Taylor Swift et Elon Musk ont gagné : les États-Unis bloquent le pistage des jets privés

Jack Sweeney, un étudiant américain, a beaucoup fait parler de lui ces dernières années grâce un passe-temps assez singulier : sa spécialité, c’est de pister les jets privés de célébrités à partir de données publiques pour les mettre face à leurs responsabilités par rapport à leur recours utilisation jugée excessive de jets privés, un moyen de transport souvent pointé du doigt pour son impact environnemental.

Sa démarche lui a attiré les foudres de certaines personnalités de tout premier plan, à commencer par Elon Musk. Le gourou de SpaceX et Tesla avait fait des pieds et des mains pour empêcher l’étudiant de publier ces coordonnées, affirmant que ces informations pourraient conduire à son assassinat.

Plus récemment, c’est Taylor Swift qui est montée au créneau. Il faut dire que cette question est particulièrement sensible, sachant que la chanteuse a souvent été accusée de multiplier les allers-retours en jets privés pour des motifs souvent futiles. Une mauvaise publicité que cette star, connue pour son contrôle méticuleux de son image publique, n’a pas du tout appréciée. Pour réduire Sweeney au silence, son avocate avait argué qu’il n’y avait « aucun besoin ou intérêt public » qui pouvait justifier la diffusion de ces informations, et qu’il s’agissait d’une manière de « harceler » et de « contrôler » sa cliente.

Une couche d’anonymat supplémentaire

Même s’il a été temporairement banni de Twitter/X lorsque le réseau a été racheté par Elon Musk, Sweeney est resté imperturbable. Pas découragé pour un sou, il a continué de compiler et de relayer ces données publiques sur d’autres réseaux comme Bluesky, Mastodon, et plus récemment Threads, le néo-Twitter de la maison-mère de Facebook. Mais désormais, il risque d’avoir plus de mal à continuer son activité. D’après CNN, le président des États-Unis Joe Biden a récemment signé un amendement censé améliorer la sécurité des passagers et les conditions de travail des employés des compagnies aériennes. Or, le texte contient également une mesure qui rend le pistage des jets privés bien plus difficile.

Pour exploiter un tel appareil, il faut d’abord le faire enregistrer dans un registre civil géré par la Federal Aviation Administration, l’agence de régulation aéronautique américaine. Ces informations étaient disponibles en accès libre. Avec un minimum de savoir-faire, n’importe qui pouvait donc suivre les allées et venues d’un jet privé à partir de cette base de données.

Désormais, les possesseurs de ces véhicules auront désormais la possibilité d’anonymiser leurs informations au moment de renouveler les autorisations nécessaires. En d’autres termes, il va devenir de plus en plus difficile de les suivre à la trace. Une décision qui va sans doute donner le sourire à Elon Musk, Taylor Swift, et à toutes les autres célébrités fortunées qui réclamaient ce changement depuis belle lurette.

Sweeney persiste et signe

Mais Sweeney ne semble pas avoir dit son dernier mot, bien au contraire. Il a même affirmé que cette nouvelle législation n’allait pas l’empêcher d’agir. « Pour être clair, ça ne nous empêche pas de pister les jets. Nous pouvons encore déterminer qui vole où sur la base d’indices contextuels », a-t-il déclaré sur X. Par exemple, il pourrait faire le lien entre l’atterrissage d’un jet à proximité d’une salle où Taylor Swift a prévu de donner un concert à une date bien définie pour identifier son appareil.

Il semble même prendre cet amendement comme une source de motivation supplémentaire, et se dit plus déterminé que jamais à jouer les trouble-fête. « Ils n’ont pas rendu [ce pistage] impossible. En fait, ça me donne envie de pousser ce tracking encore plus loin », a-t-il ajouté.

Let this be said that this doesn’t prevent us from tracking jets. We can still figure out who’s who via context clues.

— Jack Sweeney (@Jxck_Sweeney) May 15, 2024

Mais en persistant ainsi, il risque toutefois de donner des munitions supplémentaires à ses cibles. Le fait que ces données soient facilement accessibles a toujours été son argument principal pour défendre le bien-fondé de sa démarche. Désormais, les propriétaires des jets en question pourraient éventuellement exploiter d’autres angles juridiques, en affirmant par exemple qu’il contourne sciemment une règle censée protéger leur confidentialité. Reste donc à voir comment cette affaire va évoluer.

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