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Test Acer ConceptD 7 SpatialLabs : les portables passent à l’ère de la 3D

Les portables à écran 3D stéréoscopique sont désormais une réalité… mais valent-ils le coup ?

Nous nous attaquons aujourd’hui à une machine un peu particulière puisqu’elle est à notre connaissance unique sur le segment des portables : voici L’Acer ConceptD 7 Spatial Labs Edition, un ordinateur qui arbore un écran 3D stéréoscopique ! S’agit-il d’une petite révolution ou d’un gadget hors de prix ? Voici nos impressions.

À l’ouverture de la boîte, nous découvrons une machine au look épuré avec son alliage magnésium-aluminium d’un blanc immaculé. À l’exception d’une flexion assez marquée lorsque l’on appuie légèrement sur le plateau principal, la construction globale de l’engin inspire vraiment confiance.

Cette impression de solidité provient en partie du rapport châssis/écran peu avantageux et de l’épaisseur de la dalle ; nous sommes bien loin de l’archétype « façon MacBook » qui fait la part belle à la finesse et à la surface de l’écran. Mais ces concessions sont ici justifiées ; comme mentionné ci-dessus, il ne s’agit pas d’une surface d’affichage comme les autres.

Écran : une incroyable dalle 4K 3D stéréoscopique

Il s’agit d’une dalle 4k (3840 x 2160) aux performances impressionnantes, avec 100 % de couverture du gamut Adobe RGB, une excellente précision colorimétrique (Delta E < 2), et une certification Pantone. Même le revêtement antireflet est de très bonne facture, ce qui est très appréciable en cette période de grand soleil. Un magnifique écran taillé pour la création, en somme ; mais ce n’est pas là que réside sa particularité la plus marquante.

Cette édition SpatialLabs du ConceptD 7 repose en effet sur les mêmes bases que la bonne vieille Nintendo 3DS ; la suite logicielle intégrée permet d’exploiter tout le potentiel de cette dalle qui propose des images stéréoscopiques en trois dimensions, et ce sans matériel complémentaire comme un casque.

En mode 3D, l’écran affiche en fait une image distincte pour chaque œil, ce qui a pour effet de diviser par deux la résolution effective, mais permet de reconstituer une impression de profondeur. Ce sont les caméras embarquées qui se chargent de réaliser le « tracking » des yeux pour assurer la cohérence et la continuité de l’effet stéréoscopique. Sur le papier, nous devrions donc voir « flotter » des images au-dessus du clavier.

Un rendu en trois dimensions assez bluffant…

Autant dire qu’il y a de quoi être sceptique… mais il faut bien admettre que le résultat est assez impressionnant au premier coup d’œil. Malheureusement, ce tour de passe-passe ne fonctionne absolument pas pour les appareils photo, et il nous est donc impossible de vous en faire la démonstration en image.

Mais pour tous les petits modèles 3D déjà présents sur la machine à titre d’exemple, l’impression de profondeur est indiscutable. La conclusion est la même lorsque l’on visionne une vidéo tournée en 3 D. Pour ceux qui ont eu l’occasion de tester la console de Nintendo, le résultat est conceptuellement similaire, mais de bien meilleure qualité. Et encore heureux, puisqu’il ne s’agit pas d’un écran 800×240, mais d’une belle dalle 4 K.

 

Ces fonctionnalités pourraient éventuellement être intéressantes pour monter quelques rushs en réalité virtuelle, pour mieux apprécier les volumes d’un projet d’architecture, ou encore pour travailler sur un modèle 3D. La bonne nouvelle, c’est qu’Acer a pris la peine d’intégrer plusieurs modules complémentaires qui permettent à de nombreux logiciels de tirer parti de cette technologie. Et pour ceux que nous avons pu tester, l’intégration est généralement assez intuitive et plutôt réussie.

Les artistes 3D trouveront par exemple leur bonheur du côté des add-ons Blender, 3ds Max ou ZBrush, trois logiciels omniprésents dans cette industrie. On regrette cependant l’absence d’intégration Substance Painter qui aurait pu être intéressante.

Les monteurs, de leur côté, pourront bénéficier de la compatibilité avec Fusion 360. En revanche, pas de trace d’une compatibilité Premiere Pro ou DaVinci Resolve, par exemple, pour ceux qui voudraient monter du contenu VR avec des logiciels de montage généralistes.

Les adeptes de l’impression 3D auront de quoi travailler à condition d’être familier de Cura, seul logiciel de ce type pris en charge par la suite SpatialLabs. Les ingénieurs, devront quant à eux se contenter de modules pour Rhino et Inventor, ce qui pourrait décevoir les adeptes de Solidworks, CATIA ou encore AutoCAD ; pas idéal pour envisager une application à l’échelle industrielle.

