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Critique Pluto : le nouvel animé incontournable de Netflix ?

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Tiré d’un manga qui a fait date, lui-même s’inspirant d’une autre œuvre culte, l’addition était facile à faire pour Pluto : on se trouve en présence d’une nouvelle série animée de référence sur Netflix. Ne circulez pas, il y a tout à voir.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, un petit avant-propos s’impose. Nous vous déconseillons fortement d’enchaîner les épisodes de cette nouvelle série comme des bonbons sous peine de subir une fatigue visuelle, intellectuelle, et émotionnelle qui finirait par gâcher l’expérience. Non, on vous conjure de prendre le temps de digérer chaque morceau (d’environ 60 minutes mine de rien) avant de mettre en bouche le prochain, afin de profiter pleinement de ce que le show a à offrir. Sinon, vous risquez de sortir de là en voulant faire des titres d’articles du genre « Pluto oui ou plutôt non ? » ou encore faire plein de références au chien de Mickey. Et le monde n’est pas encore prêt pour ça.

© Netflix

Mais revenons à Astro. Pardon, à Pluto. Dans un univers parallèle futuriste, les robots cohabitent avec les humains et sont devenus si autonomes que la société leur a légiféré des droits et des devoirs, comme tout citoyen. Certaines de ces machines sont tellement perfectionnées et puissantes, qu’elles ont atteint le statut d’armes de destructions massives. Il en existe sept à travers le monde. Mais quand l’un des sept est assassiné, le robot-enquêteur Gesicht est chargé de mener l’enquête.

© Netflix

Pluto est à l’origine un manga de Naoki Urasawa, responsable de chefs-d’œuvre comme Monster (dont le portage animé est également disponible sur Netflix) et 20th Century Boys. Il se décompose en 8 tomes (comme le nombre d’épisodes de cette adaptation) et s’inspire d’un arc d’Astro, le petit robot du légendaire Osamu Tezuka. Comme d’autres avec lui, Urasawa a voulu rendre hommage à celui qui lui a inspiré la vocation de mangaka en signant sa propre interprétation des aventures d’Astro à travers le prisme d’une histoire racontée par Tezuka dans le tome 5 intitulée « Le robot le plus fort du monde ». Évidemment, Urasawa prend ses libertés tout en restant fidèle au maître et c’est ainsi que Pluto voit le jour, mettant tout le monde d’accord sur la qualité des dessins et du récit.

© Netflix

Concernant l’animé en lui-même, outre la supervision de Naoki Urasawa, son co-auteur Takashi Nagasaki et de Makoto Tzeuka, fils de feu le créateur d’Astro, on retrouve Yūgo Kanno (Psycho Pass, Jojo’s Bizarre Adventure) à la composition musicale et Toshio Kawaguchi à la réalisation, animateur qui a travaillé auparavant sur des petits films comme Akira, Princesse Mononoké, Neon Genesis Evangelion ou encore Ghost in the Shell 2.

© Netflix

Si on vous explique tout ça, c’est parce qu’il faut déjà se rendre compte de l’objet avant de poser les yeux dessus : le matériau de base est excellent et Netflix a mis les petits plats dans les grands avec une équipe artistique expérimentée et assurée de respecter ce même matériau. En bref, qu’est-ce qui pouvait mal se passer ? On peut prendre un peu d’avance pour vous répondre : strictement rien.

© Netflix

Pluto oui ou plutôt non ? (On avait prévenu)

Pluto a la capacité de nous retourner le cerveau à la même puissance – bien que jouant dans des domaines différents – qu’une autre adaptation Netflix qu’il convient de ne jamais oublier pour les deux du fond qui dormaient à l’époque, Devilman Crybaby. On est devant un niveau d’exigence similaire en termes de qualité d’animation, ici dans un mélange de 2D et de 3D permettant autant de capter la tristesse des visages que l’ampleur des combats. C’est non seulement magnifique, mais extrêmement fidèle à l’œuvre papier, car, comme aime nous le rappeler le générique d’introduction en forme de vignettes découpées du manga, cet animé copie-colle le travail d’Urasawa, prolongeant les cases pour leur offrir une nouvelle vie.

© Netflix

Malheureux hasard du calendrier, Pluto débarque sur la plate-forme de streaming alors que la guerre est partout aux informations et c’est le principal sujet de la série. Elle s’attarde sur tous les traumatismes causés par le champ de bataille, qu’ils soient parmi les victimes civiles, les soldats ou ceux qui ont préféré ne pas y participer. La conséquence de la guerre est partout, dans toutes les mémoires et les humains répéteront cette formule lourde de sens : les humains peuvent oublier pour se protéger ; pas les robots.

