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Carnet de bord : quelles expériences de réalités virtuelles réservait le Laval Virtual 2017 ?

Cela fait maintenant trois ans que je me rends au Laval Virtual. J’ai toujours trouvé ce salon intéressant, car il permet d’observer la façon dont les entreprises adoptent, utilisent et innovent avec la réalité virtuelle. Il y a trois ans, le Laval Virtual regorgeait de sociétés spécialisées dans la formation (d’ouvriers, d’ingénieurs, de personnel médical), qui disposaient de matériel de réalité virtuelle « pro ». Il s’agissait des premiers casques de réalité virtuelle et augmentée conçus chacun par de petites entreprises avec leurs propres moyens et technologies. Des casques et des contrôleurs recouverts « d’antennes », des capteurs destinés à mieux être pris en compte par les différents récepteurs.

Un dispositif de réalité virtuelle et augmentée professionnel (oui c’est une Wiimote qu’il tient dans la main).

Des HTC Vive sur tous les stands, surtout les professionnels

À l’époque, ces professionnels prenaient un peu de haut les journalistes qui leur posaient la question de l’arrivée d’acteurs grands publics comme Oculus ou HTC. « Vous savez, la VR ça fait des années qu’on l’utilise pour nos process de formations, l’arrivée du HTC Vive ou de l’Oculus Rift, ça ne va pas changer grand-chose pour nous ». Deux ans plus tard, absolument tous les stands, que ce soient ceux de PME ou de multinationales sont équipés d’un HTC Vive ou d’un Oculus Rift et les anciens casques professionnels, que j’imagine plus chers et moins performants ont quasiment disparu du Laval Virtual. Est-ce un effet de loupe ? Peut-être, puiqu’on remarque que le salon s’est un peu plus ouvert au grand public. Il faut dire que les entreprises dites B2B (business to business, qui ne vendent des services ou des produits qu’à des entreprises) sont moins présentes dans les allées du Laval Virtual que les années précédentes.

Le HTC Vive était présent sur la très grande majorité des stands du salon.

Mais la tendance est bien là : l’Oculus Rift et surtout le HTC Vive, grâce à ses contrôleurs capables de se repérer dans l’espace, ont été adoptés par tous les acteurs de la VR. Sur le papier cela n’a que des avantages : les avancées réalisées par les entreprises B2B profiteront plus rapidement aux sociétés grand public. Mais pour quoi faire exactement ? Cette année encore, les usages de la VR m’ont semblé encore assez flous, pour ne pas dire décevants.

De la VR pour « téléporter » des experts

Passons rapidement sur ce que proposaient la moitié des stands du Laval Virtual : la formation, l’apprentissage et la « téléportation » des experts. Un terme que j’ai bien vu trois ou quatre fois sur le salon. Cette année, c’était surtout la réalité mixte et augmentée qui était à l’honneur sur les stands professionnels. Microsoft avait ainsi investi dans l’un des plus grands stands du salon pour présenter aux professionnels son Hololens. Le géant américain a de grandes ambitions pour son casque, qu’il tente désormais de vendre aux entreprises. Un de ses représentants m’a ainsi expliqué que ThyssenKrupp, un spécialiste de la maintenance d’ascenseur, avait équipé ses employés d’Hololens afin que ceux-ci puissent faire appel à un ingénieur lorsqu’ils rencontrent un cas problématique et le résoudre à deux.

Il y avait beaucoup d’Hololens dans les allées du Laval Virtual cette année.

« Hololens, c’est super pour faire des démos aux clients, mais on a jamais réussi à en refiler un seul à nos clients » m’a ensuite expliqué un développeur d’une start-up spécialisé dans le contenu en réalité virtuelle que j’ai croisé un peu plus tard. « Le casque est trop difficile à industrialiser. Il résiste assez mal à des conditions environnementales difficiles, notamment les milieux humides et ses trois heures d’autonomie se prêtent mal à certaines formations qui peuvent durer longtemps ». La critique est dure, d’autant plus que la technologie est assez jeune, mais elle reflète surtout les craintes de jeunes entreprises qui doivent désormais compter sur les produits de grandes sociétés pour survivre.

Le casque de réalité mixte de Daqri.

Et déjà de nouvelles entreprises commencent à investir le champ de la réalité augmentée. À l’instar de Daqri et de son Smart Helmet, qui se positionnent déjà comme un sérieux concurrent de l’Hololens. Le principe est identique au casque de Microsoft : il affiche des éléments virtuels dans la réalité. Et il s’adresse là encore essentiellement aux professionnels et aux industries, avec des caractéristiques techniques qui font de ce casque un objet un peu plus résistant que l’Hololens. Une concurrence qui ne fait pas de mal.

[nextpage title=”La VR, oui, mais pour quoi faire ?”]

