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IA : Mistral, Giskard et Artefact s’associent pour booster l’industrie française

Les trois entreprises, rassemblées dans un consortium baptisé ArGiMi, ont été sélectionnées par Bpifrance pour piloter une initiative qui devrait contribuer au rayonnement de la France dans le domaine de l’intelligence artificielle.

La France ne compte certes pas de poids lourds du calibre d’OpenAI dans le domaine de l’intelligence artificielle, mais elle fait tout de même partie des pays où cette niche technologique a clairement le vent en poupe, grâce à la présence de startups dynamiques et à la volonté assumée du gouvernement de les accompagner dans leur développement.

Récemment, c’est Bpifrance – la banque publique d’investissement chargée de soutenir les jeunes pousses prometteuses de l’Hexagone – qui est entrée dans la danse. Elle a lancé un grand appel à projet intitulé “Communs numériques pour l’intelligence artificielle générative“, avec pour objectif de développer de grands modèles de langage (LLM) spécifiquement conçus pour le monde de l’entreprise. Les résultats viennent de tomber : l’institution a confié la responsabilité de cette initiative à un consortium composé de trois pointures de l’IA française, à savoir Mistral, Artefact et Giskard.

Un trio de choc complémentaire

Mistral est certainement le membre le plus connu de ce trident. Depuis son éclosion à la mi-2023, elle a connu une croissance fulgurante. La licorne s’est imposée comme le fer de lance français – et même européen – de l’IA générative. Avec ses modèles de langage de grande qualité, elle a fait forte impression dans toute l’industrie, si bien qu’elle a même tapé dans l’œil du tout-puissant Microsoft – déclenchant même un petit imbroglio techno-politique en cours de route.

La partie contrôle qualité et le versant sécurité seront gérés par Giskard, une autre jeune entreprise fondée en 2021. Elle développe des plateformes de test open source qui permettent de benchmarker des LLM, mais aussi de les passer au peigne fin pour y déceler des biais, des hallucinations, des failles de sécurité, et ainsi de suite.

Pour favoriser l’intégration de ces produits à l’écosystème industriel, ils pourront compter sur Artefact, une société française spécialisée dans le déploiement de technologies d’intelligence artificielle et de solutions data avancées. C’est de loin le membre le plus chevronné du trio, avec plus de dix ans d’expérience au contact de grandes marques comme Orange, Samsung, L’Oréal ou Sanofi.

Des modèles sur mesure pour le monde de l’entreprise

Ensemble, ces trois entreprises aux champs de compétences complémentaires forment désormais un consortium baptisé ArGiMi. Il aura pour mission de développer des modèles de langage spécialisés, adaptés aux besoins précis de leurs clients en fonction de leur champ d’activité. Le communiqué ne donne aucune indication par rapport aux objectifs de ces modèles, mais ils pourraient servir dans des domaines comme l’étude de marché, la publicité, la logistique ou le design.

En revanche, le texte contient quelques bribes d’informations sur l’origine des jeux de données qui serviront à entraîner ces LLM. Ils seront notamment nourris par les contributions d’acteurs publics comme l’INA ou la Bibliothèque nationale de France. En théorie, cela permettra de développer des modèles multimodaux, c’est-à-dire capables d’exploiter du texte, mais aussi des enregistrements vidéo et audio. En parallèle, des acteurs privés vont aussi apporter leur pierre à l’édifice; on peut citer Cdiscount ou Crédit Mutuel Arkea. La nature exacte de leurs contributions respectives est encore floue à l’heure actuelle, mais le communiqué précise toutefois que le versant privé se chargera de fournir des données sectorielles tandis que les institutions publiques fourniront des données patrimoniales.

Le consortium insiste également sur son engagement envers le partage des méthodologies, des modèles et des données de spécialisation en open source. Une approche qui, selon les trois entreprises, “favorise l’accessibilité et la personnalisation tout en respectant les normes éthiques.” Dans cet objectif, Artefact collaborera notamment avec CentraleSupélec Université Paris-Saclay pour monter une équipe mixte de recherche.

L’IA, nouvelle spécialité de la tech française

La finalité du projet, c’est de booster toute l’industrie française. Les progrès du consortium devraient indirectement bénéficier à tout l’écosystème IA de l’Hexagone, mais pas seulement. Grâce à ces modèles sur mesure, leurs futurs clients pourront bénéficier d’un avantage compétitif potentiellement déterminant à notre époque où le machine learning est en train de s’immiscer dans quasiment tous les domaines.

Il faudra sans doute patienter un peu avant de percevoir les premières retombées de cette initiative. Mais quoi qu’il en soit, c’est un signe fort qui témoigne du fait que la France est très investie dans l’intelligence artificielle, et qu’elle compte bien jouer les premiers rôles à l’échelle mondiale; reste à voir si cela suffira à aller taquiner les titans américains, à commencer par l’indéboulonnable couple Microsoft-OpenAI.

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