© Netflix

Pluto est une œuvre avant tout philosophique, dense par ailleurs, tantôt pessimiste, tantôt optimiste, sur les sentiments que l’on développe face aux événements tragiques. On valorise la vie, on tente de se racheter, on continue de se battre ou on sombre dans la haine. En parlant d’elle, est-ce que la haine entraîne systématiquement la haine dans une boucle infernale qui ne peut mener qu’à la destruction de tout ? Triste écho à notre réalité.

© Netflix

Les sentiments, parlons-en. Autre hasard de la programmation, on peut voir en Pluto une autre vision humaniste de la robotique après le récent The Creator au cinéma (qu’on vous conseille). Qu’est-ce qui différencie la machine de l’homme une fois que celle-ci commence à être dotée de conscience ? Les premiers passages de la série semblent apporter une réponse claire : les robots ne peuvent tuer un être humain, ne peuvent désobéir, ne peuvent mentir, ne peuvent pleurer. Ils imitent les comportements humains, prenant alors un thé sans le boire. Pas de sentiment, juste des données compilées, artificielles, pour qu’on se laisse prendre dans la supercherie.

© Netflix

Sauf que. De la même manière que les androïdes peuvent rêver de moutons électriques, ceux de Pluto brisent également leurs barrières car à force de faire semblant, cela devient vrai. Oui, les robots peuvent fonder un foyer, peuvent aimer, peuvent pleurer et peuvent haïr. Des sentiments qui progressent à mesure que la série nous plonge dans leur quotidien, dans leur joie, leur peine, au point où l’attachement devient évident. Qu’est-ce qui différencie l’homme de la machine ? Plus rien.

© Netflix

Et c’est là que le thriller cauchemardesque concocté par Urasawa devient sadique. Car à force de nous intéresser à ses personnages, Pluto nous ferait presque oublier son fil rouge, son jeu de massacre morbide dans lequel l’huile remplace le sang, les boulons la chair, mais la perte reste la même. Car oui, on reste dans une intrigue policière qui cache bien des mystères, des secrets et des rebondissements. Un jeu de dupes qui aime bousculer nos certitudes et surtout nos espoirs.

© Netflix

Mais Pluto aime bousculer aussi nos attentes, notamment en maniant le cassage de rythme frustrant. Avec des épisodes longs, la série se permet de faire, du moins en apparence, des digressions loin de l’enquête, comme lorsque le premier épisode va basculer subitement vers le maestro Duncan et son majordome North 2. On ne voit pas où le show nous emmène, cela finit même par traîner en longueur, avant que la réalité nous rattrape, subitement, inévitablement. Bien vu l’aveugle. Et une fois que l’enquête reprend ses droits, Pluto nous emmènera jusqu’au bout dans un voyage qu’on ne regrettera pas.

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Notre avis

On attendait Pluto avec impatience et c'est difficile d'exprimer combien elle fut récompensée. C'est beau, dense, émotionnellement fort, épique, tragique et poignant. Netflix a frappé un grand coup en développant cette adaptation récompensant quiconque fera l'effort d'aller jusqu'au bout (encore une fois, n'enchaînez pas les épisodes, vous risquez de le regretter).

L'avis du Journal du Geek :

Note : 8 / 10
6 commentaires
  1. Un « animé » ? Vraiment ?
    N’importe quoi peut être animé, un humain comme vous par exemple et tous les êtres vivants, ou comme un robot en lego.
    Etait-ce une tentative pour traduire « anime » utilisé pour les dessins animés ?
    Rajoutez « dessin » devant cela ne vous fera pas passer pour un ringard du tout.
    Mais svp arrêtez le n’importe quoi.

  2. Ne pas confondre “anime” ou “animé” qui désigne ici ce qui touche à l’animation japonaise et le “dessin animé” qui va désigné l’animation traditionnel française ou européenne. Faites vous la différence entre manga, comics et bande dessinée ? Vous n’aimeriez pas je pense qu’on appel une BD française un comics ? (les puristes diront que ça n’a rien à voir mais ça reste des dessins dans des cases)pourtant c’est plus ou moins la même chose non ? Ici c’est donc pareil, c’est une nuance simple pour rappelé l’origine du support et nullement une intention de l’auteur de ne pas paraitre ringards en utilisant une formule existant déjà depuis le club dorothée (soit pratiquement 30 ans).

  3. Très jolie l’article Allan ,
    C’est pas facile de donner autant de détails sans spoilers ! Et en plus de ça avec des jeux de mots qui font sourire !
    Chapeau l’artiste

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