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[Dossier] 1 an après, où en est Pokémon GO ?

Pokémon GO a soufflé sa première bougie cette année. Un anniversaire remarqué nous rappelant le succès planétaire qu’a très rapidement connu le jeu à sa sortie. Plus d’un an après son lancement, que reste-t-il du phénomène mondial ?

C’est l’histoire d’un jeu qui aurait pu s’arrêter en même temps que les jours raccourcissaient à l’approche de la saison froide. Mais la période estivale de cette année a démontré la fidélité des joueurs de Pokémon GO et leur motivation, bien repartis pour continuer attraper Pikachu et tous ses congénères. Comment Niantic parvient-il à maintenir les adeptes depuis tout ce temps et quels sont ses plans pour les jours à venir ? Nous allons tenter d’y répondre dans ce dossier, en revenant sur le début de l’épopée, des changements majeurs du jeu et tout ce qu’on peut attendre comme nouveautés.

Historique et première version

John Hanke, le fondateur de Niantic rêvait depuis longtemps d’un jeu interactif. Quelques années plus tard, il a l’idée de monter la start-up Niantic Labs au sein de Google. Deux ans après, en 2012, Ingress, un jeu en réalité augmentée voit le jour. Son pitch est simpliste mais efficace : les résistants (en bleu) et les éclairés (en vert) pensent chacun avoir la réponse au sujet d’une mystérieuse source d’énergie qui pourrait altérer à tout jamais le cours de l’humanité. Les deux équipes s’affrontent en prenant possession de Portals (portails) situés un peu partout dans les environnements réels des joueurs afin de conquérir le plus de territoires pour leur faction.

Quelques temps plus tard, Ingress rassemble des millions de personnes, les fait sortir, marcher, se rencontrer, créer de véritables interactions, à l’image de ce que le fraichement diplômé John Hanke aspirait en débutant dans l’univers du jeu vidéo. Ce premier succès lui permet de rencontrer un fan et grand joueur, Tsunekazu Ishira, le PDG de The Pokémon Company. L’histoire suit paisiblement son cours et en 2014, le jeu compte sept millions d’adeptes dans le monde. La même année, une idée lumineuse issue d’un poisson d’avril va faire prendre conscience de la mine d’or sur laquelle est assise Niantic. Pour leur plaisanterie, des membres de l’équipe ont réalisé une vidéo annonçant que des Pokémon se cachent un peu partout sur Google Maps.

Il n’a pas fallu pas longtemps pour que l’idée de marier Ingress et Pokémon GO fasse son chemin et que l’ambitieux projet débute. Entre temps, Niantic Labs se sépare de Google en août 2015 pour devenir Niantic Inc. Pour concevoir leur nouveau-né, les développeurs vont conserver les bases et techniques servant à Ingress et les remodifier, pour les adapter à l’univers fantastique imaginé par Satoshi Tajiri. En lieu et place des Portals virtuels se dresseront Pokéstops et Arènes.

Les défauts d’Ingress qui pénalisent Pokémon GO

Ne pas évoquer Ingress ne permettrait pas de comprendre le fonctionnement de Pokémon GO et comment le jeu a été mis en place, car ce dernier reprend de multiples bases de son prédécesseur. Notamment les cartes et points d’intérêt d’Ingress, favorisant les zones géographiques occupées par ses joueurs. Cela au détriment de nombreux « Pokéfans », pour qui la chasse a vite tourné court. Non pas par manque de motivation, mais pour des raisons toutes simples à savoir la rareté, quand ce n’est pas l’absence d’Arènes et de Pokéstops. Parce que oui, leur emplacement est calqué sur celui des Portals.