…À l’intérêt pratique malheureusement limité

Reste la question qui fâche : cette technologie a-t-elle un vrai intérêt lorsqu’il s’agit de réaliser du travail sérieux ? Permet-elle d’améliorer les « flux de travail », comme le prétend Acer ? Sans aller jusqu’à parler de gadget, la réponse est tout sauf évidente.

Pour les artistes et les ingénieurs, en pratique, les bénéfices sont assez limités. De notre côté, même si l’expérience était assez impressionnante au début, nous n’avons pas vraiment ressenti de gain de productivité significatif après une grosse heure de test sur Blender.

© Acer

En revanche, cette technologie pourrait quand même avoir son intérêt, par exemple pour présenter un modèle à un client ou à un chef de projet. Mais ce côté « démonstration » semble bien être le principal argument de cet écran stéréoscopique. Pour un utilisateur lambda, cette stéréoscopie relèvera probablement du gadget pur et simple ; et un professionnel qui tient absolument à visualiser son contenu en 3D dans de bonnes conditions aura probablement intérêt à privilégier un système VR en bonne et due forme.

Dans ce cas, que lui manque-t-il pour s’imposer ? Là encore, la réponse est tout sauf évidente ; l’intégration d’un système de reconnaissance gestuelle pour naviguer dans une scène serait par exemple très appréciable, mais encore une fois, pas sûr que ça ferait une différence fondamentale en pratique.

Clavier et connectique

Le clavier est globalement bon. Les touches ne sont pas exceptionnellement stables, mais la combinaison d’une course très courte et d’un retour tactile particulièrement marqué offre une expérience de frappe très satisfaisante. Il ne nous a pas fallu bien longtemps pour dompter ce clavier bien proportionné et globalement bien agencé ; nous avons rapidement pu revenir à un niveau de précision et de vitesse comparable à celui que l’on connaît sur notre machine habituelle. Petit bémol, cependant : les repose-poignets chauffent fort, ce qui n’est pas agréable avec 38° de canicule…

La connectique est globalement très bonne, et on n’en attendait pas moins d’un appareil de ce genre. 1 DP, HDMI pleine taille, RJ45, 2 USB-A (1 par côté), 2 USB-C, jack, et même un lecteur de carte SD avec son adorable petit tiroir. Un des points forts de la machine.

À noter cependant qu’en fonction de la façon dont vous organisez votre espace de travail, leur disposition pourrait ne pas être idéale. Il n’y a aucun port à l’arrière, tout est sur les côtés, et le fait d’avoir les HDMI, DP et Ethernet à droite peut être gênant pour les droitiers qui ont l’habitude d’utiliser une souris proche de la machine. Heureusement, le pavé tactile est globalement irréprochable et permet de naviguer confortablement même sans périphérique.

Le seul vrai regret à ce niveau est l’absence de pavé numérique ; un crève-cœur pour une machine de ce genre sachant que ce pavé est plein de raccourcis utiles dans les logiciels pourtant prit en charge par la suite Spatial Labs… au moins, Acer a profité de cet espace supplémentaire pour intégrer des touches média dédiées et faciles d’accès. C’est déjà ça…

Ventilation

Discrète… à tous les niveaux, ce qui est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. D’un côté, nous avons été très agréablement surpris du volume, qui correspond aux revendications d’Acer ; même à plein régime, les ventilateurs savent se faire très discrets.

En revanche, on ne peut pas tenir le même discours à propos de la gestion de la température. Le tableau est assez mitigé. Dans des conditions déjà pas évidentes pour la machine avec la canicule actuelle, la température du couple CPU/GPU reste tolérable, mais le châssis entier (pas seulement les RP) était tout simplement bouillant au terme de nos benchmarks. C’est probablement l’une des raisons qui ont poussé Acer à faire l’impasse sur les puces Intel de 12e génération…

Hardware et performances

Un choix qui pourrait en décevoir certains, mais qui semble pour le coup assez pertinent. Acer a opté pour un Intel i7-11800H. Certes, c’est une puce qui date de la dernière génération, mais elle n’en demeure pas moins excellente. Elle a aussi l’avantage d’avoir un appétit plutôt raisonnable (TDP de 45W) quand on la compare aux monstres de la 12e génération.

Il est accompagné d’une RTX 3080. et desservi par 32 à 64 GB de mémoire vive. À noter qu’il ne s’agit malheureusement que de DDR4. Ce modèle ne propose pas de GPU spécialisée de type Quadro ; le terme de « workstation portable » est donc à prendre avec des pincettes. Il s’agit d’un appareil à la philosophie finalement assez généraliste.

