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Le premier spatioport d’Europe de l’Ouest reçoit sa licence de lancement

Le spatioport de SaxaVox, dans l’archipel des îles Shetland, est le premier site à recevoir l’autorisation de procéder à des lancements verticaux en Europe de l’Ouest. Il servira de base de lancements aux jeunes pousses de l’aérospatiale européenne.

C’est officiel : la Civil Aviation Authority (CAA) britannique vient d’accorder sa licence au spatioport de SaxaVord, dans l’archipel des îles Shetland. Le Vieux Continent dispose enfin d’un site à partir duquel lancer des fusées — une bonne nouvelle pour l’aérospatiale privée de nos contrées.

Pour être rigoureux, il ne s’agit techniquementpas du tout premier spatioport dans notre région de l’Europe. Cet honneur revient au Spaceport Cornwall, dans le sud de l’Angleterre. La CAA avait déjà accordé une licence à cette base en 2022. Mais ce document couvrait uniquement les tirs du LauncherOne de Virgin Orbit — un appareil qui décollait à l’horizontale à l’aide d’un avion porteur, avant qu’il ne soit mis à la retraite forcée avec la faillite de l’entreprise en avril dernier.

Le spatioport de SaxaVord devient donc le premier site autorisé à procéder à des lancements verticaux en Europe de l’Ouest. Jusqu’à présent, les seuls spatioports sur le sol européen étaient tous situés à plusieurs milliers de kilomètres à l’Est de la France, pour la plupart en ex-USSR. On peut notamment citer Baikonour au Kazakhstan ou Vostochny en Russie.

Un petit spatioport pour lanceurs légers

Celui de SaxaVox est nettement moins grand que ces deux sites historiques. Il se rapproche plus du centre spatial d’Andøya, en Norvège. Il n’a pas vocation à lancer des fusées lourdes du même calibre qu’Ariane, par exemple. Ce sera surtout un terrain de jeu pour les jeunes pousses de l’aérospatiale européenne comme ABL Space Systems, Rocket Factory Augsburg, Skyrora et HyImpulse.

Instinctivement, on pourrait se demander pourquoi l’Europe n’a pas entrepris la construction d’un tel site plus tôt. Après tout, cela aurait permis de s’épargner le voyage d’environ 7000 km vers le spatioport de Kourou, en Guyane française. Mais il y a de bonnes raisons pour lesquelles la famille Ariane est toujours passée par ce pèlerinage d’environ 7000 kilomètres.

En particulier, la Guyane a l’avantage d’être très proche de l’équateur. Or, à cette latitude, la vitesse de rotation absolue de la Terre est la plus importante (environ 1670 km/h). Ce surplus de vitesse peut être exploité pour donner davantage de vitesse aux fusées. Lorsqu’ils décollent dans le sens de rotation de la planète, à savoir vers l’Est, le principe de conservation du moment cinétique fait que les lanceurs bénéficient d’un surplus de vitesse initiale. Cela signifie qu’il faut fournir moins de poussée (et donc de carburant) pour atteindre la vitesse nécessaire à l’insertion en orbite.

C’est un avantage significatif, en particulier pour les lanceurs lourds. Par exemple, Ariane 5 devait atteindre près de 30 000 km/h en moyenne pour s’installer en orbite terrestre basse. Et propulser un engin de plusieurs centaines de tonnes à cette vitesse n’est pas chose aisée. Dans ce contexte, chaque kilomètre/heure supplémentaire est bon à prendre.

En revanche, les lanceurs légers comme ceux d’ABL et consorts ont besoin de moins d’énergie pour atteindre leur vélocité orbitale. Il serait donc moins intéressant de faire le voyage jusqu’à l’équateur, car ces petits engins bénéficient moins de la vitesse de rotation de la Terre. En termes logistiques, les petits poucets ont donc tout à gagner à partir depuis une base plus proche géographiquement, comme celle de SaxaVord.

D’autres spatioports en construction au Royaume-Uni

D’ailleurs, ce ne sera probablement pas le seul spatioport à ouvrir ses portes en Europe de l’ouest. Un autre site équivalent devrait ouvrir ses portes à Sutherland, en Écosse, dans un futur proche.

Selon Colin MacLeod, chef de la régulation du vol spatial au CAA cité par SpaceNews, cinq à sept autres entreprises cherchent aussi à ouvrir leurs propres bases au Royaume-Uni. De quoi faire de nos voisins d’outre-Manche une plaque tournante de l’aérospatiale privée européenne qui est en train d’éclore en ce moment.

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Source : SaxaVord

2 commentaires
  1. À plus de 60° de latitude Nord ?!!! Probablement le pire endroit pour y installer un site de lancement de fusée, même “petites”. Ça va bien faire plaisir au pays nordiques situés à l’Est du site, sur la trajectoire des fusées qui décollent…

    1. Aucun problème pour un lancement vers le nord pour lequel l effet de fronde de l Équateur est inutile. Ce qui est le cas de 95% des lancements de mini lanceurs pour un placement du satellite sur une orbite polaire.

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