Comment ont-ils été désignés ? C’est simple, les développeurs ont sélectionné des lieux en fonction de leur intérêt architectural, artistique voire touristique. L’ensemble a par la suite pu être complété par des joueurs à travers un système de signalement avec des critères de validation à respecter. Conséquence : les centres d’intérêt se situent majoritairement dans les grandes villes. Une localisation qui a évidemment eu raison de la motivation de dresseurs ruraux, ne croisant que trop peu de Pokéstops pour faire le plein de Pokéballs et encore moins d’Arènes pour entraîner leurs compagnons fictifs. Pour avoir été récemment loin des pavés parisiens, j’ai pu constater non sans un pincement au cœur que la situation ne s’est pas grandement améliorée depuis dans ces zones.

Deux années après le mémorable poisson d’avril, Pokémon GO voit le jour en juillet 2016 et rencontre un triomphe planétaire. Dès sa sortie, il attire des millions de joueurs aux quatre coins de la planète. Dans les moments les plus intenses, il en comptabilise même des centaines de millions par jour. Le 13 juillet 2016, alors qu’il n’est pas encore sorti en France, l’application dépasse Twitter en nombre quotidien d’utilisateurs et fait de Pokémon GO, le jeu mobile le plus rapidement populaire et lucratif de l’histoire des jeux sur smartphones.

Si le phénomène international a semblé s’essouffler depuis l’été 2016, Niantic a tout prévu pour maintenir les joueurs en émoi. En 2017, malgré la baisse des téléchargements du jeu dans plusieurs pays, l’application séduit toujours des millions de passionnés dans le monde. La société a même annoncé qu’en avril elle en comptait 65 millions par mois.

[nextpage title=”Les évolutions et l’après”]

Avec toutes les mises à jour qui se sont succédé depuis le lancement de Pokémon GO, on oublierait presque à quoi ressemblait la première version. Souvenez-vous, au commencement, tout était calme, tout était bien. Les dresseurs montaient progressivement les niveaux en capturant des gentils Pokémon et gagnaient de l’expérience en affrontant gardant les arènes. Puis certains dresseurs ont (très, trop) vite gravi les échelons et ont monopolisé les lieux à coup de Dracolosse, Ronflex et autres espèces difficiles à vaincre. En plus des mauvais jours qui arrivaient, les arènes sont ainsi devenues imprenables et il a fallu attendre octobre 2016 pour que les règles évoluent (enfin) en faveur des dresseurs moins expérimentés.

Winter si coming, même pour Pokémon

Cela aurait pu s’arrêter là et le jeu aurait pu renouer avec la route fulgurante du succès. Mais l’hiver est arrivé et avec lui, sortir son téléphone et jouer avec les doigts pétrifiés, le tout en restant de longs moments dans le froid sans bouger, a freiné bon nombres d’aficionados. Niantic a alors tenté à coup de nouveautés alléchantes de remotiver tant bien que mal ses troupes. Malgré tous les bonus quotidiens, événements spéciaux pour les fêtes, arrivée de nouveaux Pokémon et ajout de nouvelles arènes, aucun de ces éléments n’arriveront à raviver la frénésie de l’été passé. Dans les moments les plus calmes, le jeu de réalité augmentée peine à rassembler près de 5 millions d’utilisateurs quotidiens, loin des 45 millions après sa sortie. Mais les irréductibles dresseurs de l’hiver se serreront les coudes jusqu’aux beaux jours pour être ensuite rejoints par d’autres, alléchés par les mises à jour apportées par Niantic.

Quand le jeu va plus loin

Détail aussi surprenant qu’inattendu, Pokémon GO a donné au grand public une vision différente des jeux vidéo. Il aide les joueurs à accroitre leur activité physique pendant la journée en les incitant à se déplacer, comme le prouve une étude sur le sujet (lien). Certains confieront avoir perdu plusieurs kilos grâce au jeu, d’ailleurs pour comprendre l’étendue de ce qui a été parcouru par les dresseurs, Niantic a annoncé qu’au 11 mai de cette année, la totalité de la distance parcourue s’élevait à plus de 15,8 milliards de kilomètres.

