Passer au contenu

Cette startup veut remplacer les infirmières par des IA

Hippocratic AI compte faire passer la télémédecine dans une autre dimension grâce au soutien d’Nvidia.

La téléconsultation est parfois présentée comme une solution potentielle pour faire face aux déserts médicaux qui empêchent de nombreuses personnes de rencontrer des professionnels de santé. Mais Hippocratic AI, une entreprise qui tente d’intégrer de nouveaux outils basés sur l’IA aux protocoles de soin, veut aller encore plus loin. Dans le cadre d’un nouveau partenariat avec Nvidia, elle compte proposer un service surprenant : des infirmiers et infirmières virtuels dopés à l’IA pour dispenser des conseils médicaux.

Chacun de ces avatars dispose de sa propre spécialité. Par exemple, certains sont entraînés spécifiquement pour renseigner le patient sur le protocole qui précède une colonoscopie. D’autres sont spécialisés dans les maladies du rein, dans l’insuffisance cardiaque, et ainsi de suite. Dans une vidéo de présentation, on peut suivre une téléconsultation d’une cliente qui a récemment subi une appendicectomie. Son infirmière virtuelle, baptisée Rachel, lui indique comment prendre ses médicaments et la conduite à tenir par rapport à son diabète.

Le secteur médical américain en crise

D’après Gizmodo, ce partenariat tombe à pic pour Hippocratic, car les États-Unis sont en plein milieu d’une vraie crise des infirmières. Le média américain explique que l’année 2023 a été marquée par des grèves massives dans ce secteur. Ce corps de métier réclamait de meilleures conditions de travail, une paye revue à la hausse, et surtout des mesures gouvernementales pour garantir des effectifs stables, dans un contexte où le nombre de professionnels est largement insuffisant pour répondre à la demande.

C’est ce dernier point qu’Hippocratic veut résoudre avec son système. En permettant aux gens de demander des conseils à un assistant médical virtuel, l’entreprise espère alléger la charge des professionnels humains qui seront donc plus disponibles pour les cas qui ne nécessitent pas de soins spécifiques ou d’aide à la personne.

Des risques non négligeables

L’intention revendiquée est louable, mais elle pourrait aussi avoir des effets pervers. En effet le prix de l’offre est très intéressant : les « consultations » sont facturées 9 dollars de l’heure, contre 90 en moyenne pour les infirmiers et infirmières en chair et en os. Certains patients qui peinent à boucler les fins de mois pourraient donc se rabattre par dépit sur ce service médical au rabais.

Hippocratic Ai
© Hippocratic AI

Une perspective pas forcément réjouissante, sachant que ces avatars ne sont que des chatbots déguisés en humains — et plutôt mal animés. Or, tout le monde a pu constater sur les derniers mois que ces programmes peuvent commettre de grosses bourdes… et dans ce contexte, les conséquences pourraient être graves. C’est une chose de se tromper sur une équation mathématique ou une question de culture générale, mais c’en est une autre de donner une information imprécise ou erronée sur la compatibilité de deux traitements, par exemple.

Heureusement, les têtes pensantes de l’entreprise en sont conscientes. Le communiqué indique explicitement que ces « agents de soin » ne pourront accompagner que les patients à faible risque, et qu’ils ne pourront en aucun cas poser un diagnostic. Mais même avec ces restrictions, l’entreprise devra assurer ses arrières au niveau juridique. Dans le cas contraire, un éventuel litige risque d’être difficile à résoudre, puisque la législation sur ce genre de sujet est encore plus balbutiante que la technologie en elle-même.

Un potentiel qui reste à démontrer

En dépit de ces préoccupations, l’IA appliquée à la médecine a sans doute de beaux jours devant elle — notamment dans la science du diagnostic, où cette technologie peut être un outil formidable pour aider les praticiens humains à détecter des pathologies comme des cancers particulièrement discrets.

Reste à voir si cette approche radicalement différente aura du succès chez les patients, sachant que la composante humaine qui est si importante dans les métiers de soin passe complètement à la trappe avec un tel système. Il sera aussi intéressant d’observer si des concepts analogues pourraient émerger sur d’autres marchés comme l’Europe, où les lois relatives à la santé sont assez différentes.

🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.

1 commentaire
  1. Quand on voit l’incompétence de certaines personnes dans le domaine médical, me faire diagnostiqué par une IA ne me fait absolument pas peur.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *