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Google veut aider les personnes avec des troubles d’élocution à communiquer

Les troubles de l’élocution peuvent empoisonner le quotidien et les relations sociales; Google a choisi d’agir avec son application Relate.

A l’occasion de sa table ronde Inventors@Google, la firme de Mountain View a donné des nouvelles de plusieurs projets basés sur l’IA qui ont déjà été brièvement présentés par le passé. Tous présentent un point commun : ils visent à améliorer le quotidien des humains dans des domaines aussi variés que la médecine, la logistique, la prévention des catastrophes naturelles…

La première d’entre elles est le projet Relate, dirigé par la Product Manager française Julie Cattiau. Cette initiative est partie d’un constat très simple : il y a toute une frange de la population qui souffre de troubles de l’élocution importants. L’origine de ces troubles peut être diverse; ils peuvent survenir dans le cadre de pathologies sévères, comme la maladie de Charcot, ou d’un accident vasculaire cérébral.

Mais quelle qu’en soit la cause, le résultat est souvent similaire : des gestes de routine comme saluer un collègue ou commander un café peuvent se transformer en vrai calvaire. Pour aider ces personnes, l’équipe de Julie Cattiau a donc imaginé un système basé sur le machine learning qui cherche à leur rendre une partie de leur autonomie.

La parole est un luxe

L’écosystème numérique comporte déjà de nombreuses pistes dans ce sens. Mais la majorité d’entre elles sont liées à des services de transcription. Or, ils comportent tous une limite rédhibitoire : ils sont construits sur des échantillons issus de personnes sans difficulté d’élocution. Les algorithmes n’ont pas du tout été entraînés sur des dictions plus atypiques, et ces systèmes fonctionnent souvent très mal dans ces cas de figure. L’idée du Projet Relate est de créer une application capable de gérer ces élocutions uniques.

Pour répondre à ce besoin, l’utilisateur commence par enregistrer plusieurs phrases prédéterminées. Le système va ensuite comparer les différences entre cet échantillon et la version générique, issue d’utilisateurs sans troubles de l’élocution. Pour la machine, c’est une façon d’identifier les particularités de la diction de l’utilisateur; cela lui permet ensuite de créer un nouveau modèle pour “comprendre” la personne. Et qui de mieux placé qu’Aubrie Lee, une brand manager atteinte de dystrophie musculaire, pour en faire la démonstration ?

Reconstruire le lien

La première fonction, baptisée Écoute, est aussi la plus basique. Grâce à elle, l’utilisateur peut transcrire tout ce qu’il ne parvient pas à dire en temps réel. Elle sert de support à la seconde, Répétition, qui sera certainement très utile en pratique; elle facilite l’interprétation grâce au modèle personnalisé, puis répète le message en question de façon plus intelligible grâce à la synthèse vocale.

Cela permet de se faire comprendre en toutes circonstances, même dans le cas de phonèmes particulièrement difficiles à prononcer qui auraient autrement bloqué la communication. Et c’est aussi important en termes pratiques qu’au niveau humain et social.J’ai l’habitude du regard qu’on me jette lorsque les gens ne comprennent pas ce que je dis”, explique Mme Lee. “Relate peut faire la différence entre un regard gêné et confus, et un rire amical” insiste-t-elle.

La troisième et dernière fonction permet de faire le lien avec le Google assistant. À première vue, cela pourrait ressembler à un gadget, mais il n’en est rien. Pour des personnes comme Aubrie Lee, dont le handicap moteur va bien au-delà du langage, des gestes simples comme taper sur le clavier d’un smartphone peuvent se transformer en tâches dantesques. Les assistants connectés peuvent donc être d’une aide précieuse qui dépasse le cadre de la vie numérique.

Des actions simples comme commander son breuvage préféré peuvent être très compliquées lorsqu’on souffre de troubles de l’élocution. © Google

La voix comme outil du quotidien

Car aujourd’hui, ces assistants peuvent servir à contrôler tout son écosystème domotique rien qu’à la voix; mais là encore, les systèmes de reconnaissance vocale actuels se transforment en barrière infranchissable lorsqu’on intègre les troubles de l’élocution à l’équation. Bien souvent, les personnes qui en sont atteintes se retrouvent donc privées d’une interface qui pourrait leur être très utile.

Mais grâce à Relate, elles peuvent désormais communiquer avec l’Assistant comme si de rien n’était. Cela permet de passer des appels ou d’envoyer des messages, mais aussi d’allumer une lumière, de verrouiller une porte… autant d’actions qui demandent parfois beaucoup d’efforts aux personnes souffrant de handicaps moteurs, mais très simples pour un assistant connecté.

En définitive, c’est donc un superbe projet qu’ont monté Julie Cattiau et son équipe. On ne manque jamais d’occasions de parler des dérives des titans du numérique, à tel point qu’on en deviendrait presque paranoïaque à chaque fois qu’un membre des GAFAM présente une nouveauté. Mais dans le cas du projet Relate, l’ensemble de la démarche semble tout simplement irréprochable. Elle a commencé avec l’identification d’un vrai problème de société; elle continue désormais avec une solution pragmatique qui pourra certainement aider des gens de façon très concrète. Une question de confort, mais aussi d’autonomie, de lien social et de dignité. “La communication est un besoin fondamental de l’humain”, résume sobrement Aubrie Lee. “Et je pense que c’est aussi un droit de l’Homme basique.

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