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[Dossier Bollywood] Notre sélection des perles du cinéma fantastique indien

Si vous aimez un tant soit peu le cinéma, vous avez sans doute déjà entendu parler de Bollywood. Nom donné à un certain style de cinéma…

Si vous aimez un tant soit peu le cinéma, vous avez sans doute déjà entendu parler de Bollywood. Nom donné à un certain style de cinéma indien, et parfois plus généralement à l’industrie du cinéma indienne, Bollywood représente un genre bien spécifique, à base de chassé-croisé amoureux, de chorégraphies somptueuses dans des décors magnifiques et de méchants aux coiffures improbables. Et s’il est vrai qu’il s’agit là d’une constante, le genre a su évoluer ces dernières années, et s’est même attaqué au cinéma fantastique, genre encore inédit en Inde il y a quelques années. Et comme pour le reste, l’Inde a sa vision bien à elle.

Dossier

Bollywood chewing-gum

Prétendre que le cinéma indien ne propose que des chorégraphies folkloriques, des histoires d’amour cul cul et des méchants à moustache est une généralisation grossière et assez insultante. Déjà parce qu’en Inde, les gentils aussi ont la moustache, mais aussi et surtout parce que le cinéma de Bollywood ne se résume pas à ce que croit en connaître le néophyte occidental. Chez Le Journal du Geek, on aime beaucoup le septième art. Et on s’est dit qu’il était temps de parler un peu de ce qui se fait à ce sujet chez les Indiens (ceux d’Inde, pas les trois Cherokees qui gèrent des casinos à Las Vegas…), et plus spécifiquement dans un genre dont l’exploitation est encore relativement rare et récente chez eux : le cinéma fantastique.

Pour cela, nous allons vous présenter une liste de films à voir absolument, pour découvrir une autre façon de concevoir les scènes d’actions, les héros en tenue moulante, et les beaux gosses qui marchent à la cool face caméra avec des explosions en arrière plan. Et vous allez vite comprendre qu’en matière de surenchère, les réalisateurs et scénaristes Indiens n’ont aucune limite, et laissent très loin derrière eux les Michael Bay et autres Snyder.

On y va ?

bollywood-chewinggum

[nextpage title=”Koi Mil Gaya, le point de départ”]

La trilogie Krrish, qui a vraiment fait exploser le phénomène du cinéma fantastique Indien, débute sans son protagoniste. Hein ? Oui alors pour comprendre, il faut revenir en 2003 lorsque sort Koi Mil Gaya (« J’ai rencontré quelqu’un » en français), un film fantastique indien aux allures hollywoodiennes. Nous y découvrons le beau Hritik Roshan, dans la peau de Rohit Mehra, un jeune homme au QI d’une poule, mais foncièrement bon. Rohit va faire la rencontre de Jadoo, un extraterrestre doté de pouvoirs fantastiques, qui va le rendre intelligent comme Stephen Hawking et fort comme dix bœufs. Bon, clairement, l’histoire est un mix entre Phénomène (avec John Travolta) et E.T., mais ce qui frappe surtout, c’est qu’il s’agit là d’un ovni dans le paysage Bollywood. En effet, effets spéciaux, extraterrestres et super pouvoirs ne sont pas des éléments habituels des productions du cinéma indien.

Koi-Mil-Gaya

Si Koi Mil Gaya doit son succès en grande partie à son interprète principal et à la magnifique Preity Zinta dans le premier rôle féminin, tout deux mégastars en Inde, c’est aussi son histoire, originale, belle et tout de même sertie de séquences de danse (Rohit devenant intelligent et brillant, il va forcément courtiser la belle du village), qui lui octroiera une belle place dans l’esprit des fans de films indiens. Parce que même si la tarte aux fraises c’est super bon, quand on ne mange que ça tous les jours depuis trente ans, ça fait toujours du bien de manger une tarte aux poires.

[nextpage title=”Les Australiens ont Max, les Américains Rambo… En Inde, ils ont Krrish.”]

