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À Dubaï, une inondation record relance la polémique sur la pluie artificielle

Les météorologues affirment que l’ensemencement de nuages n’a rien à voir avec les pluies diluviennes qui ont frappé les Émirats arabes unis.

En début de semaine, les Émirats arabes unis ont été frappés par un véritable déluge, avec l’équivalent de presque deux années entières de précipitations qui se sont abattues sur le pays rien que sur la journée de mardi. Cet événement a donné lieu à des scènes frappantes, avec des inondations qui s’étendaient à perte de vue.

C’était notamment le cas à Dubaï, qui jouit d’une exposition toute particulière à cause de son statut de haut lieu du tourisme haut de gamme. De nombreuses images spectaculaires de l’incident météorologique ont donc circulé sur la toile, devant les yeux médusés de nombreux internautes qui n’ont pas l’habitude d’assister à ce genre de scène au beau milieu du désert arabe.

 

C’est quoi, l’ensemencement de nuages ?

Et comme c’est souvent le cas sur les réseaux sociaux, cette perplexité a vite donné lieu à de nombreuses spéculations. En effet, le gouvernement des Émirats fait partie des institutions qui ont recours à l’ensemencement de nuages, une technique qui a pour objectif d’influencer la météo locale. Tout commence avec des nuages “fertiles”, qui contiennent des gouttelettes d’eau en état de surfusion. Cela signifie qu’elles demeurent dans un état liquide, même si le mercure descend en dessous de la température où elles sont censées se transformer en glace.

Si elles refusent de geler, c’est parce qu’il leur manque un élément crucial : un noyau de condensation, une particule qui sert de point de départ à la transition. On y injecte donc différentes substances, comme l’iodure d’argent, qui permettent de lancer ce processus. Cela déclenche une réaction en chaîne durant laquelle la vapeur d’eau se condense autour de ces cristaux, et lorsque ces derniers deviennent suffisamment gros, ils tombent sous forme de précipitations ; on obtient alors de la pluie ou de la neige artificielle.

Le dernier épisode d’une vieille polémique

C’est une méthode assez critiquée. Ses opposants s’inquiètent du fait que l’ensemencement des nuages pourrait perturber le cycle naturel de l’eau, de l’impact de l’iodure d’argent sur les écosystèmes, ou encore des conséquences de ces manœuvres sur les communautés défavorisées. D’autres se rappellent aussi qu’elles ont été utilisées à des fins militaires, notamment par les États-Unis qui s’en sont servis pendant la guerre du Vietnam pour inonder les lignes d’approvisionnement ennemies (voir l’opération Popeye).

Malgré tout, il est de notoriété publique que les Émirats arabes unis y ont régulièrement recours depuis les années 1990 pour apporter un peu d’humidité dans cet environnement excessivement aride. Fatalement, lorsque les utilisateurs ont vu circuler les images de Dubaï sur les réseaux sociaux, certains ont rapidement affirmé que le gouvernement avait trop tiré sur la corde. Selon eux, ces pluies diluviennes étaient le résultat d’un ensemencement de nuages massif et non maîtrisé. Et la polémique a continué d’enfler ces derniers jours, à tel point que des responsables locaux et des météorologues ont jugé nécessaire de démentir formellement ces accusations.

Les météorologues pas convaincus

En effet, les prévisions météorologiques prévoyaient déjà de fortes pluies sur cette période.

D’après CNBC, le Centre National de Météorologie du pays n’avait donc pas la moindre intention d’ensemencer des nuages sur cette période. « Nous prenons la sécurité de nos citoyens, de nos pilotes et de nos avions très au sérieux. Nous ne conduisons pas de telles opérations pendant les événements météorologiques extrêmes », a expliqué le directeur adjoint de l’institution.

Un positionnement cohérent avec les conclusions d’Andrew Dessler, un climatologue américain cité par le Washington Post qui n’a pas trouvé le moindre élément compatible avec ces revendications. « Montrez-moi l’analyse qui prouve que l’ensemencement de nuages [est à l’origine des inondations]. Sinon, on ne peut que partir du principe que la géo-ingénierie n’était pas un facteur », martèle-t-il sur un ton sévère.

En l’état, il ne semble donc pas y avoir le moindre élément concret pour affirmer que ce déluge aux proportions bibliques était d’origine artificielle. Mais cela montre aussi la nécessité de mener davantage d’études sérieuses sur l’impact de cette pratique controversée.

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2 commentaires
  1. je me souviens il y a fort fort longtemps, qu’un meteorologue avait dit:
    -” si on construit des maisons, plante des arbres, de la pelouse pour les terrains de golf et des piscine à la place du désert, le climat changera, car la réverbération de soleil ne sera plus la même, les nuages, l’humidité ambiante, tout cela pourra provoquer un dérèglement climatique important…”
    Tout le monde a oublié, mais on peut se demander si il n’avait pas raison…

  2. Même si des pluies étaient déjà prévisibles, en vouloir plus par mécanisme systémique, c’est comme rajouter de l’huile sur le feu…
    De toute façon, pollution du pétrole, gisements de matière non-extensibles, pérennité des déchets nucléaires, surconsommation, inégalités systémiques avec des discours isolationnistes, etc… personne ne veut regarder autre chose que son nombril… ou le doigt du sage qui montre la lune.

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