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Que font ces deux objets rouges dans la ceinture d’astéroïdes ?

Des astronomes japonais ont repéré deux curieux objets, inhabituellement rouges, au sein de la ceinture d’astéroïdes. Ils pourraient bien provenir des confins du système solaire.

Des astronomes de la JAXA, l’agence spatiale japonaise, ont récemment fait une drôle de découverte. Au sein de la ceinture d’astéroïdes, entre Mars et Jupiter, ils ont repéré deux objets qui n’ont en apparence rien à faire là; ils pourraient en fait venir de bien plus loin.

Ce qui a attiré l’œil des scientifiques sur 203 Pompeja et 269 Justitia, c’est avant tout leur couleur; ils apparaissent rouge vif, contrairement à tous leurs voisins. Une caractéristique curieuse, car habituellement, les objets situés dans cette zone ont davantage tendance à refléter les tons bleus.

Cette teinte rouge si particulière est en fait le témoin de la présence de molécules organiques comme le carbone ou le méthane. Or, trouver ces molécules n’est pas anodin. Il pourrait s’agir de certains des éléments dont la vie a fini par émerger. En général, c’est plutôt une caractéristique observée chez les objets vers l’extérieur du Système Solaire. Car la condition pour former ces molécules organiques, c’est la présence de glace, qui doit ensuite être bombardée par le rayonnement solaire.

Le chaos du début de l’Univers

Comment expliquer la présence de 203 Pompeja et 269 Justitia, dans ce cas ? L’explication la plus excitante, mais aussi la plus plausible est à chercher dans le chaos des premiers moments de l’univers. Car il y a 4 milliards d’années, notre système solaire n’était pas le havre de régularité bien établi et stabilisé que l’on connaît aujourd’hui. C’était un capharnaüm permanent; chaque corps céleste cherchait sa place et tentait tant bien que mal de se faire une place sur une orbite du Soleil. Et avec des monstres comme Jupiter et Saturne en roue libre, cette installation ne s’est pas faite paisiblement. À cause des immenses forces gravitationnelles en jeu, le système solaire n’était qu’un vaste jeu de chamboule-tout, avec des morceaux de roche et de glace catapultés tous azimuts en permanence.

C’est ainsi que s’est formée la ceinture d’astéroïdes; c’est une sorte de cimetière, où sont venus s’échouer d’innombrables fragments issus des impacts titanesques entre corps célestes. Et parmi tous ces débris, la présence de 203 Pompeja et 269 Justitia pourrait être une manifestation de ces mouvements; ils viendraient donc de la ceinture de Kuiper, au-delà de Neptune. Cette théorie, si elle était exacte, aurait un certain nombre d’implications. En premier lieu, il s’agirait d’un argument solide en faveur du Modèle de Nice.

Un signe de la migration des planètes ?

Ce scénario de formation du système solaire, né sur la Côte d’Azur, suggère qu’au courant de leur histoire, Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune auraient été embarqués dans une série d’interactions complexes qui a fini par les déplacer de manière significative. Cette migration aurait perturbé l’orbite d’autres corps célestes; ceux-ci se seraient alors retrouvés catapultés en direction du Soleil avant de rester coincés dans la ceinture d’astéroïdes.

Pour les chercheurs, c’est une belle trouvaille. La plupart des objets issus de la ceinture de Kuiper sont extrêmement fugaces et difficiles à observer; une tragédie, car ils ont une valeur scientifique immense dans l’étude des origines de la vie. En revanche, 203 Pompeja et 269 Justitia, eux, sont bien sagement parqués sur leur orbite à environ 3 unités astronomiques de distance. Soit beaucoup, beaucoup plus proche que la ceinture de Kuiper (30 à 50 UA de distance) d’où ils proviennent. Une aubaine, puisque cela permettrait d’y envoyer une sonde sans devoir patienter des dizaines d’années. Les astronomes pourraient alors confirmer l’origine de ces deux objets; s’il s’avère qu’ils venaient bien de la ceinture de Kuiper, ils constitueraient alors une formidable fenêtre sur les confins du système solaire… et une étape d’envergure dans notre quête des origines de la vie.

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4 commentaires
  1. Bonjour,

    Il y a consensus sur leur nature…
    Ce sont des burnes de géant.
    Et si elles entrent dans l’atmosphère terrestre, elles deviendront violettes avec la friction.

    Cordialement,
    Lyzbeth d’Andrésy.

  2. Bonjour, je crains que votre évocation du modèle de Nice ne soit inexacte : Jupiter s’est rapprochée de soleil, suivie par Saturne qui l’a rattrapée, puis elles sont entrées en résonance orbitale pour s’écarter toutes deux du soleil, en chassant toutes sortes d’objets et en repoussant Uranus et Neptune vers l’extérieur. Cordialement.

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