, déplacement du Pac-Man et des fantômes. En revanche, il n’est plus question d’un jeu solo et les joueurs déplacent tous – au choix – les cinq personnages. À eux de gérer au mieux ces déplacements pour avaler plus de pac-gommes que leurs adversaires.

Zaxxon

Toujours chez Milton Bradley, Zaxxon est sorti quelques mois plus tard parvenant à reprendre le système de progression à travers le dédale d’une forteresse surprotégée. La société MB a ensuite adapté des jeux vidéo moins connus tels que Berzerk ou Spy vs. Spy, mais c’est l’éditeur Tomy qui en 1991 s’offre LA licence jeu vidéo avec l’adaptation de Tetris qui là encore joue la carte du duel par opposition au mode solo du jeu vidéo d’Alexey Pajitnov.

Le cas particulier de Civilization

Sid Meier’s Civilization est une des licences phares de 2K Games. Ce jeu vidéo à succès est un cas étonnant : même si son créateur s’en défend, c’est un des premiers titres adaptant les mécaniques d’un jeu de plateau pour en faire le jeu vidéo que l’on connaît. Imaginé en 1980, Civilization est publié par Avalon Hill et invite jusqu’à 7 joueurs à faire prospérer leur civilisation du bassin méditerranéen de 8000 avant J.-C. à 250 avant J.-C.

Civilization

En 1991, Sid Meier’s Civilization sort sur PC et on retrouve le principe d’évolution à travers les âges, même si la couverture chronologique est plus large. Plusieurs versions succéderont à ce premier essai, mais le plus étonnant arrive ensuite lorsqu’en 2002, un jeu de plateau Sid Meier’s Civilization inspiré lui-même du jeu vidéo sort chez Eagle Games.

« Pire », une nouvelle adaptation en jeu de plateau est publiée par Fantasy Flight Games en 2010 et une troisième arrive en 2017 !

Le temps des échanges successifs

Le cas Civilization est en réalité symptomatique d’une tendance d’échanges et d’emprunts beaucoup plus réguliers entre les deux univers. Ainsi, les immenses succès du jeu vidéo continuent d’être adaptés en jeu de plateau avec – par exemple – les sorties de DOOM en 2004 chez Fantasy Flight Games ou d’Age of Empires III en 2007 chez Glenn Dover. Toujours chez Fantasy Flight Games, StarCraft bénéficie d’une adaptation plateau en 2007 alors que World of WarCraft multiplie les adaptions : The Boardgame en 2005, The Trading Card Game en 2006, The Adventure Game et The Miniatures Game en 2008…

World of WarCraft

Spécialiste du jeu de plateau, la société Asmodée emprunte elle le chemin inverse avec la création d’une structure dédiée au jeu vidéo et à l’adaptation numérique de ses principaux succès. Memoir’44 Online, Les Aventuriers du Rail et Small World 2 ont été les premiers titres ainsi adaptés – dès 2011-2012 – aussi bien en version Android, iOS que Steam. L’idée d’Asmodée Digital est simple : permettre aux amateurs de pratiquer leurs jeux favoris sans avoir à réunir ses amis. On y perd en convivialité ce qu’on y gagne en praticité.

Potion Explosion

Le succès de ces premières adaptations ayant été au rendez-vous, Asmodée Digital n’hésite plus très longtemps avant de porter ses dernières sorties jeu de plateau en jeu vidéo. Plus récemment, les excellents Splendor, Twilight Struggle et Colt Express ont eu droit à leur traitement numérique. Le dernier produit Asmodée Digital est le très familial Potion Explosion. Si le jeu est parfaitement adapté, reconnaissons que l’on perd tout le plaisir de manipuler les billes pour la fabrication des potions.

La recette fait de plus en plus d’émules et Czech Games Edition y est par exemple allé de l’adaptation de son – excellent – Through the Ages dans une version numérique, jouable en local ou en ligne, aussi intéressante qu’esthétique. Impossible évidemment de ne pas citer le remarquable Blood Bowl de Cyanide, même si quelques règles changent – pour le mieux – par rapport au jeu de plateau.

Dans le même ordre d’idées, signalons quelques autres jeux adaptés au numérique tels le très joli Tokaido, l’inévitable Uno ou le coopératif Flash Point. Bouclons la boucle avec l’annonce de Paradox. L’éditeur a profité de la PDXCon pour évoquer quatre partenariats avec des spécialistes du jeu de plateau dans le but d’adapter ses principales licences. Crusader Kings sera le premier concerné avec cette vision « joyeusement chaotique » du Moyen-Âge.

Conçu par Free League, le jeu sera disponible en novembre. Suivront les adaptations de Cities Skylines, Hearts of Iron et Europa Universalis. Ce dernier est un sympathique clin d’œil puisque Paradox s’est inspiré du jeu de plateau éponyme – français, cocorico ! – sorti en 1992 pour développer son hit.

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1 commentaire
  1. juste pour dire que c’est toujours un plaisir de retrouver Nerces et sa passion quelque part

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