Formation, divertissement, publicité, les trois mamelles actuelles de la réalité virtuelle

Et pour la réalité virtuelle en elle-même alors ? Disons que les usages qui en sont faits sont de trois natures sur le Laval Virtual : le formation et la rééducation médicale, le divertissement et… la publicité. On passe rapidement sur l’aspect thérapeutique de la réalité virtuelle. Sur le stand de HTC, par exemple, on pouvait voir des démos d’un logiciel permettant d’apprendre aux sages-femmes les principaux gestes pour s’occuper d’un bébé juste après sa naissance. La société Virtualis, que l’on avait déjà croisée l’année dernière, proposait également un simulateur de mal de mer — avec une plateforme mouvante prenant en compte les appuis du patient — pour désensibiliser les patients aux différents maux des transports.

Sur le stand deu HTC Vive, une démo de formation de sage-femme.
Un simulateur de mal de mer pour se désensibiliser au mal des transports chez Virtualis.

Le divertissement était également l’un des principaux axes de développement de la VR présenté au Laval Virtual. Partouche a ainsi une fois de plus déplacé son Roller Blaster, un roller coaster virtuel (en fait un cinéma dynamique en VR) où quatre personnes peuvent tirer sur des cibles durant une petite démo de 5 minutes. L’expérience était sympathique, sans être franchement transcendante pour un habitué de la VR, mais il ne faut pas oublier que si démocratisation de la VR il y a, c’est bien par ce genre d’attraction qu’elle passera. Je passe également sur les nombreuses démos de tir à l’arc en VR (j’en ai vu au moins trois différentes), courses poursuites et autres shooter sur rail que l’on voyait ici et là. Il fallait descendre voir les projets étudiants — audacieux et originaux — pour trouver quelques idées exploitant la VR de façon originale.

Le manège virtuel du stand Partouche.

Dernier axe de développement, la publicité. Lactel, par exemple disposait d’un petit stand avec un HTC Vive dans lequel il fallait… faire des crêpes dans un simulateur de cuisine. En fait, la publicité permet aux jeunes entreprises spécialisées dans la VR de proposer aux marques des « expériences » afin de mieux mettre leurs produits en avant. Sur le stand d’un de ces développeurs de contenu en réalité virtuelle se trouvait également une démo nécessitant de longer corniche en haut d’un immeuble pour… récupérer un parfum. Mouai.

Faire des crêpes dans un simulateur de cuisine. Est-ce vraiment la réalité virtuelle que nous voulons ?
Encore de la publicité ici avec une expérience en VR demandant de longer un mur pour… prendre un parfum.

Des petits projets, loufoques et originaux

Enfin, comment ne pas parler des nombreux petits projets en réalité virtuelle qui font toujours le sel de ce salon. Comme tous les ans, de nombreux projets japonais étaient présents sur place. « Real Baby, Real Family » était de loin le projet le plus bizarre de ce salon. Il fallait en effet apprendre à s’occuper d’un bébé en réalité virtuelle, à le coucher, le calmer et à repérer ses différents comportements. Pour renforcer « l’immersion », les développeurs prennent une photo de la tête de l’utilisateur afin de la projeter sur celle du bébé, de façon à ce qu’il lui ressemble. On ne va pas vous cacher que c’était plutôt raté. Au-delà de la technique un peu déficiente, le projet a un but louable : donner envie aux couples japonais de faire des enfants. Un véritable problème national tant la natalité est en chute libre.

J’ai également vu beaucoup d’autres projets plus ou moins farfelus et plus ou moins ambitieux. Je passe très rapidement sur cette démo de gravité zéro qui permettait de tester des sauts sur la lune, le tout harnaché à un dispositif relié à un poids qui faisait décoller l’utilisateur. Bof bof. Plus intrigant, Table Tennis Trainer est une table de tennis de table avec un dispositif de réalité augmenté. Un dispositif capable à la fois de traquer les rebonds de la balle, mais aussi d’afficher des cercles sur la table afin d’améliorer sa précision ou sa vitesse. C’était l’un des stands qui avait le plus de succès du salon.

Expérimenter la gravité zéro à l’aide d’un casque de VR et d’un système de poids, c’est possible.

Je suis ressorti du Laval Virtual avec un sentiment très mitigé. Un sentiment peut-être injuste, à la réflexion. Maintenant que la réalité virtuelle est devenue presque banale, qu’elle n’impressionne plus, les avancées et les bonds en avant ne sont plus aussi impressionnants qu’avant. Il n’empêche, plus d’un an et demi après la sortie de casque de réalité virtuelle grand public, ce n’est pas dans ce salon que j’ai vu un concept, une idée ou une exploitation réellement innovante de la réalité virtuelle, une idée qui pourrait accélérer son adoption. Après deux ans de promesses sensationnelles, voir la réalité virtuelle utilisée presque exclusivement pour des projets professionnels, pour de la publicité ou la transformer en borne d’arcade est un peu décevant.

Le Laval Virtual se tiendra jusqu’au dimanche 26 mars prochain à Laval. Le salon est ouvert le week-end au public. Si vous la réalité virtuelle vous intéresse, c’est un rendez-vous obligatoire et passionnant.

Le site officiel du Laval Virtual

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