Krrish

En 2006, quand sort Krrish, personne ne s’attend à ce que ce film de super héros soit en fait une suite. Et pourtant… C’est lors de la sortie du film que les spectateurs découvrent que Krishna, le héros doté de super pouvoirs depuis sa naissance, est en fait le fils de Rohit Mehra, le héros de Koi Mil Gaya ! En plus d’être le premier vrai film de super héros indien, Krrish se targue d’amener le concept de spin-off / suite sur le devant de la scène. Sorte de Batman des rues de Bombay, Krrish, toujours interprété par Hritik Roshan, est un défenseur de la veuve et de l’orphelin, quand il ne danse pas dans des décors hyper colorés. Non parce que ça reste un film indien tout de même.
D’un niveau de production encore plus élevé que les plus gros blockbusters de Bollywood, Krrish va faire énormément parler de lui… et faire de nombreux émules.
Le film, qui aura coûté un peu plus de six millions d’euros, va en rapporter plus de seize millions, soit deux millions de plus que Koi Mil Gaya. Dès lors, les producteurs ainsi que Hritik Roshan vont commencer à parler d’une suite… qui va mettre sept ans à arriver.

Krrish 3 ? Mais y’a pas de 2 !

Pour le troisième opus ce cette série unique en son genre, les auteurs décident de partir sur du pur film de super héros et de s’inspirer de ce qui se fait de l’autre côté du globe, et principalement par la Fox et sa franchise X-Men. Ça n’était sans doute pas le meilleur exemple à prendre et Krrish 3 surprend et déçoit même certains fans, par le côté cheap de son scénar pas du tout à la hauteur du teasing des dernières années. Quand on voit le grand méchant en armure en papier d’alu et les mutants relativement mal exploités, on se demande où sont passés les 13 millions de budget du film (qui va tout de même rapporter plus de 40 millions !). Hritik Roshan y est toujours et donnera beaucoup de sa personne pour arborer un physique de culturiste assez incroyable, faisant passer Chris Evans (Captain America) pour un nerd chétif et tremblotant.

Krrish3

Dans Krrish 3, Krisha Mehra est aux prises avec un scientifique fou qui cherche à créer des gênes parfaits en utilisant des mutations d’animaux et d’humains. Sorte de Docteur Moreau indien, le scientifique a vent des pouvoirs de Krrish, enlève sa femme enceinte, dans l’espoir de récupérer quelques cellules souches, et l’a fait remplacer par une métamorphe, sans que Krrish ne se doute de rien. On n’est pas que dans une histoire de super héros, Inde oblige, nous avons droit au quiproquo amoureux et limite comique habituel.

S’il n’est pas le meilleur de la trilogie, Krrish 3 se doit tout de même d’être vu, ne serait-ce que pour avoir l’histoire complète et suivie de la famille Mehra (aucun lien avec Mohammed). Et puis si on nous sort un 4, au moins vous serez à jour.

Bon. Maintenant que nous avons survolé la trilogie par laquelle tout à commencé (non, pas celle-là, arrêtez un peu avec votre obsession pour Star Wars…), nous vous avons concocté une petite sélection d’autres perles fantastiques fantastiques. Vous avez vu ce que je viens de faire ? Ça s’appelle un effet de style tout pourri.

[nextpage title=”Ra.One”]

Expérimental au possible, Ra.One aura même eu son jeu vidéo (une catastrophe, soi-dit en passant). Sorti en 2011, Ra.One met en vedette la superstar Shah Rukh Khan, dans le rôle de Shekhar Subramanium, un game designer. Shekhar vient de créer un jeu vidéo avec capture de mouvements (un peu comme la Wii, mais ludique et bien fait), dont le grand méchant, Ra.One parvient à s’échapper du jeu et à se matérialiser dans le monde réel. Ça n’a aucun sens, mais en même temps les scénars des films de Christopher Nolan non plus, et ça ne l’empêche pas d’être vénéré dans le monde entier.

RaOne

Ra.One n’a qu’une envie, c’est de salement corriger le petit troll qui l’a owné dans le jeu, et qui se trouve être le fils de Shekhar. Notre gentil game designer n’a donc d’autre choix que d’invoquer G.One, le héros, pour venir coller des peignées bien réelles à son ennemi virtuel. Un délice d’absurdité, comme vous l’aurez bien compris. Il est clair que le fort de Ra.One n’est pas son script. Par contre, il saura faire sourire le nerd qui sommeille (en ronflant plus ou moins fort) en chacun de nous).

