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La NASA enferme quatre personnes dans une fausse base martienne

Les quatre occupants du Mars Dune Alpha vont passer une année entière à explorer les enjeux de la vie sur Mars.

Le 25 juillet, un groupe d’Américains a débuté une aventure un peu particulière : ils s’apprêtent à passer une année entière dans une base martienne — mais sans quitter la Terre pour autant. Ils sont désormais enfermés au célèbre Johnson Space Center de la NASA, à Houston, où ils seront surveillés en permanence par une équipe de chercheurs qui étudie les enjeux techniques et psychologiques et de la vie sur la Planète rouge.

D’après CollectSpace, les quatre volontaires ne sont pas des astronautes à proprement parler. Aucun d’entre eux n’a jamais voyagé dans l’espace. En revanche, ils ont tous été soumis au même protocole de sélection que les professionnels de la NASA.

Un quatuor de quasi-astronautes

Comme ces derniers, les candidats devaient tous avoir suivi un cursus scientifique ou une formation d’ingénieur, avec des points bonus pour les pilotes et les militaires. Ils ont également dû se soumettre à une batterie de tests physiques et psychologiques très exigeants.

Au terme du processus, la NASA a sélectionné un équipage de quatre quasi-astronautes. La première est Kelly Haston, une chercheuse en biologie qui a hérité du poste de commandant de mission. Vient ensuite Ross Brockwell, un ingénieur structurel qui officie en tant qu’ingénieur de vol. Nathan Jones, ancien médecin urgentiste, a été sélectionné en tant qu’officier médical. La dernière place est occupée par Anca Selariu, une biologiste structurale qui sera responsable de la partie scientifique.

La psychologie au cœur de l’expérience

Le quatuor a pris ses quartiers à l’intérieur de Mars Dune Alpha (MDA). Il s’agit d’une structure imprimée en 3D d’environ 150 m² dont l’objectif est de simuler l’environnement auquel les futurs colons martiens seront confrontés.

Or, à cause des temps de trajet relativement longs, il est virtuellement impossible d’envisager une mission de courte durée sur Mars. Le premier défi de ce genre de projet, c’est donc de supporter l’isolement dans un espace confiné sur une période prolongée. Et pour reproduire aux mieux les conditions d’une vraie mission, les membres de cet équipage vont devoir donner de leur personne. Ils vont rester enfermés dans le MDA pendant une année entière. Cela signifie qu’ils ne verront plus le ciel avant juin 2024.

Cela permettra aux chercheurs d’étudier plusieurs aspects d’une telle mission. En premier lieu, il faudra tenir compte de l’aspect psychologique de cette isolement . La pandémie de Covid-19 a déjà prouvé que le fait d’être coupé du monde peut être difficile à supporter, et bien évidemment, cela le sera encore davantage pour des astronautes exilés à 350 millions de kilomètres de la Terre.

Ils devront donc apprendre à maintenir un état d’esprit sain sur toute la durée de l’expérience; même si Hollywood s’en frotterait probablement les mains, il serait regrettable qu’une future expédition martienne se termine en bain de sang à huis clos. Des psychologues vont suivre leurs moindres faits et gestes. Leurs conclusions permettront d’imaginer de nouveaux aménagements pour rendre le séjour aussi tolérable que possible.

Un emploi du temps très chargé

Et l’isolement n’est pas la seule contrainte que la NASA va tâcher de reproduire. Même s’il sera surveillé, en pratique, l’équipage sera plus ou moins livré à lui-même comme lors d’une vraie mission martienne. La NASA n’ouvrira la capsule prématurément qu’en cas d’urgence absolue.

Or, vivre ainsi en autonomie implique un grand nombre de corvées relativement chronophages. Ils devront par exemple veiller sur des cultures de végétaux, préparer et conditionner de la nourriture, ou encore assurer la maintenance de tous les équipements — et tout ça en plus de leurs activités scientifiques.

Ils devront aussi accorder un temps considérable à l’exercice physique. C’est fondamental pour compenser les effets de la gravité martienne. Puisque cette dernière est moins intense que celle de la terre, les futurs colons risquent de développer une atrophie musculaire lourde de conséquences, et seule l’activité physique permet d’y remédier. Certes, la NASA ne pourra pas reproduire la gravité martienne à l’intérieur du MDA ; mais il est important d’intégrer cette partie du planning aux simulations pour qu’elles soient le plus représentatives possible.

Les quatre occupants devront veiller à maintenir une hygiène personnelle irréprochable et à conserver un habitat immaculé. C’est évidemment fondamental dans tout environnement de travail, mais ici, il ne s’agit pas seulement d’éviter des effluves nauséabonds. Dans un espace clos de ce genre, le moindre germe peut rapidement poser de gros problèmes. Il faut donc lutter activement contre la prolifération du moindre micro-organisme, ce qui implique d’être particulièrement méticuleux lors de l’entretien.

Des mauvaises surprises pour la bonne cause

Au-delà de ces corvées de routine, la NASA réserve aussi quelques surprises aux quatre volontaires. Selon CollectSpace, les responsables du projet vont profiter de ce long jeu de rôle pour tester certains scénarios problématiques.

Durant leur séjour, les “astronautes” vont régulièrement se retrouver confrontés à des problèmes inattendus. La NASA n’a pas précisé ce dont il s’agissait. Mais il pourrait s’agir de soucis sérieux qui nécessitent une réaction rapide et coordonnée. Par exemple, l’agence pourrait leur imposer une panne du système de support de vie, qui gère notamment l’approvisionnement en eau et en oxygène.

L’objectif n’est pas de torturer les occupants. Lors des premières vraies missions de colonisation, il est quasiment inenvisageable que tout se déroule comme prévu. Il y aura forcément quelques soucis qui viendront mettre des bâtons dans les roues de l’équipage. Il est donc indispensable de s’y préparer en amont pour éviter que la survie des astronautes ne dépende d’un éclair de génie à la MacGyver. En observant comment les volontaires réagissent face à ces facteurs de stress, la NASA pourra ainsi établir des procédures claires qui éviteront aux colons de devoir improviser.

Pour rappel, ce n’est pas la première fois qu’une agence spatiale organise une expérience de ce type. L’exemple le plus connu est certainement celui du programme Mars500, mené conjointement par l’ESA, la Russie et la Chine entre 2007 et 2011. Mais à une époque où le concept de colonisation interplanétaire devient de plus en plus tangible, il est important de réaliser un nouvel état des lieux. Il sera donc très intéressant de se pencher sur les conclusions de cette expérience une fois que l’équipage aura émergé du MDA, à l’été 2024.

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