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[Idée lecture] Dominium Mundi de François Baranger

Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler de Dominium Mundi, le premier roman de François Baranger. Une oeuvre solide, prenante et intelligente qui vous plongera au cœur…

Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler de Dominium Mundi, le premier roman de François Baranger. Une oeuvre solide, prenante et intelligente qui vous plongera au cœur d’un univers de SF cohérent et original.

dominium mundi

Dominium Mundi est une réécriture de la Première Croisade, et de la Jérusalem Délivrée du Tasse (XVI ème siècle). Nous sommes en 2204. La Terre a été ravagée par les guerres nucléaires et dorénavant, l’Empire Chrétien Moderne, mené d’une main de fer par le pape Urbain IX, domine ce qu’il reste de notre planète. Un jour, une mission spatiale rejoint la planète Akya, gravitant autour de Proxima du Centaure. Là-bas, les missionnaires font la connaissance du peuple Atamide. C’est la stupéfaction lorsqu’ils découvrent un immense bâtiment orné d’une croix chrétienne dans lequel repose le corps du Christ. Les missionnaires se font ensuite massacrer par les locaux et le pape lance alors la neuvième croisade, la première de l’ère interstellaire. Un million d’hommes et de femmes embarquent sur l’immense vaisseau de guerre St Michel pour aller reprendre le tombeau de Jésus.

Diptyque de plus de 1500 pages au total, Dominium Mundi est un livre qui risque de faire date dans la SF francophone. Un coup de maître que son auteur, François Baranger, a mis dix ans à écrire. Véritable épopée, l’oeuvre nous fait suivre cette histoire fascinante par le prisme de deux personnages principaux : Tancrède de Tarente et Albéric Villejust. L’un est un soldat d’élite, l’autre un informaticien enrôlé de force. Une multitude de personnages (souvent inspirés de personnalités historiques) viennent agrémenter cet univers, qui démarre en trombe dès les premières pages.

Illustrateur, Baranger a dessiné lui-même les couvertures et réalisé quelques œuvres consacrées à Dominium Mundi
Illustrateur, Baranger a dessiné lui-même les couvertures et réalisé quelques œuvres consacrées à Dominium Mundi

Baranger sait raconter des histoires fascinantes et croiser le destin de ses personnages sans pour autant perdre le lecteur. On sent diverses influences dans les lignes de ces deux pavés, aussi bien du Frank Herbert, du Dan Simmons ou du Orson Scott Card. Néanmoins, on sent que ses influences ne s’arrêtent pas là. On sent également un amour de la pop-culture, en retrouvant par exemple des côtés Mad Max, Star Wars, Avatar ou même Starcraft (pour les armures et stratégies militaires, par exemple). Le tout donne un melting-pot prenant, qui n’oublie jamais de se forger sa propre personnalité.

Baranger arrive de l’univers visuel. Cet illustrateur a notamment bossé sur les sagas cinématographiques Harry Potter, sur la Belle et la Bête ou sur des jeux vidéo comme Beyond. Même si son style n’est pas transcendant, sa plume nous permet parfaitement de visualiser les scènes qui se déroulent tout au long deux deux tomes, de nous faire comprendre l’architecture compliquée d’un vaisseau ou une scène de bataille.

Distillant habilement les révélations et en en posant d’autres au fil des chapitres, Dominium Mundi se montre aisé à aborder et adopte la même structure narrative d’un blockbuster (encore une fois, Baranger a été beaucoup influencé par ce milieu), sans pour autant tomber dans la facilité. Le premier tome n’existe que pour placer les enjeux, les personnages et les problématiques du tome 2, qui se montre très différent, aussi bien dans l’histoire que dans l’ambiance. Néanmoins, impossible de ne pas se faire happer par cette histoire rondement menée et plus intelligente qu’un blockbuster moyen.

9782266258982

Baranger distille habilement ses connaissances historiques, sa connaissance du Clergé et de la manière de mener une croisade dans un univers aussi cohérent que spectaculaire. La pongée au cœur de cette guerre est un prisme idéal pour nous décrire ce monde regorgeant de détails et de problématiques diverses qui n’a rien à envier aux canons du genre.

Dominium Mundi souffre de quelques défauts, comme une histoire manichéiste et des personnages qui auraient mérité plus de profondeur. Les gentils sont très gentils et les méchants très méchants. Tancrède, notre héros, ne doit ses problèmes qu’à son intégrité et sa droiture. Robert, le méchant, est quant à lui un salopard de première qui ne bénéficie d’aucune nuance. Dommage, mais on arrive facilement à passer outre ce gros défaut, tant l’histoire se montre intéressante. Notons également une légère baisse de rythme au milieu du deuxième tome, mais vite rattrapée par les deux cents dernières pages.

Dominium Mundi est loin d’être un coup d’essai, c’est un coup de maître. Il nous propose un univers fouillé, une histoire passionnante et une fin qui ne nous laisse pas sur notre faim. Si vous cherchez un bon livre de SF, nous ne saurons trop le conseiller, d’autant plus qu’il risque de faire date. Du moins, on l’espère, tant ce serait mérité.

Dominium Mundi, aux éditions Pocket. Tome 1 et 2.

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8 commentaires
  1. “Dominium Mundi est loin d’être un coup d’essai […] il risque de faire date. Du moins, on l’espère, tant ce serait mérité.” …
    Peut-être au point de charmer un producteur pour une adaptation cinématographique, qui sait ?
    Ce serait un bon sujet en tout cas …

  2. Je rejoint la08, c’est un écrit qui date, il est dans ma bibliothèque depuis pas mal de temps.

    Je ne serais toute fois pas aussi catégorique que toi Pierre…

    L’histoire est bonne et le concept intéressant, cependant c’est traité de manière très linéaire et les personnages ne sont pas attachants pour un sou. Ils pourraient crever qu’on s’en battrait légèrement la race. En outre les mecs ont une psychologie de poisson pané (les mecs parce que l’unique fille du roman a un rôle de femme forte mais qui doit être sauvée par le héros. Bref le gros travers des blockbusters qui n’est absolument pas évité ici comme tu le dis.), il leur arrive tout un tas de trucs en pleine face mais jamais ils ne changent de cap, jamais ils n’évoluent, jamais ils ne se remettent en question, jamais ils ne doutent, c’est bien simple on dirait des robots.

    Et la fin est tellement prévisible :/

    Après c’est une bonne distraction (surtout pour de la SF française) mais il y a mieux. Regardez du côté d’Hamilton 🙂

  3. Je me suis forcé pour aller jusqu’au 2 eme tome que j’ai abandonné bien rapidemment.
    On n’arrive pas a se passioner pour ces personnages qui ne dégagent pas d’âmes, n’ont pas grand chose de héros au sens romanesque du terme, on ne s’attache pas a eux, et le tout est même emprunt d’un certain classissicme rigoureux et malvenu sur ce thème pourtant intéressant.

  4. Un Anglais avait prétendu que les Français n’avaient pas “la tête épique” !…. Apparemment, ils n’ont pas fait de progrès !…

  5. “Dominium Mundi souffre de quelques défauts, comme une histoire manichéiste et des personnages qui auraient mérité plus de profondeur. Les gentils sont très gentils et les méchants très méchants.”… c’est quand même des gros défauts rédhibitoires ça, non ? Mauvaise histoire et mauvais personnages.

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