[nextpage title=”Anniyan”]

Anniyan est réalisé par Shankar. Sorte de Zack Snyder Tamoul, mais avec du talent et une moustache, c’est à lui que l’on doit quatre des films de la playlist que nous vous proposons aujourd’hui. Réalisateur prolifique et pour qui les limites ne sont qu’un concept flou et lointain, Shankar n’a que faire des conventions et se fait plaisir. Et non seulement ça se voit, mais en plus, la plupart du temps, ça fonctionne.

Anniyan

Anniyan (« L’Étranger ») sort en 2005 et est une sorte de thriller psychologico-fantastique qui nous raconte comment Ramanujan, un homme gentil et respectueux des lois, mais déçu par le je-m’en-foutisme général autour de lui, développe plusieurs personnalités, pour s’échapper de la réalité, à son insu. Problème, si l’une de ces deux personnalités est celle de Remo, un beau gosse sûr de lui et qui fait tomber toutes les femmes (tout le contraire du timide et réservé Ramanujan), l’autre est un serial killer qui tue sous couvert de justice absolue. Dur dur de faire cohabiter les trois, surtout quand la police commence à s’en mêler. Aaniyan permet de commencer à entrevoir la folie et le génie de Shankar, que l’on va retrouver quelques années plus tard dans l’un des plus grands films WTF de tous les temps : Enthiran.

[nextpage title=”Enthiran”]

Crédité comme le film le plus cher du cinéma indien, avec ses 18 millions d’euros, en préproduction pendant une dizaine d’années, Enthiran « Robot » est surtout le film de plus ouf de toute l’histoire de Bollywood (et sans doute l’un des plus dingues que vous verrez dans votre vie, tous pays confondus). Nous y découvrons Chitti, androïde conçu de toutes pièces par le Dr. Vaseegaran, à son image, qui développe une conscience suite à une mise à jour logicielle et peut ainsi comprendre et ressentir les émotions humaines. Il tombe alors immédiatement amoureux de la petite amie de Vaseegaran (jouée par Aishwarya Rai, légende du cinéma Bollywood), et développe une haine quasi instantanée du genre humain. Rien d’étonnant, en somme. Tout se complique encore plus lorsque Chitti se fait manipuler par le rival de Vaseegaran, vexé de ne pas avoir été à l’origine du robot. S’ensuivent quelques-unes des scènes les plus incroyables que l’on puisse voir au cinéma, qui mixent sans gêne aucune et sans limite du Terminator, du Transformers, du I, Robot, des trucs que vous faisiez avec vos jouets, enfant, et quand même des scènes de danse épiques. Le tout donne un film unique, qu’on ne sait pas trop comment prendre, mais vers lequel on revient, tel un plaisir coupable.

Enthiran

Au delà du thème évident, Enthiran nous interroge sur les dangers de l’intelligence artificielle, sur ce qui fait qu’on est vivant et conscient, et sur ce qu’on peut être prêt à faire par amour. Bien plus profond que ses scènes d’action ne voudront bien le montrer, Enthiran est un joyau, et très certainement le film de cette sélection que nous vous conseillons le plus, s’il ne vous fallait en voir qu’un. À noter que contre toute attente, une suite, intitulée très sobrement 2.0, sort cette année.

[nextpage title=”I”]

Le genre de film dont le titre rend les recherches sur Internet relativement compliquées, I est une autre expérience cinématographique signée Shankar. Il nous narre la vengeance de Lingesan, un bodybuilder devenu top modèle, face à celles et ceux responsables de l’avoir défiguré et transformé en bossu informe. Sorte de Belle et la Bête moderne, I mélange (assez maladroitement, parfois) le fantastique, le thriller, l’action et l’humour. Si certaines séquences, comme la baston dans la salle de muscu, entre culturistes moustachus en slip, sont devenues instantanément cultes, d’autres sont beaucoup plus whatthefuckèsques et difficilement compréhensibles pour le néophyte. Car tout comme les Coréens, les Indiens ont un humour bien spécifique, qui ne se transcrit pas forcément bien à l’occidentale, la faute à des cultures riches mais très différentes les unes des autres.

