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Moustache : dans les coulisses de la fabrication du vélo Made in France

Le dernier fleuron de la marque, le Moustache J, possède pour la première fois un cadre fabriqué en France. L’occasion d’aller voir, à quelques dizaines de kilomètres de Nancy, l’usine où ces VAE haut de gamme prennent vie.

Cadre ouvert, suspension intégrale, moteur puissant, belle autonomie et trois options de finition. Le petit dernier de la marque Moustache, le J, se classe dans la gamme des vélos électriques urbains haut de gamme. Configurable en ligne ou en magasin, vendu à partir de 5 199€ et d’un grand confort à l’utilisation, ce n’est pas un VAE lambda. Cela l’est encore moins quand on sait que, pour la première fois, Moustache commercialise un vélo avec son premier cadre made in France au design unique.

“Depuis des années, nous fabriquons nos vélos en intégralité dans les Vosges mais une partie des pièces vient encore de l’étranger avant l’assemblage dans notre usine, explique Greg Sand, cofondateur de Moustache. Notre objectif est de rapatrier un maximum de savoir en France. Mais c’est un challenge énorme en termes d’industrialisation.”

Fabriquer un cadre en France… un vrai défi

Forte de son succès et de sa montée en puissance depuis 2019, la marque Moustache a voulu innover avec le Moustache J. Le design de ce vélo est parti d’un rêve d’Emmanuel Antonot, l’autre cofondateur de la marque. Dans sa quête immuable du vélo électrique adapté à tous, il a imaginé ce vélo urbain avec un cadre ouvert. Entendez par là qu’il n’y a pas de tube supérieur horizontal et donc qu’il n’est pas nécessaire de lever haut sa jambe pour l’enjamber. Plus pratique, ce design est aussi plus complexe pour assurer une bonne stabilité de l’engin.

Mais ce défi est devenu encore plus grand quand Moustache a décidé que ce cadre (en forme de J) serait made in France. “Au total, ce projet a nécessité plus de trois ans pour lui donner vie car il a fallu réfléchir au mode de fabrication puis trouver ensuite le bon prestataire. Le cadre en aluminium est moulé par gravité, ce qui permet de n’avoir aucune soudure. Il est d’une seule et même pièce et donc bien plus robuste. Généralement, cette méthode est utilisée pour de petites pièces de vélo, mais jamais pour un cadre entier”, souligne Greg Sand. Deux brevets sont d’ailleurs en cours de validation et le cadre en J monobloc est garanti 10 ans, contre 5 pour un cadre soudé.

Le surcoût de cette fabrication en France ? “Environ 20 % par rapport à un cadre soudé fabriqué en Asie, pointe le cofondateur. Mais pour ce qui est des investissements humains et industriels (créer les moules, etc.) qui ont été nécessaires pour relocaliser la production du cadre en France, les coûts sont à peu près trois fois supérieurs.”

De 15 000 à 1 000 km avant l’assemblage près d’Epinal

Un vrai challenge technologique pour que ce procédé de fonderie – généralement utilisé dans le ferroviaire et l’aéronautique – s’applique à un vélo. Il a aussi fallu trouver l’entreprise avec un tel savoir-faire. Ce sera Les Fonderies du Midi, à Vitrolles, dans les Bouches-du-Rhône. “Jusqu’à présent, le cadre d’un vélo faisait environ 15 000 km avant d’être assemblé pour la fabrication du vélo, ici on se situe à environ 1 000 km, ça change tout”, se réjouit Greg Sand.

Après la fonderie, le cadre passe par le Jura où l’entreprise Elcam réalise un usinage de précision grâce à une machine 5 axes. Il transite ensuite en Alsace, chez la PME Colibru, pour être peint. Pour la première fois, Moustache a opté pour une peinture thermo-laquée (en poudre, ce qui donne un aspect davantage mat et grainé). Avantages : une bien meilleure résistance aux chocs dans le temps et une empreinte carbone restreinte car le processus est sans solvant et nécessite cinq fois moins d’eau. Une fois ces trois étapes passées, il arrive dans l’usine flambant neuve de Moustache à Thaon-les-Vosges.

À Thaon-les-Vosges, un assemblage de précision

La dernière étape, mais pas des moindres, c’est l’assemblage de l’ensemble de pièces pour fabriquer le vélo. Tout se passe à une dizaine de kilomètres d’Epinal, dans l’usine ultra moderne de Moustache, inaugurée le 1er janvier 2019. Celle-ci vient même de s’agrandir il y a quelques semaines. Ce sont 3 200 m2 supplémentaires qui sont sortis de terre en 2023.

Désormais, Moustache compte pas moins de six lignes de production et forme à tour de bras de nouveaux collaborateurs pour assurer l’assemblage des vélos. Pour le seul modèle J, la PME estime qu’elle peut en produire entre 15 et 20 000 exemplaires par an. Mais cela nécessite une réelle expertise… et de la précision. En effet, chaque vélo est personnalisable (couleur, taille de la batterie, accessoires…). Tout cela nécessite une vraie concentration pour ne pas commettre d’impair.

2 heures pour donner vie à un Moustache Bike

Dans l’usine, l’atmosphère est studieuse mais détendue. Chacun s’active mais prend aussi soin de s’assurer que le collègue à côté n’a pas besoin d’un coup de main. La journée de team building, qui a eu lieu la veille de notre visite, porte ses fruits. On ressent une certaine forme d’artisanat – au sens noble du terme – mais aussi de la minutie, aidée par la technologie. La quasi-totalité des postes est désormais équipée d’un ordinateur et le suivi par QR-code se déploie peu à peu. Quelque 2 500 vélos peuvent sortir de l’usine chaque mois.

Ici, pas ou peu de travail à la chaîne. Sur les bancs de montage, les modèles se succèdent mais ne se ressemblent pas. “Dans la même matinée, je peux avoir à fabriquer un J.On puis un Lundi 27 et ensuite un samedi 29. À part les vélos cargos, qui nécessitent une formation particulière, nous sommes tous capables de fabriquer l’ensemble des modèles, nous explique un assembleur. Pour un J, il va me falloir environ 45 minutes pour assembler les pièces. Mais, au total, si on prend en compte le montage en amont le temps de réunir les pièces, la pose des rayons sur les roues, le gonflage des pneus… je dirais qu’il faut 2 heures bout à bout pour donner vie au vélo.”

Le cycle est ensuite emballé dans une couverture en fibres recyclées – réutilisable par la suite – et placé dans un carton de transport. Il sera envoyé aux revendeurs, répartis un peu partout en France mais aussi à l’étranger. 45 % de la production est en effet destinée à l’export, principalement en Europe. Preuve que le Made in France séduit.

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4 commentaires
  1. Bravo !
    Il me semble opportun de creuser cette thématique du made in France qui plaît beaucoup car les marques jouent trop souvent sur les termes. Le label origine France garantie commence à arriver dans le monde du vélo. Il met en lumière les marques qui ont décidé de monter des pièces fabriquées en France sur un cadre lui même fabriqué dans l’hexagone.
    Vous pourriez jeter un coup d’oeil à une petite marque de VAE qui monte: Radior (ou Radior bike)

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