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Melania Trump vend des NFT Apollo 11 contre l’avis de la NASA

L’agence ne pourra probablement pas y faire grand-chose… mais Buzz Aldrin pourrait avoir un coup à jouer.

Melania Trump, l’épouse du sulfureux ex-Président des États-Unis, a défrayé la chronique de l’autre côté de l’Atlantique en dévoilant des NFTs à la mémoire d’Apollo 11.

À première vue, le lien entre les deux est tout sauf évident. D’un côté, on trouve une mission spatiale légendaire qui reste probablement la plus célèbre de tous les temps, alors qu’elle a eu lieu il y a plus d’un demi-siècle. Pour rappel, c’est à cette occasion que Neil Armstrong et Buzz Aldrin sont devenus les premiers humains à poser le pied sur la Lune. Un exploit qui a profondément marqué l’imaginaire populaire, et donné naissance à toute une génération de passionnés.

De l’autre, nous avons une ex-première dame est née à Novo Mesto, une ville d’ex-Yougoslavie qui n’avait pas grand-chose à voir avec le programme Apollo. Cette ancienne mannequin n’a jamais suivi de formation en science et en ingénierie, et n’a jamais manifesté un intérêt particulier pour l’aérospatiale.

Un opportunisme contraire à la philosophie de la NASA

Mais cela ne l’a pas empêchée de céder aux sirènes de l’argent facile, avec la mise en vente d’une nouvelle collection de NFT — ces certificats virtuels basés liés à une œuvre numérique inscrite dans une blockchain — sur le thème d’Apollo 11.

Le NFT Apollo 11 de Melania Trump
© USA Memorabilia / NASA

L’image en question représente une sorte de cadre qui imite la surface de la Lune. À l’arrière, on trouve l’iconique citation de Neil Armstrong, « un petit pas pour un homme, un pas de géant pour l’humanité ». Et à l’avant, on trouve une photo tout aussi célèbre de son compère Buzz Aldrin près du module Eagle qui les a déposés sur notre satellite.

La légendaire photo A Man on the Moon
© NASA

Comme la quasi-totalité des images de la NASA, celle-ci est mise à disposition du grand public sans droit d’auteur. Techniquement, Trump reste donc dans le cadre de la loi. Mais la démarche reste tout de même extrêmement discutable. En substance, Melania Trump cherche à se faire de l’argent facile sur une image qui fait partie intégrante du patrimoine de l’Humanité, et que la NASA met gracieusement à disposition du public à des fins d’éducation.

Ce NFT témoigne d’un opportunisme un peu fainéant, et cela va directement à l’encontre de la philosophie de la NASA. Mais surtout, ce produit virtuel ignore sciemment la ligne de conduite de l’agence. En effet, elle a explicitement demandé à ce que ses images ne soient pas utilisées de cette manière. « La NASA ne souhaite pas que ses images soient utilisées » pour produire des NFT, peut-on clairement lire dans ses Media Usage Guidelines. Cela revient en effet à apposer un droit d’auteur sur une ressource libre.

Quels recours pour l’agence ?

Ce point en particulier n’a pas d’implications légales directes. Puisque l’image appartient au domaine public, la NASA peut seulement se contenter d’en appeler au bon sens et à la décence. Trump a donc parfaitement le droit d’ignorer cette directive. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que c’est arrivé. Gizmodo rappelle qu’en avril 2021, alors que la NFT-mania battait son plein, Anicorn Watches a également réutilisé du matériel de la NASA pour produire un token qui s’est vendu plus de 40 000 $.

Pour l’instant, les responsables de l’agence n’ont jamais réagi à ces incartades. Il y a donc de fortes chances qu’ils ignorent également les NFT de Melania Trump. Mais si les cas de ce genre se multiplient, ils pourraient finir par sévir en publiant ces images sous une licence plus restrictive. Une issue qui n’arrangerait personne, puisqu’une telle décision serait contre-productive pour les efforts d’éducation et de vulgarisation de la NASA.

Buzz Aldrin au front ?

Mais pour mettre fin à ces pratiques, on peut envisager un autre d’angle d’attaque : le sujet de l’image, à savoir Buzz Aldrin lui-même, pourrait passer à l’attaque.

Dans cet article de collectSpace paru en 2018, l’historien de l’espace Robert Perlman fait le récit de deux affaires qui ont établi des précédents intéressants dans ce cas de figure.

Le premier est survenu en 2011. Aldrin avait fait un procès à l’entreprise Topps Company, qui avait commercialisé un jeu de cartes utilisant son image. Il n’a pas obtenu gain de cause, mais seulement à cause d’un détail précis : le jury a estimé que ces cartes pouvaient avoir une certaine valeur éducative. Or, ce n’est évidemment pas le cas des NFT de Trump, dont l’objectif est exclusivement commercial.

L’article de CollectSpace fait aussi référence à un autre cas similaire qui concerne cette fois la mission Apollo 15, en 1971. À l’époque, les astronautes en partance pour la Lune avaient tous reçu une montre Omega Speedmaster qu’ils étaient censés porter pendant la mission. Mais celle de David Scott, septième astronaute à marcher sur la Lune, a rencontré quelques soucis. Le verre de son Omega a sauté lors de sa deuxième excursion.

Pour sa troisième et dernière sortie, il a donc porté sa montre personnelle, un chronographe de marque Bulova. Un coup de publicité inattendu dont la marque a évidemment été ravie. En 2018, elle a souhaité surfer sur cet incident. Kay Jewelers, l’entreprise chargée de sa promotion, a choisi de réutiliser ces photos Apollo 15 pour faire la publicité d’un nouveau modèle. Scott est donc devenu l’égérie de la marque malgré lui, et cela ne lui a pas plu. Il a choisi d’intenter un procès aux deux entreprises.

Il n’a pas non plus obtenu gain de cause. Mais le tribunal a reconnu que « la connexion entre la montre originale et Apollo 15 n’autorisait pas automatiquement » les marques à utiliser son image à des fins commerciales.

Pour l’instant, Buzz Aldrin ne s’est pas exprimé sur le sujet. Mais sur la base de ces deux affaires, et si l’on intègre les directives de la NASA à l’équation, il semble qu’un tribunal pourrait lui donner raison s’il décidait d’attaquer l’ex-première dame en justice. Il sera donc intéressant de suivre les retombées potentielles de ces pratiques commerciales opportunistes et très indélicates.

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4 commentaires
  1. Etrange quand même vu que les Trumps sont des adeptes des complots en tout genre ils sont convaincu que les ricains ont bien marché sur la Lune et que la Terre est ronde ?!

  2. Le plus étonnant dans cette histoire, c’est qu’il y ait encore des gens prêt à perdre leur argent avec des nft.

  3. Omega Speedmaster et non Speedster…. Cette montre est aussi connu sous le nom de “Moon watch” car intimement liée à la conquête de la lune par la NASA. En effet, elle est la seule montre à avoir passé tous les tests et certifications de la NASA.

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