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Après les portables, Arm veut conquérir tout l’écosystème Windows

L’entreprise derrière l’architecture éponyme qui alimente notamment les nouveaux Snapdragon X de Qualcomm a la ferme intention de surfer sur sa hype actuelle pour élargir ses horizons, et Intel va devoir en prendre bonne note.

Toute l’industrie du hardware attend impatiemment la sortie des premiers ordinateurs équipés des Snapdragon X, les nouvelles puces avec lesquelles Qualcomm ambitionne de chambouler la hiérarchie de l’écosystème portable. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’industrie semble convaincue ; presque tous les grands constructeurs ont déjà pris le train en marche en annonçant de nouveaux laptops équipés de ces puces ARM. Et apparemment, il ne s’agit que d’un début ; l’entreprise a annoncé son intention de déployer ses Snapdragon sur toutes les familles d’appareils… pour devenir le tout premier fondeur du marché, rien que ça !

C’est en tout cas ce qui ressort d’une slide présentée par le PDG Cristiano Amon au Computex 2024, qui se tient en ce moment à Taipei. Apparemment, Qualcomm n’aurait pas l’intention de s’arrêter aux ultrabooks. Selon PCWorld, la firme projette aussi de partir à la conquête des tablettes, des mini-PC, mais aussi des desktops traditionnels !

Difficile de savoir à quoi de telles machines pourraient ressembler, car pour l’instant, Qualcomm ne produit aucune puce standalone susceptible d’être ainsi installée sur votre PC actuel. Pour atteindre cet objectif, il faudra sans doute développer de toutes nouvelles cartes mères dotées d’un socket sur mesure. Mais cela ne semble pas irréalisable, dans la mesure où Qualcomm entretient déjà de bonnes relations avec la plupart des autres pointures du hardware ; on peut imaginer que Gigabyte, MSI, Asus ou EVGA pourraient concevoir des composants adaptés aux Snapdragon dans un intervalle de temps relativement court. Et une fois cet obstacle franchi, le plus gros du travail serait déjà terminé, sachant que l’architecture ARM est déjà compatible avec la RAM moderne et avec standard PCIe qui permet de connecter un tas de composants comme les cartes graphiques dédiées ou les SSD.

50 % du marché Windows d’ici cinq ans ?

Mais derrière ce projet se cache un autre objectif encore plus ambitieux. D’après Reuters, les équipes d’Arm, l’entreprise britannique derrière l’architecture éponyme, s’attendent à voir leurs produits déferler sur le marché sur les prochaines années ; selon Reuters, le PDG Rene Haas a affirmé lors du Computex qu’il comptait coloniser 50 % de l’écosystème Windows d’ici 5 ans ! Un sacré projet, sachant que la firme part de loin. À l’heure actuelle, elle compte environ 2,6 % de part de marché sur ce segment, très loin derrière Intel qui en revendique plus de 75 % selon un rapport récent du bureau d’étude Canalys.

Il faudra patienter encore un peu pour savoir s’il s’agit d’une utopie alimentée par la hype actuelle autour des Snapdragon X ou d’un but réaliste. L’arrivée des premiers ultraportables ARM, à la mi-juin, sera déjà un excellent indicateur. Si les performances sont aussi impressionnantes que prévu et que le public répond présent, Arm aura toutes les raisons de s’embarquer dans cette grande aventure.

La guerre du hardware repart de plus belle

Mais la partie ne sera pas gagnée pour autant, car les titans historiques du hardware ne vont certainement pas se laisser déloger sans réagir. Nous avons d’ailleurs déjà vu quelques signes de contre-attaque du côté d’Intel, qui a répondu à l’offensive de Qualcomm en détaillant sa nouvelle architecture Lunar Lake. La qualité de ces puces jouera sans doute un rôle significatif dans la trajectoire des Snapdragon. En cas de naufrage, Qualcomm sera sur la voie royale ; dans le cas contraire, le pedigree d’Intel lui permettra sans doute de conserver sa place pendant au moins quelques années.

Mais quoi qu’il en soit, c’est un scénario que l’écurie bleue se doit absolument de prendre très au sérieux. Car si elle peut se permettre de perdre du terrain sur le segment portable, la perspective de voir Arm débarquer en force sur les PC fixes est sans doute beaucoup, beaucoup plus préoccupante pour la firme. Cela fait de longues années que l’écosystème desktop est LE bastion imprenable d’Intel, et on peut déjà affirmer sans l’ombre d’un doute que Pat Gelsinger et ses troupes ne reculeront devant rien pour le défendre. Autant dire qu’il faudra prêter une attention toute particulière à Arrow Lake, leur prochaine génération de CPU desktop attendue en fin d’année, car dans le contexte actuel, Intel ne pourra se permettre aucune erreur de parcours sur les prochaines années. Et si l’on ajoute ARM à l’équation, on peut déjà entrevoir les contours d’une guerre du hardware à couteaux tirés qui s’annonce assez passionnante.

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Source : Reuters

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