Les PNJ dopés à l’IA vont bientôt transformer les jeux vidéo

Nvidia mise tout sur l’intelligence artificielle en ce moment, et il ne s’agit pas que de hardware : le géant vert veut aussi se servir de ses technologies pour révolutionner les jeux vidéo. À l’occasion de sa dernière keynote, l’entreprise a dévoilé une démo technique qui montre comment l’IA générative pourrait permettre de créer des personnages virtuels plus vrais que nature.

Cette démo, baptisée Covert Protocol, a été réalisée en collaboration avec le studio de jeu vidéo Inworld. À première vue, cela ressemble à un jeu d’investigation assez classique ; mais il s’agit en fait d’une simulation très sophistiquée, où le joueur peut interagir avec des personnages dopés à l’IA. Ces derniers peuvent s’adapter en temps réel aux actions du joueur en fonction de leur personnalité, de leur humeur et de leurs ambitions.

Ce projet est basé sur la plateforme ACE présentée il y a quelques mois. Cette dernière permet de donner vie aux personnages en utilisant l’IA générative pour générer des dialogues et des animations faciales procédurales. Ajoutez un système de reconnaissance vocale, et vous obtenez des PNJ capables de discuter avec vous de vive voix de façon dynamique et organique, sans rabâcher la même poignée de répliques préenregistrées. Un changement de paradigme total par rapport à l’approche traditionnelle.

Des personnages plus vrais que nature

Mais avec son nouveau partenariat avec Inworld, Nvidia veut aller encore plus loin. Les deux entreprises travaillent sur un système qui a vocation à rendre ces interactions encore plus authentiques. Au moment de créer un PNJ, le développeur n’a qu’à lui attribuer une liste de traits de caractère et à lui écrire une biographie, et le tour est joué. À partir de là, c’est un système d’IA générative qui se charge de synthétiser de nouvelles répliques taillées sur mesure en temps réel en s’appuyant sur la personnalité du personnage, ses connaissances, ses émotions, son background, et surtout les actions du joueur et des autres acteurs virtuels.

Inworld proposera bientôt aux développeurs professionnels et amateurs d’implémenter ce genre de fonctionnalités dans leurs jeux avec un kit de développement (SDK) dédié. Ce dernier sera disponible sous forme de plugin Unreal Engine, et sera compatible avec tous les autres sous-systèmes importants du moteur comme MetaHuman, qui permet de créer des personnages quasiment photoréalistes avec une facilité déconcertante. Il prendra aussi en charge le système de Blueprints, afin que les personnages puissent joindre les actes à la parole en réalisant spontanément tout un tas d’actions cohérentes avec leur discours.

Une preuve de concept qui laisse songeur

Certes, pour l’instant, la formule n’est pas encore au point, notamment à cause des animations faciales générées par ACE qui fleurent bon la vallée de l’étrange. En termes de qualité, nous sommes plus proches d’un titre d’ancienne génération comme The Elder Scrolls IV : Oblivion que des animations mocap des jeux AAA récents. Mais il convient de garder à l’esprit qu’il ne s’agit que d’une preuve de concept, et que le concept n’en est qu’à ses balbutiements. Ce qui est intéressant, c’est d’imaginer ce que cela pourrait donner une fois qu’il sera mature. Et il faut bien admettre que le potentiel est immense.

Imaginez une seconde qu’un tel système soit implémenté dans un RPG en monde ouvert, comme Elder Scrolls VI. Il sera possible de s’installer à la table d’une taverne pour discuter avec l’ivrogne local, d’interroger un vendeur sur ses marchandises, de se moquer d’un barbare après lui avoir rôti la moustache à coups de boules de feu, de questionner les chefs des factions sur les quêtes qu’ils proposent… et ainsi de suite. Autant dire que la plus-value pourrait être absolument phénoménale en termes d’immersion. Notamment pour les amateurs de jeux de rôle à l’ancienne qui adorent s’immiscer dans le lore d’un univers.

Il conviendra donc de suivre attentivement la montée en puissance de l’IA générative dans le domaine du jeu vidéo. Certes, tous les studios ne vont pas commencer à implémenter un tas de fonctionnalités de ce genre du jour au lendemain. Mais il est de plus en plus évident que nous sommes à l’aube d’un tournant majeur dans l’histoire de ce médium. Et la perspective d’un tel changement de paradigme est franchement grisante.

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