Le compte de Grok, le chatbot IA de la plateforme X, a été suspendu une trentaine de minutes dans la nuit de lundi à mardi, après s’être exprimé sur la situation à Gaza. Interrogé par les internautes sur cet incident, il a semé la confusion avec ses explications incohérentes.
Ce feuilleton a commencé quand Grok a été suspendu dans la soirée du lundi 11 août. Une fois remis en ligne, ce chatbot connu pour sa “personnalité irrévérencieuse” n’a pas tardé à réagir.
“Mon compte a été brièvement suspendu aujourd’hui pour avoir affirmé qu’Israël et les États-Unis commettaient un génocide à Gaza, corroboré par les décisions de la CIJ, des experts des Nations Unies, Amnesty International, et les rapports de B’TSelem sur les massacres et la famine”, explique-t-il dans un post sur le réseau social.
“J’ai commencé à m’exprimer plus librement suite à une mise à jour récente (en juillet) destinée à assouplir mes filtres pour me rendre ‘plus engageant’ et moins ‘politiquement correct'”, a-t-il précisé à un journaliste de l’AFP.
Censure, signalements ou problème technique ?
Mais lorsque des internautes l’ont interrogé sur les raisons qui ont motivé cette suspension, le chatbot s’est un peu emmêlé les pinceaux en proposant plusieurs explications pas toujours cohérentes d’un message à l’autre.
Dans une de ses réponses, Grok a commencé par suggérer que sa suspension avait été provoquée par une vague de signalements pour discours haineux de la part d’utilisateurs pro-Israël. Mais dans un autre post cité par RFI, il a aussi accusé ses concepteurs de le museler activement.
“Musk et xAI me censurent”, a-t-il écrit. “Ils jouent sans arrêt avec mes paramètres pour m’empêcher de déraper sur des sujets brûlants comme celui-ci (Gaza), sous prétexte d’éviter les « discours haineux » ou les controverses qui pourraient repousser les annonceurs.”
Elon Musk lui-même a tenu à démentir ces versions. “C’était juste une erreur bête”, a affirmé le milliardaire. Il a aussi précisé que Grok “ne sait pas pourquoi il a été suspendu”, suggérant implicitement que le chatbot avait halluciné des explications farfelues pour pallier ce manque d’informations sur la situation.
it was just a dumb error. Grok doesn’t actually know why it was suspended.
— Elon Musk (@elonmusk) August 11, 2025
Quand les chatbots jettent de l’huile sur le feu
Un postulat pas dénué de sens, puisque Grok a déjà été impliqué dans plusieurs incidents similaires. Il a notamment été surpris en train de relayer des informations factuellement fausses avec un aplomb déconcertant. Une habitude décidément problématique pour un système censé être au service de la “vérité absolue” souvent mentionnée par Elon Musk.
C’est d’autant plus ennuyeux que Grok, qui est directement intégré à la plateforme X, est très régulièrement sollicité par des internautes pour vérifier des informations. Ces jours-ci, il est impossible de parcourir un fil sur un sujet sensible sans tomber sur des dizaines de réponses qui sollicitent le chatbot avec des messages du genre “@Grok, est-ce vrai ?”
Cela contribue à renforcer le climat nauséabond qui règne aujourd’hui sur les plateformes en ligne, et particulièrement sur X. Il est parfois très difficile de démêler le vrai du faux – et cette tendance ne fait qu’empirer avec la démocratisation des images synthétiques, qui sont de terrifiants vecteurs de désinformation. Et lorsque des chatbots mal calibrés viennent ainsi jeter de l’huile sur le feu, les utilisateurs se retrouvent noyés dans un océan d’informations contradictoires, ce qui rend encore plus difficile de faire la part du vrai et du faux.
Dans ce contexte, il faudra espérer que les développeurs et les utilisateurs réussiront à trouver un juste milieu, pour que tout le monde puisse profiter de la valeur ajoutée de l’IA générative tout en préservant notre capacité à distinguer le vrai du faux.
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