C’est une nouvelle qui ne va pas plaire aux restaurateurs. À compter du 1ᵉʳ janvier 2027, les tickets-restaurant resteront utilisables en supermarché pour l’achat de produits alimentaires, et leur format papier disparaîtra définitivement au profit de la dématérialisation. Deux annonces successives, qui suscitent la colère des restaurateurs et relancent le débat sur l’équilibre du système.
Bonne nouvelle pour les consommateurs
Depuis 2022, une dérogation permettait aux bénéficiaires de titres-restaurant d’acheter en supermarché non seulement des plats prêts à consommer, mais aussi des produits alimentaires non immédiatement consommables, comme le riz, les pâtes ou l’huile. Ce dispositif, plébiscité par 96 % des Français selon une enquête d’avril 2024, avait été prolongé jusqu’à fin 2026, dans un contexte de forte inflation et de pouvoir d’achat en berne. La décision de le pérenniser au-delà de cette échéance marque un tournant : il s’agira d’inscrire le droit dans la durée, et non plus comme une simple mesure transitoire.
Mais cette évolution est loin de faire l’unanimité. Les organisations professionnelles de la restauration, dénoncent un détournement de l’esprit du ticket-restaurant, historiquement conçu pour soutenir la restauration. Elles pointent une concurrence déloyale avec la grande distribution, qui capte désormais une part croissante d’un marché estimé à 10 milliards d’euros par an.
La fin du ticket papier
L’autre annonce forte concerne la dématérialisation totale des titres-restaurant au 1ᵉʳ janvier 2027. La ministre justifie cette mesure par la lourde gestion imposée par le format papier, tant pour les restaurateurs que pour les émetteurs. Les acteurs du secteur devront bientôt anticiper la disparition des stocks physiques et adapter leurs systèmes de paiement à cette nouvelle norme.
Cette évolution s’inscrit dans la lignée des recommandations de l’Autorité de la concurrence, qui, fin 2023, avait préconisé une dématérialisation obligatoire pour moderniser le secteur et en réduire les coûts de gestion. Elle ouvre aussi la voie à des solutions innovantes, comme l’intégration sur cartes bancaires, ou le remboursement automatique des dépenses alimentaires.
Face à la grogne des restaurateurs, le gouvernement n’exclut pas d’autres ajustements. Parmi les pistes à l’étude figure l’instauration d’un double plafond : un montant plus élevé pour les dépenses en restauration, plus bas pour la grande distribution. Cette solution, soutenue par les professionnels, est envisagée depuis déjà plusieurs mois, mais sa faisabilité juridique reste à vérifier.
La réforme des titres-restaurant cristallise des enjeux économiques et sociaux majeurs. D’un côté, la pérennisation de l’usage en supermarché répond à l’attente des consommateurs et à la nécessité de préserver leur pouvoir d’achat face à la hausse des prix alimentaires. De l’autre, elle fragilise un secteur de la restauration déjà éprouvé, qui voit s’éloigner un levier de fréquentation et de chiffre d’affaires.
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