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[Test] Wonder Boy : The Dragon’s Trap – Adopte un remake

La licence Wonder Boy est au centre de toutes les attentions ces derniers temps. Sur le devant de la scène on peut citer Monster Boy and the Cursed Kingdom, une suite spirituelle à la saga portée par le studio Game Atelier, et Wonder Boy : The Dragon’s Trap, un vrai remake de Wonder Boy III: The Dragon’s Trap, le jeu de Westone et Sega, sorti en 1989 sur Master System et Game Gear, géré lui par le studio Lizardcube. C’est ce dernier qui sort aujourd’hui sur Xbox One, PS4 et Switch et qui a attiré notre attention dans le cadre de ce test.

Alors que le héros (ou l’héroïne, c’est au choix) est sur le point d’occire le Mecha-dragon, un dragon robotique, ce dernier dans son dernier souffle lance un maléfice au protagoniste de notre histoire. Le voici transformé en Lizard-man, créature mi-humaine, mi-salamandre, incapable d’user de son équipement, mais avec la capacité de cracher des boules de feu, alors que le château dans lequel il se trouvait s’effondre. Sain et sauf, Lizard-man entame une quête parsemée d’embûche dans laquelle il cherchera à se débarrasser de sa condition. Pas de chance, pour redevenir humain, il devra passer par bien d’autres formes bestiales aux capacités diverses, en l’occurrence celles de Mouse-man, Piranha-man, Lion-man et Hawk-Man.

Nous sommes dans un jeu de plateforme-action avec des éléments légers de RPG et un espace de jeu pouvant rappeler un Metroid. Au moment de lancer une partie, le seul constat pouvant être fait est le suivant : le jeu parait sublime et la musique magnifique. La direction artistique de Wonder Boy : The Dragon’s Trap est tellement belle et travaillée qu’elle vous saute au visage. À partir des décors monotones et abstraits du jeu original, les équipes de Lizardcube ont créé de véritables petits univers aussi détaillés que dans une bande dessinée. Le choix d’un style se rapprochant plus du franco-belge que du japonisant est une riche idée et le jeu parvient à mêler un charme très fort avec une lisibilité sans faille. Grâce à un line art intelligemment géré, The Dragon’s Trap est limpide. On sépare mentalement avec une aisance rare les éléments avec lesquels on pourra interagir de ceux qui relèvent du décor uniquement.

Les animations ne sont pas en reste. Tout est fluide, détaillé et le moindre mouvement de chaque personnage est constitué du grand nombre d’images pour le plus grand confort des yeux. Gadget super chouette, il est possible d’une simple pression de gâchette de revenir instantanément au jeu original. L’occasion de contempler pleinement le travail incroyable qui a été fait. Il est également possible de passer de la bande-son originale, en 8-bit, à la version acoustique à base de violons, de contrebasses, de flûtiaux et autres instruments virevoltants.

[nextpage title=”Si beau, mais si vieux”]

Cependant, Wonder Boy reste Wonder Boy et nous sommes littéralement devant une émulation magnifiée qui reste vieille école dans sa structure. Ainsi, ne comptez pas sur le jeu pour vous donner la moindre indication sur la marche à suivre. Évidemment, le jeu original était suffisamment bien conçu pour que le joueur finisse par la force des choses par trouver le chemin ou le passage dérobé qui mène à la zone suivante, mais certaines étapes sont désespérément ésotériques. Ça pouvait se comprendre à l’époque où les développeurs cherchaient à rallonger artificiellement la durée de vie en proposant une difficulté exagérée ou des secrets trouvables que par de la pure chance, mais en 2017, la pilule passe un peu moins bien, il faut le reconnaître.

Ce constat passe également par des tas de petites choses, comme la physique un peu raide du personnage, des phases répétitives ou l’absence de checkpoint. Bref, sous le vernis, le jeu reste vieux dans son ADN. C’est comme restaurer une 2-CV dans son état d’origine, bien la repeindre et refaire tous les sièges. Elle sera très jolie et très attrayante, mais ne comptez pas sur la direction assistée.

C’est rare, mais il arrive également que les animations ne reflètent pas toujours aussi efficacement que les graphismes rétro ce qu’il se passe à l’écran. L’exemple le plus parlant est la parade. Si votre personnage est équipé d’un bouclier – tout le temps sauf quand il est sous la forme de Lizard Man –, qu’il fait face à un projectile et qu’il n’est pas en train d’attaquer, vous bloquerez le projectile. Dans la version originale du jeu, votre personnage se retourne instantanément quand vous changez de direction. Dans la version refaite, il y a une petite animation – charmante au demeurant – qui donne l’impression que votre personnage n’est pas protégé immédiatement. Alors qu’en réalité, il l’est bel et bien. Ça reste du pinaillage, et dans l’ensemble, cette modernisation du jeu apporte bien plus qu’elle ne crée d’incohérence dans le jeu.

Les esthètes seront d’ailleurs aux anges, car le jeu propose une galerie bien fournie de documents de travail, d’exemples d’animation et autres concept arts. Les mélomanes auront également droit à des petits films montrant comment les enregistrements de musiques ont été réalisés. Un petit bonus qui sonne comme l’ultime friandise donnée par des concepteurs résolument fans du jeu à un public qui l’est tout autant.

[nextpage title=”Galerie”]

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Notre avis

Wonder Boy : Dragon’s Trap n’est pas un remake, c’est une restauration. Le jeu ne change pas d’un pouce, si ce n’est sur les graphismes. Et quel changement ! Le jeu est sublime, tout comme les musiques, arrangées de manière remarquable. Mais le revers de la médaille, c’est que la structure du jeu est à l’ancienne. En 2017, on s’est tout de même habitué à de nombreuses commodités qu’il est, à mon sens, dommage d’avoir sacrifiées sur l’autel de la fidélité à l’œuvre originale. Il n’en reste pas moins que c’est presque du travail d’intérêt public que rend Lizardcube avec ce Dragon’s Trap. Il remet au goût du jour un classique de la période 8-bit, le rend attrayant pour un public qui aurait pu être effrayé par les vieux graphismes et lui offre une véritable seconde jeunesse. À présent, je souhaite aux développeurs du studio de pouvoir restaurer tous les vieux titre qu’ils souhaitent. Parce qu’avec un résultat pareil, on imagine aisément tous les autres jeux formidables qui pourraient passer sous leur bistouri.

Testé sur la version Switch. Également disponible sur Xbox One et PS4. Une version PC sortira plus tard dans l'année.
Note : 7.5  /  10
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