Dans tous les cas, cette machine n’a clairement pas vocation à être un PC gaming, et nous ne nous attarderons donc pas sur ce segment. Pourtant, elle s’en sort tout de même bien sur ce terrain, ou en tout cas mieux que ce que laisse suggérer son score 3DMark assez modeste. Ce ConceptD 7 SpatialLabs Edition permet de profiter d’à peu près n’importe quel titre AAA dans des conditions optimales — à condition de faire quelques concessions sur la qualité graphique, résolution 4k oblige.

Sur Elden Ring, un titre très exigeant et pas vraiment bien optimisé, ce ConceptD a prouvé qu’il pouvait s’attaquer à de gros AAA. En résolution 4K et avec la qualité graphique maximale, l’engin a pu faire tourner le titre de FromSoftware à environ 35 IPS de moyenne, ce qui n’est pas une mince affaire. Ils nous asuffi d’ajuster quelques options et de baisser la résolution d’un cran pour que la machine se stabilise sans problème au-dessus des 50 images par seconde lors des phases de jeu riches en effets visuels.

Il y a donc largement matière à se faire plaisir en compagnie de ce ConceptD, du moins pour les joueurs occasionnels. Mais à cause du cap de 60 images par seconde et du temps de réponse relativement élevé, inutile d’espérer un gameplay ultra-fluide ou des performances de haut vol sur des titres compétitifs de type Counter Strike : Global Offensive

Pour ce qui est des applications liées à la productivité et à la création, en revanche, cette machine ne manque pas d’arguments. La configuration est assez bien dosée pour en faire une sorte de couteau suisse multimédia pas inintéressant dans un contexte professionnel. Quel que soit votre corps de métier, ce ConceptD vous permettra de réaliser des tâches peu ou moyennement exigeantes sans le moindre problème… même s’il sera probablement insuffisant pour des professionnels chevronnés qui souhaitent réaliser des travaux très lourds.

Nous avons pu monter des fichiers relativement volumineux en toute fluidité, même si 32 GB de ram supplémentaire n’auraient pas été de trop au moment de s’attaquer à la 4 K. Très bien pour ficeler un reportage à la volée, un peu moins pour monter une publicité à partir d’images issues d’une caméra type cinéma…

Dans l’ensemble, la conclusion est plus ou moins le même sur l’ensemble des applications possibles. Que ce soit pour la modélisation 3D, les simulations de contraintes physiques ou autres, ce ConceptD 7 SpatialLabs se montre globalement performant, mais il manquera quand même un peu de coffre pour certaines applications professionnelles très exigeantes.

Conclusion

Au bout du compte, le concept fonctionne, c’est indiscutable. Mais le souci, c’est que cette innovation se paie au prix fort, à savoir 4499 € pour ce modèle précis… un rapport prix/puissance loin d’être exceptionnel qui peine à justifier cette facture XXL. Tout repose donc sur l’écran qui constitue son principal argument.

Et malheureusement, l’utilisateur lambda et même la plupart des professionnels auront probablement un peu de mal à rentabiliser cette dalle stéréoscopique. En tant que machine d’appoint, on préférera probablement le modèle Ezel Pro, qui semble tout de même plus pertinent en conditions réelles. Nous pouvons donc difficilement recommander cette machine à l’utilisateur moyen… du moins, pour le moment.

Car d’un autre côté, il faut aussi saluer cet effort d’ingénierie impressionnant ; ce ConceptD a réussi à nous faire imaginer un futur où cette technologie pourrait peut-être faire son trou, ce qui nous semblait assez fantaisiste avant ce test. Acer trouvera-t-il la formule idéale, celle qui permettra d’en faire une plus-value indiscutable ? Nous n’en mettrons pas encore notre main à couper, mais la question mérite d’être posée ; et ça, c’est déjà un succès en soi.

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Notre avis

Dans l'ensemble, ce ConceptD 7 SpatialLabs est une très belle machine. Mais l'intégration de cette fameuse dalle stéréoscopique 3D, certes impressionnante, se paie au prix fort alors que son intérêt pratique reste assez limité, du moins pour le moment. Un bel effort d'ingénierie qui mérite d'être salué, mais qui restera probablement insuffisant pour justifier une telle dépense, à moins d'un véritable coup de coeur.
Note : 6  /  10

Les plus

  • Un superbe écran 4K
  • La 3D stéréoscopique fonctionne
  • Une finition admirable
  • Une connectique solide
  • Une machine robuste et polyvalente

Les moins

  • L'intérêt de la 3D est limité en pratique
  • Extrêmement cher
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