Passer au contenu

Rockstar a vendu des versions crackées de ses jeux sur Steam

Pour contourner des problèmes de compatibilité liés aux protections anti-pirates de certains vieux jeux, Rockstar a eu recours à des versions crackées par des groupes comme RAZOR 1911.

Ironie, quand tu nous tiens. Ces dernières années, Rockstar et sa maison-mère Take Two ont pris l’habitude de lutter de façon particulièrement agressive contre les développeurs qui effectuent de la rétro-ingénierie de ses jeux ou publient des mods de triches… alors que le studio a pourtant vendu des copies pirates de ses propres jeux sur Steam pendant des années. Cela ne concerne aucun jeu récent, comme les célèbres GTA, mais des titres plus anciens dont la protection anti-piratage souffrait de problèmes de compatibilité.

Pour retrouver l’origine de cette controverse, il faut remonter en 2008, date à laquelle Rockstar a commencé à ouvrir son catalogue aux joueurs PC via Steam. Certains de ces portages ont été particulièrement laborieux. De nombreux jeux étaient enterrés sous plusieurs couches de DRM, des programmes dont l’objectif est de protéger leurs créations contre les modifications non souhaitées (et, par extension, contre le piratage).

Des versions piratées vendues sur Steam

Le problème, c’est que cela pose de gros problèmes de compatibilité entre les plateformes. Par exemple, une première couche de DRM baptisée SecuROM, notamment utilisée sur des jeux comme Manhunt, est chargée de vérifier que le disque d’installation original est bien présent lorsque le jeu est lancé. Or, ce n’est évidemment pas le cas lorsque le jeu est téléchargé via des plateformes modernes comme Steam.

Résultat : les premières versions PC étaient considérées comme des copies trafiquées. Or, dans ce cas, certains DRM sont explicitement programmés pour rendre le jeu quasiment injouable en bloquant par exemple des checkpoints indispensables, ou même en faisant carrément planter le programme. Certains jeux comme Manhunt étaient pratiquement inutilisables sur PC.

Le souci, c’est que ces mêmes DRM semblent avoir empêché les développeurs de décortiquer les fichiers du jeu pour retirer ou modifier ces couches de protection. Et apparemment, Rockstar n’avait plus accès au code source de ces titres sortis au tout début du millénaire, ou n’avait tout simplement pas l’intention de consacrer des ressources au développement d’un nouvel exécutable capable de fonctionner sans CD.

Le studio a donc opté pour une alternative assez hallucinante. Une enquête du YouTubeur Vadim M  a montré que Rockstar a tout simplement publié des copies pirates de certains jeux. Au lieu de recompiler une version fonctionnelle, le studio s’est rabattu sur des exécutables dont les protections DRM ont été retirées par des groupes de rétro-ingénierie qui avaient cracké ces jeux des années auparavant.

Les acheteurs punis par les mesures anti-piraterie

Cette vidéo a incité d’autres acteurs à mener l’enquête. Et certains ont trouvé d’autres preuves accablantes de ces pratiques. En décortiquant l’exécutable de Midnight Club 2, le moddeur Silent a trouvé que le code contenait la signature de RAZOR 1911, un des plus anciens groupes de warez.

Or, ces cracks ont eux-mêmes apporté leur lot de problèmes. En effet, Steam possède aussi ses propres systèmes de vérification du code des exécutables, afin d’éviter que des pirates ne puissent se servir de la plateforme pour distribuer du code malveillant bien caché dans certains jeux. Et selon Silent, ces vieux cracks qui fonctionnaient bien dans les anciennes versions standalone de ces jeux causaient donc des tas de plantages dans leur version Steam. Résultat, selon Vadim M, ce sont les acheteurs de la version légale qui ont subi les mesures de protection initialement destinées aux pirates…

Pour rappel, Rockstar a déjà été suspecté d’avoir recours à ce genre de pratiques par le passé. À la fin des années 2000, certains petits futés avaient notamment trouvé le logo du groupe de warez Myth dans l’exécutable de Max Payne 2.

Le débat autour des DRM reprend de plus belle

Pour l’instant, Rockstar n’a pas réagi à ces révélations. Mais cette affaire n’a pas manqué de relancer le débat autour de la pertinence des DRM. Car s’il est tout à fait légitime que les studios souhaitent protéger leur propriété intellectuelle, ces mesures sont souvent implémentées de façon assez problématique.

Ces dernières années, c’est Denuvo, le plus célèbre d’entre eux, qui a régulièrement exaspéré les joueurs. Il est en effet réputé pour son impact désastreux sur les performances des jeux qu’il est censé protéger. Et c’est un gros problème, car cela revient à punir les joueurs qui acquièrent le jeu légalement… sans pour autant empêcher les pirates de faire leur office, puisque de nombreux jeux sont crackés dans les jours ou les semaines qui suivent leur sortie.

Mais au bout du compte, le plus ennuyeux, c’est que ces DRM ont aussi tendance à bloquer complètement l’accès à des vieux jeux, comme nous l’avons constaté avec Manhunt et consorts. A terme, cela pourrait se traduire par une perte complète d’un pan entier du patrimoine vidéoludique. Il devient donc urgent de trouver de nouvelles approches pour éviter cette issue regrettable.

🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.

Source : Vadim M

1 commentaire
  1. Les DRM sont illegaux en France.
    et vive le dématérialisé qui ne marche jamais.

    Donc arrêtez de glorifier le comportement illegal des editeurs, et maintenant c’est trop tard pour faire marche arrière pour la dématerialisation, même assassin’s creed qui sortait des versions avec des figurines et un vrai contenus matériels se retrouve maintenant à coller 3 NFT dans la version premium…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Mode