I

Shankar y utilise une fois de plus ses codes favoris, à savoir la vengeance d’un vigilante, qui tue sans pitié, quitte à y laisser une partie de son âme. On y retrouve aussi l’humour bien particulier, propre à ses films, avec un protagoniste gentil mais un peu benêt, et une esthétique débordant de créativité. S’il ne s’agit pas de son meilleur film, I est tout de même une expérience à vivre au moins une fois, ne serait-ce que pour la performance incroyable de Vikram, l’acteur principal, qui prendra et perdra 35 kilos durant le tournage, pour pouvoir interpréter au mieux les trois versions de son personnage.

[nextpage title=”Eega”]

« Hé, les gars, imaginez si vous vous réincarniez en mouche, comment ce serait trop la merde pour vous venger ! » C’est cette idée improbable que développe Eega (« La Mouche » aussi connu sous le nom Makkhi, c’est d’ailleurs sous ce nom que vous le trouverez sur Netflix). Réalisé par S. S. Rajamouli, Eega est un film fantastique sorti en 2012, qui nous raconte la vengeance de Nani, un jeune homme amoureux de la jolie Bindu et qui se fait assassiner par un vilain méchant, lui aussi amoureux de la demoiselle. C’est quand même pas de bol de tomber amoureux d’une nana qui plait à un malade mental richissime et très puissant.

Eega

Après avoir été salement envoyé ad patres, Nani est réincarné… en mouche. Ne riez pas, c’est pas drôle. Bon, si, c’est drôle. Mais pas autant que les plans que Nani va mettre en place pour pourrir Sudeep, son assassin, et séduire Bindu. Oui, vous avez bien lu, une mouche va tenter de séduire une humaine. Dans un film live. Pour adultes. Sorti au cinéma.

On vous l’a dit, le cinéma fantastique indien est une merveille. C’est comme un enfant qui vous raconterait une histoire. Ça n’a aucun sens, c’est hilarant, mais c’est tellement en décalage que c’est fascinant. Et puis bon, une mouche qui fait de la muscu, rien que pour ça vous devez absolument voir ce film.

[nextpage title=”Singham”]

Le dernier film de notre sélection, sorti en 2011, n’est pas un film fantastique, mais mérite d’être vu, ne serait-ce que pour la scène d’action sur le port. Après ça, quand vous penserez classe absolue, vous penserez Singham.

Singham

Véritable maître de la gifle de forain, Singham est un flic qu’il ne faut pas contrarier. Policier émérite et incorruptible, il est aimé et respecté dans son village. Les rares abrutis qui commettent des petits larcins ont généralement droit à une remontrance et une tape sur l’épaule, et les pauvres peuvent compter sur un prêt à très long terme de la part des parents de Singham, qui sont accessoirement pétés de thunes. Alors qu’il vit dans un petit paradis, à la tête de son bureau de police local, arborant une moustache des plus soignées et pilotant une somptueuse mobylette, Singham est envoyé dans une grande ville pour tenter d’y remettre un peu d’ordre. C’est là qu’il va se frotter au big boss de la pègre locale, un homme puissant et ayant la police dans sa poche. Toute la police ? Non. Pas Singham, qui va se lancer dans une campagne de correction sévère de tous ceux qui ont aidé ce malfrat. Tout le monde va y passer, et tâter du revers de la main du colosse en uniforme moulant. Sa suite, sortie en 2014 et intitulée Singham Returns, est quand à elle très dispensable.

Et ce n’est que le début…

Vous voilà désormais en possession d’une bonne liste pour démarrer votre découverte d’un cinéma différent, rafraichissant, et incroyablement original. Il ne vous reste plus qu’à vous rendre chez votre revendeur local de DVDs et Blu-ray indiens, ou à faire un tour sur des boutiques en ligne, en faisant toutefois bien attention à trouver une version sous-titrée, sans quoi vous allez vous ennuyer. 3H30 sans rien capter, c’est long. Regardez ces pauvres bougres à l’assemblée nationale, comme ils ont l’air de s’ennuyer…

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