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Tiangong : la Chine a terminé la construction de sa station spatiale

L’Empire du Milieu est désormais bien installé à la frontière de l’espace.

La China National Space Administration vient d’annoncer l’arrivée du dernier module de sa station spatiale, qui est désormais terminée. Le 31 octobre dernier, l’institution a procédé à son neuvième lancement dédié à l’assemblage de cet avant-poste orbital. Une fusée Longue Marche 5B a décollé du Wenchang Satellite Launch Center, au sud-est de la Chine, avec à son bord Mengtian (« rêve du paradis »), le troisième et dernier module qui vient compléter la station Tiangong.

Ce dernier a été déposé non loin de sa destination finale par le lanceur. Grâce à son équipement de propulsion intégré, il s’est chargé lui-même d’effectuer la manœuvre de rendez-vous. C’est une phase d’approche finale qui permet à deux engins de se réunir en orbite.

Un deuxième module scientifique rejoint la station

Le cas échéant, Mengtian est venu se fixer au segment déjà opérationnel de la station, composé de deux modules. Le tout premier, Tianhe, est le cœur de la station ; le second, Wentian, est un module-laboratoire conçu pour y mener des expériences scientifiques.

Le nouveau venu appartient lui aussi à cette catégorie. Son fuselage de 18 mètres de long pour 4,2 mètres de diamètre permettra aux chercheurs chinois de travailler sur des thématiques diverses. Ils s’intéresseront notamment à la mécanique des fluides et à la combustion en microgravité. Ils prévoient aussi d’étudier de nouveaux matériaux et technologies intéressants dans le cadre de l’exploration spatiale.

Mengtian est aussi doté d’un sas de décompression et d’un bras robotique pour la manipulation de matériel. Il dispose aussi d’un mécanisme de déploiement qui permet de mettre un petit satellite en orbite directement depuis la station.

La fusée Longue Marche 8, fer de lance de la stratégie spatiale chinoise. © CASC

Tiangong est partie pour dix ans

Avec cette addition, la structure de la station est désormais terminée et fonctionnelle. Mais pour finaliser sa mise en service, le CNSA va encore y envoyer deux autres missions. La première, baptisée Tianzhou-5, est prévue début novembre. Elle permettra d’acheminer des victuailles et du matériel pour préparer la seconde, Shenzhou-15.

Cette dernière sera une étape très importante pour le CNSA. Elle emportera des taïkonautes qui se substitueront à l’équipage actuel de la station ; ce tout premier passage de relais marquera officiellement le début des opérations à bord.

La station devrait opérer pendant environ dix années au cours desquelles elle sera continuellement améliorée. Au total, Tiangong pourrait accueillir jusqu’à trois nouveaux modules. Et surtout, le Xuntian, un télescope de première catégorie, viendra la rejoindre d’ici un ou deux ans.

Comme Hubble, il s’agira d’un télescope Ritchey-Chrétien. Il sera cependant beaucoup plus performant ; sa caméra de 2,5 gigapixels lui permettra d’observer près de 40 % de la voûte céleste en continu — un champ de vision environ 300 fois plus large que celui de son vénérable collègue. Autant dire que l’aérospatiale chinoise est à l’aube d’une période très excitante.

Une nouvelle rentrée atmosphérique incontrôlée

Mais avant d’en arriver là, il ya fort à parier que cette mission fera à nouveau jaser en occident d’ici une grosse semaine. En effet, le cahier des charges post-mission du CNSA est assez assez différent de celui des autres agences spatiales.

En règle générale, lors de missions de ce genre qui font intervenir des lanceurs lourds, la plupart des agences spatiales procèdent à une manoeuvre de désorbitage « propre » ; l’objectif est de faire en sorte que la grande majorité du matériel brûle lors de la rentée atmosphérique, et surtout que le reste des débris s’écrase dans une zone isolée pour éviter un accident.

En Chine, par contre, le cahier des charges est assez différent. Les cadavres des lanceurs du CNSA sont généralement laissés à l’abandon sur leur orbite ; par conséquent, la rentrée atmosphérique n’est pas contrôlée. Cela signifie qu’il est impossible de prévoir où ces débris vont s’écraser. Le contingent chinois estime que cette approche ne pose aucun problème de sécurité; les ingénieurs prennent d’ailleurs leurs précautions en purgeant le lanceur des restes de carburant et d’électricité.

Leurs homologues américains, en revanche, la jugent irresponsable et dangereuse — même si l’Oncle Sam est aussi loin d’être irréprochable à ce niveau. À chaque décollage d’une fusée Longue Marche 5B, les deux camps se livrent donc à une passe d’armes par déclarations interposées (voir notre article ci-dessus).

Il y a fort à parier que ce nouvel épisode suscitera à nouveau des critiques virulentes de la part de l’Oncle Sam. Il sera donc cas intéressant de suivre l’évolution de cette situation, dans un contexte de frictions récurrentes entre les gouvernements de Xi Jinping et de Joe Biden. Surtout à notre époque où la conquête spatiale continue de devenir de plus en plus importante en termes stratégiques, politiques et économiques pour les pays concernés.

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