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Des chercheurs pensent avoir trouvé le premier cas de mimétisme coopératif

Il y a deux araignées dans cette image. Saurez-vous trouver la deuxième ?

Le mimétisme, une stratégie à travers laquelle certains animaux se font passer pour d’autres espèces pour chasser ou échapper à des prédateurs, est un phénomène mécanisme particulièrement fascinant. Même les non-initiés peuvent se régaler de ces déguisements parfois assez spectaculaires. Quelques espèces ont même poussé le concept à un niveau incroyable, comme la pieuvre-mime qui est capable d’imiter une quinzaine d’espèces marines différentes !

C’est aussi une thématique qui intéresse beaucoup les chercheurs, car ces comportements sont souvent associés à des mécanismes physiologiques et à des trajectoires évolutives très originales — voire carrément uniques. Et c’est précisément ce qu’une équipe de chercheurs chinois estime avoir trouvé récemment.

Leur papier porte sur une araignée baptisée Thomisus guangxicus, en référence à la région du Guangxi où elle a été découverte. Ce sont de petites créatures colorées qui sont parfois surnommées araignées-crabe, en référence à leurs appendices particulièrement proéminents. Elles peuvent sembler intimidantes, en particulier pour ceux qui souffrent d’une arachnophobie aiguë, mais elles sont totalement inoffensives pour les humains.

En revanche, on ne peut pas en dire autant des autres insectes. Car même si Thomisus guangxicus est totalement incapable de tisser une toile, il s’agit quand même d’un prédateur très efficace qui est capable de tendre des embuscades redoutables. Son terrain de chasse préféré est une plante appelée Hoya pandurata, une cousine lointaine du laurier rose dotée de jolies fleurs à la forme singulière. Elle s’y installe confortablement en attendant que du gibier passe à proximité, puis saisit sa proie avec ses deux pinces.

Ce stratagème semble fonctionner à merveille — et c’est plutôt étonnant. En règle générale, cette technique de chasse repose sur un niveau de mimétisme assez avancé ; elle ne peut être efficace que si le prédateur a acquis une forte ressemblance avec sa cachette de prédilection au fil de l’évolution. Or, la couleur orangée de Thomisus guangxicus est assez éloignée des teintes jaunes et roses de sa fleur de prédilection. On peut donc se demander comment elle parvient à échapper à la vigilance des autres insectes.

Le premier exemple de mimétisme coopératif ?

Les chercheurs chinois ont tenté de répondre à cette question. Ils pensent désormais avoir trouvé la réponse, et leur explication repose sur un phénomène encore jamais observé à ce jour.

En effet, les plus attentifs d’entre vous auront peut-être remarqué que limage en tête d’article ne contient pas une seule, mais deux araignées ! La première est perchée directement sur l’abdomen de la deuxième, qui est visuellement très différente. Elle est beaucoup plus grosse, mais elle arbore aussi une couleur jaune pâle beaucoup plus proche de la teinte des pétales de Hoya pandurata. Pourtant, il ne s’agit pas d’une autre espèce : il s’agit en fait de la version femelle de Thomisus guangxicus.

C’est un excellent exemple de dimorphisme sexuel, et dans une interview à New Scientist, les chercheurs ont avancé que cette caractéristique pourrait être une composante indispensable de la stratégie de chasse de Thomisus guangxicus. Selon eux, cette espèce a appris à exploiter ces différences pour se fondre plus efficacement dans son environnement. En l’occurrence, le mâle se charge d’imiter la partie centrale colorée de la fleur, tandis que la femelle imite la corolle. « Les couleurs complexes de la fleur ne sont reproduites dans leur ensemble que si des araignées des deux sexes sont présentes », observent les auteurs. Le cas échéant, il s’agirait d’un système de mimétisme coopératif.

Une hypothèse bancale mais enthousiasmante

D’autres chercheurs sont assez dubitatifs par rapport à cette hypothèse, et expliquent qu’il existe d’autres explications beaucoup plus simples à cette observation. Le positionnement des deux spécimens pourrait être une pure coïncidence. Par exemple, ils pourraient simplement être en train de se reproduire.

Mais il en faut plus pour décourager les auteurs, qui vont continuer d’observer ces araignées-crabes pour tenter de confirmer rigoureusement la piste du mimétisme coopératif. En effet, un tel phénomène n’a jamais été documenté jusqu’à présent, et il s’agit donc d’une perspective très excitante. Le cas échéant, Thomisus guangxicus pourrait être un exemple particulièrement remarquable de co-évolution complexe, et les spécialistes pourront peut-être en tirer des informations très intéressantes sur les mécanismes de l’évolution.

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