S’il sait motiver ceux qui ont davantage besoin d’activité, il permet également de voir sous un autre angle les monuments, détails architecturaux et œuvres d’art qui nous entourent grâce aux photos et descriptions accompagnant les Pokéstops et Arènes. Sans parler de son aspect social, permettant aux joueurs de se rencontrer et de profiter ensemble de leur expérience à travers les groupes créés sur les réseaux sociaux et via d’autres sites.

Make Pokémon great again

Les non-initiés ont pu croire Pokémon GO éteint et prêt à être enterrer, Niantic continue de donner la becquée à son protégé pour le faire évoluer et continuer à attirer. En dépit de l’événement manqué le 22 juillet dernier à Chicago, à l’occasion de l’anniversaire du jeu et servant à lancer les dernières nouveautés, la société a réussi à rassembler des milliers fans. Et le lendemain, le reste du monde pouvait à son tour expérimenter les raids et tenter de vaincre puis d’attraper les Pokémon légendaires, à mesure qu’ils étaient lâchés sur la plate-forme.

Les attroupements spectaculaires de joueurs cavalant par dizaines dans des parcs après un Ptéra ou un Léviator se sont estompés. Pourtant quand on ouvre bien l’œil, il est toujours possible de croiser encore aujourd’hui des groupes qui se meuvent sans vive allure. Car maintenant ils ont le temps de se rendre d’un raid à l’autre pour attraper les Pokémon légendaires ou non grâce au décompte. Autre point qui explique la diminution des hordes effervescentes de l’été dernier ? Les spécimens rares se trouvent sur des arènes et sont indiqués sur le radar, afin que les collectionneurs puissent plus facilement les trouver.

La combinaison de toutes ces nouvelles modalités a su raviver l’intérêt pour le jeu et a permis à Niantic de bien revenir sur le devant de la scène. Pokémon GO compte encore près de 5 millions de d’utilisateurs actifs par jour. Beaucoup de développeurs de jeux mobiles se contenteraient de 10 fois moins.

Pour séduire toujours et encore les dresseurs, Niantic a prévu d’autres événements un peu partout dans le monde dans le but de faire durer l’histoire d’amour. Après l’apparition de Pokémon rares comme Zarbi et celle tant attendue de Mewtow lors de l’événement Pokémon GO Stadium de Yokohama au Japon, la société espère rester sur sa lancée grâce aux événements Safari Zone prévus prochainement en Europe.

En plus de la fréquentation massive que le jeu parvient à mobiliser, il permet à ses créateurs de générer des sommes considérables grâce aux achats directs dans l’application. Ce qui nous amène à un point de comparaison intéressant, puisque d’après l’étude de Sensor Tower, c’est au Japon que les joueurs dépensent le plus en moyenne, loin devant les États-Unis, pays qui pourtant rapporte le plus à Pokémon GO. Pour compléter le podium le Canada a la médaille de bronze, quant à la France, elle se classe à la dixième position derrière la Corée du Sud. En 2016, les joueurs américains auraient atteint les 424 millions de dollars d’achat in-app et de récentes données indiquent que le jeu a dépassé la barre des 1,2 milliards de dollars de revenus au niveau mondial, avec près de 750 millions de téléchargements depuis son lancement.

Les prochaines étapes ?

Les importantes mises à jour récentes rapprochent Pokémon GO des jeux originels sortis sur GameBoy. Reste encore à savoir si Niantic va un jour mettre en place les échanges de Pokémon entre dresseurs, ainsi qu’un mode d’affrontement direct, à l’image de ceux existants depuis les premières éditions. Ces options de jeu sont d’ailleurs bien plus attendues et mobiliseraient davantage de joueurs que l’arrivée des prochaines générations de Pokémon. Quand bien même les deux premiers vœux ne seraient pas exaucés, les développeurs possèdent suffisamment de marge de manœuvre pour prolonger l’évolution du jeu et de ses modes de combats. Quitte à un jour inaugurer des tournois entre dresseurs, à l’image de ceux qu’on pouvait suivre dans la série télévisée.

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