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La Parker Solar Probe capture les premières images de Vénus en lumière visible

Pour la toute première fois, la NASA est parvenue à obtenir des images de Vénus dans le domaine visible depuis l’espace… et nous les devons à une sonde solaire.

L’astronomie fait partie de ces disciplines où les découvertes les plus intéressantes peuvent survenir de façon relativement inattendue. C’est un petit peu ce qui s’est passé récemment du côté de la Parker Solar Probe; contre toute attente, cette sonde dont l’existence est pourtant consacrée à l’étude du Soleil est parvenue à capturer une image rare de… la surface de Venus.

C’est déjà un petit exploit en soi. Car observer la surface de Vénus, ça se mérite. C’est un exercice particulièrement délicat, majoritairement à cause de l’atmosphère très particulière de cette planète. En effet, celle-ci est exceptionnellement dense, environ 90 fois plus que celle de notre Terre ! Évidemment, cela complique considérablement tous les travaux d’observation.

Une diva farouche et peu photogénique

Par exemple, il est notoirement difficile d’y déposer une sonde, car lors d’une rentrée atmosphérique à grande vitesse dans une masse de gaz aussi compacte, l’engin est soumis à des forces absolument dantesques. Et il ne s’agit pas que d’exploration physique; même les observations à distance, indispensables pour tirer des conclusions à l’échelle de la planète, sont plus compliquées qu’à l’accoutumée. Cette atmosphère est même si dense qu’elle est relativement imperméable à de nombreux instruments. Certains instruments comme les télescopes Magellan ou Akatsuki ont bien réussi à nous fournir quelques images, mais il s’agissait toujours de signaux qui sortaient du domaine de la lumière visible.

C’est là qu’intervient la Parker Solar Probe. Comme son nom l’indique, cet engin a été conçu pour étudier le Soleil. Pour accomplir sa tâche, il dispose de nombreux instruments dont un baptisé WISPR, pour Wide-Field Imager for Solar Probe. En anglais, cet acronyme signifie “murmure”; une référence au fait qu’il cherche à repérer de minuscules perturbations de l’atmosphère solaire qui pourraient nous renseigner sur la dynamique globale de l’étoile.

L’image de Vénus dans le domaine du visible capturée par WISPR. © NASA/APL/NRL

Vénus enfin mise à nu

Coïncidence heureuse, il se trouve que Vénus passe parfois dans le champ de vision de la sonde Parker, le paparazzi attitré de notre étoile préférée. Certains astronomes ont donc formulé une idée assez audacieuse : détourner cet instrument de sa mission principale quelques instants, le temps d’une indiscrétion du côté de l’étoile du berger.

C’est un parti qui a dû faire froncer quelques sourcils, sachant que le temps d’observation de ces engins uniques est extrêmement précieux. Mais l’équipe a été récompensée de son initiative puisque WISPR a réussi à capturer les premières images de la surface de Vénus jamais enregistrées dans le domaine du visible.

Forcément, c’est un grand moment d’émotion pour les astronomes. “Les images et la vidéo m’ont laissé sans voix”, admet Brian Wood, auteur principal de l’étude. “Vénus est le troisième astre le plus lumineux de notre ciel terrestre, et pourtant, nous n’avions que très peu d’informations sur sa surface”, résume-t-il. “Jusqu’à présent, notre vue de la surface était bloquée par l’épaisseur de l’atmosphère. Maintenant, nous pouvons enfin observer la surface dans le domaine du visible pour la toute première fois.”

La première image de la fournaise de Vénus dans le domaine visible. Ce cliché a été pris par la sonde soviétique Venera 13, qui s’y est posée en 1981. © NASA/NSSDCA/ Courtesy of the USSR

Une observation cruciale

On découvre ainsi une image pas forcément spectaculaire visuellement parlant, mais tout à fait remarquable sur le plan scientifique. Sur le plan technique, il s’agit d’un excellent complément aux observations déjà réalisées par le passé; nous disposons désormais d’un panel très complet d’images de la surface, de l’infrarouge à l’ultraviolet en passant par le visible.

Ces données permettront aux astronomes d’étudier encore plus précisément sur la géologie de cet enfer chimique et thermique. En effet, lorsqu’ils sont chauffés, différents matériaux répondent en émettant un rayonnement à une longueur d’onde bien précise; en mesurant cette longueur d’onde dans une zone particulière, on peut donc estimer la composition minéralogique du sol. C’est une technique qui est déjà couramment utilisée sur d’autres planètes, mais à laquelle Vénus restait encore relativement hermétique jusqu’à aujourd’hui.

Ces informations permettront ensuite aux chercheurs de remonter le temps dans l’espoir d’affiner leurs connaissances sur Vénus. Ils chercheront par exemple à identifier le mécanisme qui a pu produire une atmosphère aussi dense. Aujourd’hui, la piste principale suggère qu’il pourrait s’agir d’une conséquence d’une activité volcanique massive. Mais cela reste encore à démontrer, et ces travaux ont posé certaines des bases qui permettront de s’en approcher.

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Source : NASA

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