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Turquie : des milliers de flamants roses morts de la sécheresse

Le Lac de Tuz est habituellement un havre de paix pour les flamants roses; mais à cause des conditions climatique défavorables, il s’est récemment transformé en véritable charnier pour volatile.

Le Lac de Tuz est un espace bien connu des naturalistes. Cette étendue d’eau d’à peine 1 à 2 mètres pour une superficie moyenne d’environ 1665 km² présente de très nombreuses particularités géologiques fascinantes; mais surtout, il s’agit d’un véritable sanctuaire pour les oiseaux.

La zone abrite notamment la plus importante colonie nidificatrice de flamants roses de Turquie. Ces oiseaux font partie intégrante du paysage, à tel point que le lac a été classé Zone Importante pour la Conservation des Oiseaux par le programme BirdLife International. Habituellement, les oiseaux doivent composer avec le cycle géologique naturel du lac; en effet, à cause de sa faible profondeur et de sa salinité extrême, le lac s’évapore presque entièrement tous les étés.

Presque est le mot-clé de cette phrase, car jusqu’à présent, les flamants roses ont su se satisfaire de la faible quantité d’eau. Mais depuis 2020, des sécheresses terribles frappent l’est de la Méditerranée; une conséquence directe du réchauffement climatique. Cette situation  favorise l’évaporation, si bien qu’au lieu d’observer une baisse du niveau de l’eau, celle-ci a parfois complètement disparu cet été. Dans certaines zones, le lac a laissé la place à un véritable désert transitoire, aride et saturé en sel, auquel les flamants roses ne sont absolument pas adaptés.

En conséquence, des centaines, voire des milliers d’individus sont morts en un temps record. La BBC  estime que près de 5000 bébés flamants roses auraient péri dans ces circonstances. Leurs corps jonchant le sol du “lac” ont été documentés par de nombreux photographes et vidéastes locaux. À l’aide de son drone, l’ornithologue turc Emin Yoğurtcuoğlu a capturé des images glaçantes pour une zone aussi chaude.

Une population trop importante pour survivre

Selon Mustafa Cemal Darilmaz, doyen de la faculté de médecine vétérinaire d’Aksaray interviewé par la rubrique Observers de France Info, le COVID-19 pourrait avoir joué un rôle déterminant. À cause de la pandémie, la mobilité humaine dans la région a largement diminué. Les flamants roses en ont donc profité pour prospérer, avec une progéniture bien plus nombreuse qu’à l’accoutumée. Le souci, c’est que les petits sont élevés au sein de vraies garderies à grande échelle; c’est là que les parents les protègent et les nourrissent, puisqu’ils ne peuvent ni s’alimenter ni voler. À cause de la population trop importante, certaines de ces garderies ont dû s’installer sur les bords du lac. Or, ces zones ont été les premières à être asséchées, et les rares restes d’eau étaient complètement saturés en sel. Résultat : en l’absence de nourriture et d’eau douce, les parents se sont retrouvés incapables d’alimenter leurs très nombreux rejetons. Ils ont donc été contraints de les abandonner à leur sort.

Ces scènes de désolation ont donné lieu à des passes d’armes acerbes entre les défenseurs de l’environnement et les autorités locales, accusées d’avoir participé à cette tragédie. En effet, l’un des cours d’eau qui alimentent le lac a été détourné pour assurer l’irrigation du bassin agricole avoisinant. Des accusations dont se défend Bekir Pakdemirli, ministre turc de l’Agriculture et des Forêts; pour lui, il n’existe “aucun lien” entre l’irrigation et la mort des flamants roses du Lac Tuz.

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