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Projet IRIS² : le concurrent européen de Starlink fait face à de sérieux problèmes

Le projet européen IRIS² qui doit fournir une connexion Internet par satellite sécurisée en Europe et en Afrique subit d’importants retards et une augmentation significative de son budget. Prévu pour démarrer en 2027, ce concurrent européen à Starlink est dans la panade.

En février 2022, l’Union européenne lançait le programme IRIS² (Interconnectivity and Security by Satellite) avec pour ambition de garantir une indépendance numérique vis-à-vis des géants du secteur comme Starlink. Prévue pour émettre dès 2027, cette constellation de satellites vise à offrir un accès Internet ultra-sécurisé à l’Europe et à l’Afrique.

Défis techniques et financiers considérables

Mais comme souvent pour ce type d’énormes projets, des retards importants pourraient compromettre le respect du calendrier initial. La Commission européenne a repoussé l’attribution du contrat prévue pour mars à une date ultérieure non définie, invoquant un « processus d’évaluation » en cours mené par un « comité indépendant », selon Thierry Breton, commissaire au marché intérieur.

Le projet, estimé initialement à 6 milliards d’euros, a vu son coût doubler, atteignant désormais 12 milliards d’euros, ce qui suscite des inquiétudes en période de restrictions budgétaires. Les principaux acteurs du consortium, comme Airbus Defence and Space ou encore Thales Alenia Space, ainsi que le lanceur Arianespace, ne sont pas habitués à investir directement dans ce type de partenariats public-privé où ils doivent par la suite commercialiser les services développés. Habituellement, ils sont contractés directement par les États pour la fourniture de services.

De plus, l’Union européenne fait face à un retard technologique important, notamment l’absence d’un lanceur réutilisable comparable au Falcon 9 de SpaceX et une capacité limitée de production rapide de satellites.

Hermann Ludwig Moeller, directeur de l’Institut Européen de Politique Spatiale, n’a pas caché ses préoccupations lors du 39ème Symposium Spatial. Il s’attend à ce que l’Union européenne adopte une loi spatiale, mais les retards sont autant d’incertitudes pour le calendrier de mise en place de la constellation. Il s’attend à une « certaine discontinuité », en particulier si des changements surviennent dans la direction de la Commission européenne après les élections.

Le projet révèle également des tensions entre la France et l’Allemagne, principaux financiers de l’opération. La lettre de Robert Habeck, ministre allemand des Affaires économiques, à Thierry Breton en mars dernier, exige une révision du planning et critique la précipitation dans la prise de décision.

Ces tensions sont exacerbées par le fait que la plupart des sous-traitants sont basés en France, alors que les opérations seront gérées depuis l’Italie. Ces divergences mettent en lumière les défis de coordination et les enjeux politiques internes à l’UE, qui pourraient retarder davantage la concrétisation de ce projet ambitieux… peut-être trop ?

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