Alerte au CO2, qui a atteint un niveau record

L’augmentation record et inquiétante de la concentration mondiale de CO2 est attribuée à plusieurs facteurs. D’une part, l’événement climatique périodique El Niño, qui a récemment pris fin, a contribué à la hausse. D’autre part, les émissions continues et croissantes de gaz à effet de serre résultant de la combustion des énergies fossiles et de la déforestation sont également en cause.

Le CO2 à un niveau jamais atteint depuis 14 millions d’années

« Il est très significatif de voir la rapidité de l’augmentation au cours des quatre premiers mois de cette année, ce qui constitue également un record », explique Ralph Keeling, directeur du programme CO2 à l’Institution d’océanographie Scripps de l’Université de Californie à San Diego.

Les mesures mondiales de CO2 sont effectuées depuis une station située sur le volcan Mauna Loa à Hawaï. Depuis le début des relevés par Charles Keeling en 1958, les concentrations de CO2 n’ont cessé d’augmenter chaque année, atteignant de nouveaux records mondiaux d’émissions annuelles.

L’élévation rapide des niveaux de CO2, principal gaz à effet de serre, menace la planète de bouleversements climatiques catastrophiques, comme des vagues de chaleur intenses, des inondations, des sécheresses et des incendies de forêt. Avant que les humains ne commencent à émettre de grandes quantités de dioxyde de carbone par la combustion des énergies fossiles, les niveaux de CO2 étaient stables à environ 280 ppm (parties par million) pendant près de 6.000 ans de civilisation humaine. Le passage à 426 ppm représente une augmentation de 50 % par rapport aux niveaux préindustriels et le plus haut niveau atteint depuis des millions d’années.

Le phénomène connu sous le nom de « courbe de Keeling » montre cette augmentation continue du CO2 et illustre comment la combustion des énergies fossiles et la déforestation ont accru la quantité de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Cette courbe est devenue un symbole du problème climatique mondial.

Les scientifiques estiment que les niveaux actuels de CO2 n’ont pas été observés depuis environ 14 millions d’années, période durant laquelle le climat était très différent de celui d’aujourd’hui. Les recherches récentes indiquent que les conditions climatiques de cette époque seraient totalement étrangères aux êtres humains que nous sommes.

Le précédent record annuel d’augmentation du CO2 avait été établi en 2016, également lors d’un événement El Niño, qui provoque temporairement une hausse des températures mondiales. Bien que le taux de croissance du dioxyde de carbone devrait revenir à une augmentation annuelle plus standard de 2 à 3 ppm après la fin de ce dernier El Niño, cela ne représente guère un motif de réconfort.

« Le taux de hausse va presque certainement diminuer, mais il continue d’augmenter », affirme Ralph Keeling. « Pour stabiliser le climat, il faudrait que le niveau de CO2 diminue, ce qui n’est manifestement pas le cas. L’activité humaine a fait exploser les niveaux de CO2. Cela me rend triste plus que tout. C’est triste ce que nous faisons ».

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